Le poids du secteur informel dans l’économie et l’emploi impose de l’inscrire parmi les priorités du pays en matière de développement. Ses nombreuses conséquences en termes de productivité, de compétitivité, d’environnement des affaires et de qualité des emplois offerts en font l’un des freins majeurs à la diversification de ces économies vers des activités plus productives dans les secteurs agricoles et industriels et à l’intégration dans les chaines de valeur régionales et internationales
La baisse sans cesse croissante du pouvoir des salariés exerçant dans le secteur formel incite les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel.
La divisibilité des produits, et leur demande évolutive en raison de la faiblesse de leur pouvoir d’achat est un facteur qui renforce le couple vendeur/acheteur. Cette relation au-delà de sa fonction économique, favorise une convivialité absente dans le secteur formel où les prix ne donnent pas lieu à des négociations.
L’adoption et la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel avec ses effets pervers (diminution des effectifs de la fonction publique, la privatisation des entreprises publiques …) ont contribué à la dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du nombre d’agents opérant dans le secteur informel.
Au Burundi, le secteur informel représente plus de 77% du PIB, mais sa part contributive dans les caisses de l’Etat reste faible voire marginale. Parmi les grands secteurs d’activités, 98,7% d’emplois sont de type informel.
Les types d’emplois selon les grands secteurs d’activités |
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Type d’emploi |
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Formel |
Informel |
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Secteur non agricole |
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UP formelle |
25.4 |
74.6 |
UP informelle |
1.9 |
98.1 |
Ménage |
0.2 |
99.8 |
Secteur agricole |
||
UP formelle |
6.1 |
93.9 |
UP informelle |
0.3 |
99.7 |
Ménage |
0.0 |
100.0 |
Ensemble |
||
UP formelle |
23.3 |
76.7 |
UP informelle |
0.5 |
99.5 |
Ménage |
0.1 |
99.9 |
1.3 |
98.7 |
Source : ECVMB (2013-2014)
Dans la création des emplois, le poids des unités de production informelles est de 93,8%
La fiscalité, un frein à la formalisation
Les acteurs de l’informel sont souvent accusés de baigner dans un paradis fiscal. Et le vrai problème est que le secteur informel est très intéressant. « Quand on y est, on ne veut plus en sortir puisse que l’informel paie cinq fois moins cher que le formel », relève le fiscaliste avec qui nous nous sommes entretenus. Puisqu’ils peuvent effectuer des importations, soumissionner dans les marchés publics, ils n’ont plus besoin de se formaliser, ajoute-t-il.
Un apport à l’assiette fiscale
La formalisation du secteur informel demeure une solution qui permettra l’élargissement de l’assiette fiscale. Le secteur informel mérite d’être formalisé afin que ses acteurs puissent respecter toutes les obligations qui incombent à tout professionnel. « La formalisation de ce secteur est indispensable pour un développement réel du pays » souligne un fiscaliste. Mais il prévient aussi que la formalisation ne vise pas à tuer la poule aux œufs d’or
Elle doit simplement permettre aux impôts d’avoir des données et des statistiques.
Une plus-value à la formalisation du secteur
« On ne peut pas mener une politique de développement d’un pays sans connaître exactement ses acteurs. La visibilité de ce secteur pourra permettre de mettre en place un vrai programme de développement économique, de prendre en compte l’importance de ce secteur dans le développement », indique D.P, un consultant fiscal indépendant. Pour lui, la formalisation du secteur informel sera l’occasion pour ses acteurs de bénéficier d’une protection sociale. Egalement, la formalisation va créer de l’emploi et les employés seront également sécurisés avec le paiement d’un impôt spécifique », a-t-il poursuivi.
Les gains de la formalisation du secteur informel sont énormes. Le manque de civisme fiscal serait aussi une des raisons qui pourrait rendre la tâche difficile. La politique fiscale devrait s’atteler à prendre en considération ce pari.