Dans le but de préserver la santé humaine et de protéger l’environnement, le gouvernement a, par un décret, interdit l’importation, la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des sachets et d’autres emballages en plastique depuis le 8 août 2018. Un délai de grâce de 18 mois a été accordé pour écouler les stocks et les commandes passées. Malgré cette mesure, le marché est toujours inondé par ces sachets
Deux semaines après la fin de la période de grâce, la situation sur terrain reste similaire. Des pharmacies et des boutiques en passant par les boulangeries, l’usage des sacs plastiques est encore légion. Les propriétaires disent qu’ils ne trouvent pas encore de produits de substitution de ces sachets sur le marché. « Quand on va au marché, on ne trouve que ces sachets comme emballage. On n’a pas de choix », indique Eric, tenancier d’une boutique au quartier Rohero. Même constat dans une boulangerie du quartier Bwiza. Aucun sac biodégradable, les clients sont servis dans les sachets habituels. A la question de savoir s’ils ont d’autres possibilités que l’utilisation des sacs plastiques, une seule réponse lui vient aux lèvres : « Nous ne voyons pas où nous pouvons trouver les papiers emballages. En plus d’être chers, ils sont introuvables », assène Pauline Mizero, boulangère à Bwiza.
Malgré la fin de la période de grâce, les sachets plastiques non biodégradables se trouvent encore sur le marché
Au marché de Ngagara II communément appelé « Cotebu », les sachets plastiques sont toujours sur les étagères. Les commerçants qui se sont confiés à la rédaction du journal Burundi Eco apprécient la mesure d’interdire l’utilisation des emballages en plastique dans le souci de protéger l’environnement. Néanmoins, certains d’entre eux déplorent que les produits de substitution ne soient pas disponibles directement sur le marché. Pour eux, la vulgarisation des emballages biodégradables devrait précéder cette décision.
Trouver les produits de substitution des sacs plastiques, difficile et coûteux
Les sacs biodégradables ne sont pas faciles à trouver sur le marché local. Certaines entreprises ont opté pour les commandes à l’étranger. A la boulangerie-pâtisserie « Café Gourmand », presque tous les emballages sont biodégradables. Avant même que cette mesure soit prise, cette entreprise était déjà dans le processus de ne plus utiliser les sacs plastiques « Depuis 2013, on a commencé à utiliser les sacs biodégradables et petit à petit on a dû retirer les sacs plastiques de nos emballages. On passe des commandes avec des concepteurs à l’étranger, mais cela coûte très cher », indique Sandrine Ntareme, gérante au Café Gourmand. Malgré cette avancée, Il y a encore quelques produits que l’entreprise n’arrive pas à avoir les gobelets bio. « En attendant, on a mis en place un système de collecte en demandant aux clients de ramener les gobelets et nous pouvons les envoyer à l’étranger pour recyclage », ajoute-t-elle.
La taxe sur les importations, une épine dans le pied des importateurs de sacs biodégradables
Puisque la taxe sur les importations n’a pas encore été revu à la baisse, cela constitue un grand obstacle pour les entreprises qui utilisent les emballages non biodégradables. « Puisqu’on avait déjà commencé à éliminer les sacs plastiques, cela devient pour nous comme une routine, mais pour ceux qui ne se sont pas encore lancé dans la droite ligne de la mesure du gouvernement, c’est encore plus difficile et surtout très cher », précise- Mme Ntareme. Même ailleurs, les emballages biodégradables ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Il faut que le ministère habilité puisse pencher sur l’exonération des produits de substitution.
Les commerçants et les consommateurs convergent sur un point : la disponibilité des produits de substitution des emballages en plastique pour que la mesure soit effective. A cet effet, ils demandent l’intervention des institutions habilitées pour juguler ce phénomène.