Le secteur de l’éducation du Burundi a fait face à de nombreux défis ces dernières années. Explosion des effectifs dans les salles de classe, insuffisance du matériel scolaire, une organisation structurelle du système éducatif qui a révélé ses failles,…sont quelques-uns des maux qui hantent ce secteur. Le gouvernement veut encore y ajouter des ingrédients
Les politiciens, les parents et les enseignants ont souvent pointé du doigt un système d’enseignement bourré de problèmes auxquels il faut chercher des solutions. Lors du Forum National sur le Développement organisé du 18 au 19 novembre 2021, le Président de la République a annoncé qu’il faut opérer des réformes dans ce secteur pour rendre l’enseignement plus professionnel.
Parmi les recommandations du conseil des ministres figure l’amélioration des conditions d’apprentissage dans certaines écoles.
Dans le conseil des ministres, du mercredi 2 mars 2022 le ministre de l’Education qui affirme œuvrer dans la marge du PND a dévoilé son projet de mettre en place une stratégie sectorielle de l’éducation nationale et de la recherche scientifique. «Cette Stratégie a été conçue pour répondre aux difficultés et aux défis relevés dans ce secteur tout en mettant un accent particulier sur les atouts du système éducatif burundais», lit-on dans le procès-verbal dudit conseil. Selon ce document adopté avec des recommandations par le gouvernement, cette stratégie sectorielle est basée sur un diagnostic du système de l’éducation burundais, en vue de pouvoir fixer les priorités de sa mise en œuvre.
Des points à prendre en considération
Le système éducatif burundais est accusé de ne pas être cohérent, d’évoluer dans des domaines séparés sans continuité. « Dans la conception des programmes de formation, il faut se rassurer de leur cohérence et de leur continuité au niveau de l’enseignement fondamental, post fondamental et de l’enseignement supérieur », peut-on lire dans le procès-verbal du conseil des ministres. Cet organe a également souligné la nécessité de se concentrer sur l’aspect matériel des écoles. Parmi ses recommandations, le conseil des ministres indique qu’un effort doit être fourni pour améliorer la situation de certaines écoles. L’équipement des écoles en bancs-pupitres, l’entretien et la réhabilitation des écoles ont attiré l’attention des participants.
Aussi, les enseignements dispensés se doivent de répondre aux besoins du moment. Si l’objectif du ministère est de développer l’enseignement technique et professionnel, le conseil des ministres recommande l’élaboration des programmes durables et stables. Les formations doivent également prioriser le volet pratique pour former des techniciens compétitifs sur le marché du travail.
Des réformes dans le système éducatif burundais
La volonté d’adapter l’éducation aux besoins du marché n’est pas nouveau au Burundi. D’ailleurs, le PND recommande de mettre l’éducation au service du développement. Le gouvernement a déjà procédé aux réformes du secteur de l’éducation en introduisant le système BMD et l’école fondamentale.
Les acteurs du secteur privé affirment également que le marché du travail burundais a besoin d’employés locaux plus rôdés dans la pratique des différents métiers. Pour ceux-ci, le Burundi a besoin d’une éducation scolaire basée sur la recherche et la pratique pour répondre notamment aux besoins du secteur industriel. Lors du salon industriel, édition 2021, Olivier Suguru, président de l’Association des Industriels du Burundi a regretté le manque de main d’œuvre qualifiée. Dans son allocution, cet homme d’affaire a appelé le gouvernement à mettre en place un centre de recherche et de développement dont le rôle serait de contribuer à trouver des réponses à la problématique adéquation formation-emploi.
Plusieurs observateurs affirment que l’éducation au Burundi aurait perdu sa saveur avec l’introduction de l’Ecole Fondamentale (Ecofo). Pour d’autres, la faible qualité de la main d’œuvre et l’insuffisance du matériel didactique empirent la situation.
Selon les conclusions du conseil des ministres, le coût de la mise en œuvre de la stratégie sectorielle de l’éducation nationale et de la recherche scientifique s’élèvera à 1.759,87 milliards FBu.