Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé.
Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
Cependant, cette exigence est difficile à concrétiser. Même au plus haut sommet de l’Etat, on reconnait que la digitalisation est un levier incontournable pour instaurer la transparence. Malheureusement, la mise en œuvre de cette transformation numérique souffre d’un manque de coordination et de lacunes législatives.
Mélance Maniragaba, rédacteur en chef adjoint.
Aujourd’hui, l’accès aux infrastructures numériques reste coûteux, entre autres, les ordinateurs, les smartphones et les équipements divers. Les vendeurs se plaignent de surtaxation, et la qualité de la connexion Internet demeure un obstacle majeur. Même les efforts déployés peuvent être compromis par la résistance de certains responsables qui se complaisent volontairement dans l’opacité pour conserver leur pouvoir.
Ces pratiques alimentent une culture de corruption où les citoyens doivent souvent faire la queue devant les bureaux pour demander un service… qu’ils n’obtiennent qu’en échange de pots-de-vin.
Pourtant, certains leaders engagés pour plus de transparence dans la gestion publique continuent à se battre pour instaurer une culture de redevabilité. Dans certains bureaux administratifs, des numéros sont affichés pour signaler les abus. Il reste à savoir si les dénonciations aboutissent réellement.
D’autre part, plusieurs ministères disposent de comptes Twitter pour diffuser leurs communications, mais les communiqués de presse restent rares. Les sites web institutionnels existants sont souvent incomplets et il est difficile d’y trouver des informations fiables, des rapports, ou des données statistiques. Des rumeurs évoquent même une volonté d’éviter les publications chiffrées pour ne pas susciter des critiques ou des interprétations « malveillantes ».
Et pourtant, la transparence reste un atout majeur, non seulement pour la gestion des affaires internes, mais aussi dans les relations avec les autres pays et les bailleurs internationaux. Même si elle dérange dans des contextes où le flou et l’opacité dominent, la transparence n’est pas une option : c’est une exigence vitale pour le développement du pays.