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Le Secteur d’assurance, prometteur une fois pleinement exploité

Les Burundais n’ont pas une culture de l’assurance. Pire encore, ils ont une mauvaise perception de l’assureur. Ce sentiment est renforcé par le fait que parfois, en cas de survenance d’un sinistre, les assureurs mettent trop de temps à indemniser les victimes. Une situation qui pourrait changer la donne une fois le secteur réorganisé et la population sensibilisée selon l’expert

Jean Paul Roux, expert en assurances : «Il faut que les sociétés d’assurance soient plus près de leurs clients ».

Le secteur d’assurance a l’un des  taux de pénétration  le plus faible du monde : 0,77% au Burundi  alors qu’il est de  3% en Afrique, 6,5% dans le monde. Pourtant, l’industrie de l’assurance au  Burundi   a  un certain potentiel de croissance. Le chiffre d’affaire était de 36,1 milliards de FBu en 2014, 46,4 milliards de FBu en 2018 avec un objectif  de doubler ce dernier d’ici 2023 et de le tripler d’ici fin 2027. Une ambition qui nécessite de fournir de gros efforts.

Quelques chiffres édifiants

Les frais de gestion en Non Vie sont passés de 11,7 milliards de FBu en 2014 à 13 milliards de FBu en 2018, soit une augmentation de 2,3 milliards de FBu  et les charges de sinistres de 6 à 10 milliards, nettes de réassurance. Quant au Chiffre  d’affaires en Non Vie, il est  passé de 25 milliards de FBu en 2014 à 29 milliards de FBu en 2018, soit une augmentation de 4 milliards de FBu en cinq ans.

Sur un total de 46,4 milliards de FBu de chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur des assurances en 2018, l’assurance Vie pèse seulement 17,3 milliards de FBu tandis que l’assurance Non Vie se taille la part du lion avec 29 milliards de FBu.

Quelques indicateurs en  2018 :

BRANCHES

PRIMES EMISES

TAUX DE PENETRATION

VARIATION 2017-2018

AUTO

12 593

27,70%

+ 629

INCENDIE, ACCIDENT RISQUES  DIVERS

5 689

12,5%

-93

MALADIE

5 650

12,5%

+ 1 512

TRANSPORT

4 506

9,9%

    +306

PREVOYANCE

3 842

8,5%

+1 178

EPARGNE MIXTE

13 205

29%

+ 1 1352

TOTAL

45 485

100%

+ 4890

Une réforme de la justice

Les assureurs trouvent que certaines dispositions légales et réglementaires sont préjudiciables pour le secteur des assurances dans l’état actuel des choses. A titre d’exemple, la loi accorde des compétences illimitées aux tribunaux de résidence (TR) pour connaître les cas d’accident de roulage. Or le juge du tribunal applique d’autres textes que le code des assurances pour calculer les dommages et intérêts (DI). Cela occasionne des condamnations disproportionnées à des DI exorbitants, alors que  le code de l’organisation et de la compétence judiciaire limite la compétence du juge du TR à des litiges qui ne dépassent  pas une valeur d’un million de FBu. Pour Jean Paul Roux, ex-directeur de Business Insurance and Reinsurance (BIC) et consultant international dans le domaine des assurances, il faut mettre en place une réforme de la justice, permettant de barémiser les indemnisations pour les victimes de préjudice corporel permettant de trancher les litiges en un temps raisonnable.

«Les gens s’assurent mal»

« Les gens s’assurent mal parce qu’ils s’assurent au minimum », explique  M Roux. Un exemple est celui du contrat automobile qui est une assurance obligatoire. Les gens s’assurent pour les tiers, mais non pour leurs propres dommages. Le rôle des sociétés d’assurance est de ramener les automobilistes à penser à leurs propres biens avant d’assurer ceux des autres. « Je pense que l’assurance est une cause à traiter avec tous les acteurs de la société qui ont des responsabilités dans la protection des biens et des personnes ». Le rôle de l’Etat se situe au niveau  éducatif, social et économique, dit-il. Il peut l’exercer par exemple en insérant dans les  programmes scolaires la notion d’assurance

Les compagnies d’assurance devraient prendre le devant

Pour M Roux, la responsabilisation des compagnies d’assurance est importante car, en tant que professionnelles de ce secteur,  elles disposent des conditions générales, des conditions particulières des contrats et des tarifs pour les faire connaître à leurs clients. Le consultant prodigue un simple conseil : «il faut que les sociétés d’assurance soient plus près de leurs clients, en envoyant sur le terrain des professionnelles des assurances et pas de simples commissionnaires». Il faut que les compagnies d’assurance réorganisent leur structure en partant d’un marketing stratégique. Développer une stratégie interne de marketing et surtout en décentralisant leur service, ajoute-t-il.

Un des gros défis de l’assureur est de faire en sorte qu’il soit plus proche des clients dans le processus tant  sur le plan de la souscription que sur le plan du  règlement des sinistres. Par exemple, dans le cadre d’un règlement d’un sinistre automobile, lors d’un accident même matériel, il faut établir un PV de la Police il faut que la police réponde…Pour le spécialiste, il faut développer  le constat amiable rédigés par les acteurs de l’accident lors qu’il s’agit de dégâts matériels, développer  de nouveaux produits pour les  secteurs non couverts aujourd’hui par l’assurance  comme la multirisques Habitation pour les Particuliers et les ménages, la multirisques professionnelle pour les travailleurs indépendants et la Multirisque Entreprise  pour les PME et grandes Entreprises . Afin de maintenir leur dynamique de croissance, les sociétés d’assurance devraient également penser  à la digitalisation pour se rapprocher davantage des clients.

Les Burundais n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire à la  culture de l’assurance, dit-on. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ajoute  M. Roux.  Il estime que  c’est  un  partenariat fort et dynamique Public- Privé, à savoir Ministère des Finances et Assureurs qui pourra  modifier la mentalité des burundais dans leur  culture des risques et dans la compréhension du bienfait de s’assurer contre les aléas de la Vie.

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