Le secteur informel défie toujours les règlementations. L’informel occupe une place très considérable surtout dans les pays sous-développés. Difficilement définissable, il s’avère nécessaire de le différencier du formel pour en comprendre les manifestations. Pour en savoir les conséquences, il est important d’en relever le poids au sein des économies qui doivent sans conditions participer au jeu concurrentiel mondial
Le secteur informel reste une réalité dans l’économie des pays sous-développés. Celui-ci pouvant être défini différemment selon le contexte et l’auteur. L’ISTEEBU choisit de le définir par opposition au secteur formel. Selon cette institution, le secteur informel rassemble toutes les activités économiques de production et/ou de vente qui ne sont pas officielles. Pour tenter une définition plus globalisante, on peut définir le secteur informel comme un ensemble d’activités économiques exercées en marge des légalisations pénales, sociales et fiscales ou qui simplement échappent à la comptabilité nationale.
Ces opérations économiques de l’ombre gênent la croissance endogène et ralentissent l’économie des Etats
L’enregistrement dans les registres administratifs, la comptabilité bien tenue, les impôts payés, la déclaration des salariés auprès des services de l’Etat sont des critères pouvant servir d’instruments au classement des activités selon qu’elles sont du secteur formel ou informel. On comprend donc que les activités du secteur informel sont difficiles à comptabiliser. Difficilement quantifiable, cette économie parallèle occupe pourtant une place de choix dans les pays pauvres. L’informel échappe aux normes standards du commerce et intègre difficilement les chaines de valeurs internationales.
Quand l’informel domine l’économie des nations
Au Burundi, le secteur informel occupe une place de choix dans l’économie nationale. Une enquête nationale sur les conditions de vie des ménages (ECVM-2014) a été menée dans le souci d’avoir une image claire de la place du secteur informel dans l’économie nationale. Cette étude a permis d’évaluer de manière assez claire l’impact du secteur informel sur la vie des Burundais.
A l’instar de cette enquête réalisée en 2014, on remarque une propension croissante à la création des unités de production informelle(UPI) depuis 2008. Tout de même, le nombre de personnes exerçant dans le secteur informel a connu une forte progression de 2007 à 2013 d’après le document. Les statistiques de l’enquête montrent en effet que le nombre des UPI est passé de 15000 en 2008 à plus de 45000 six ans plus tard. Suivant les branches d’activités recensées au cours de cette opération, on constate que le secteur informel affiche des chiffres de loin supérieurs à ceux d’autres secteurs.
Selon une enquête menée par la Banque de la République du Burundi en collaboration avec l’ISTEEBU, le commerce informel transfrontalier a enregistré à lui seul un flux des échanges dépassant 92 milliards de FBu l’an dernier. Les importations informelles sont au-delà de 27 milliards de FBu tandis que les exportations de ce genre dépassent 65 milliards de FBu. Ce qui représente respectivement -8,6% des exportations et -4,6% des importations à l’échelle nationale.
Dans un contexte plus étendu, l’économie africaine est sous le poids de l’informel dans l’ensemble. Dans son récent rapport, l’OIT fait le point sur le poids de l’emploi informel sur l’ensemble du continent africain en 2018. « Le phénomène reste encore omniprésent partout sur le continent », note le rapport. Selon l’Organisation Internationale du Travail, le secteur informel persiste, plus particulièrement sur le continent africain. Ainsi, selon la même source, plus de 76% des emplois n’obéissent à aucune forme de législation nationale et échappent au contrôle des Etats. Dans certains pays, le phénomène couvre plus de 90% de l’emploi global, tous secteurs confondus.
L’informel vu en amont et en aval
Le secteur informel ne fait pas l’unanimité des opinions et divise les analystes. Il se présente comme un formidable amortisseur de choc dans les pays pauvres. En effet, l’informel adoucit les conditions de la création des emplois et apparait, pour une certaine opinion, comme l’un des outils de lutte contre la pauvreté. Ce phénomène, ne se soumettant à aucune règlementation ou du moins partiellement, booste l’action des nouveaux entrepreneurs dans un monde à économie rampante.
Cependant, la taille de l’informel dans une économie est un indicateur de sous-développement. Ce phénomène combattu par les institutions financières dans le monde qui respecte les règles du formel bloque toute perspective de croissance endogène, pilier d’un vrai développement économique. Il prive les caisses de l’Etat de ressources financières importantes. Ces opérations économiques de l’ombre ne font objet d’aucune imposition sur le revenu ou protection sociale et ralentissent l’économie des Etats.