Le non accès au digital et le manque de connaissances sont entre autres les barrières à la facilité des affaires pour les entrepreneurs burundais. Toutefois, sous d’autres cieux, le digital apporte plusieurs solutions innovantes qui ont révolutionné les pratiques commerciales. Le point sur les contraintes auxquelles font face les entrepreneurs et les solutions adéquates proposées
Ce lundi 16 novembre 2020, lors de l’ouverture officielle de la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat, un débat a été organisé autour du thème : « les défis de l’entrepreneuriat digital et les solutions disponibles au Burundi ». Ce débat a réuni tous les intervenants dans ce secteur qui ont déjà réussi en faisant recours aux solutions innovantes dans le domaine du digital. Cela pour que d’autres jeunes puissent s’inspirer de ces cas qui ont réussi pour montrer qu’on peut aller au-delà des barrières qui existent, innover et donner la possibilité à beaucoup de Burundais à faire des affaires.
Il faut des sensibilisations à la culture numérique
Pierre Claver Nduwumwami, président du comité exécutif du BBIN qui a organisé cette semaine fait savoir que la plupart des jeunes issus d’un système éducatif inadapté n’ont pas les compétences techniques ou managériales. « Il faut d’abord qu’il y ait les compétences ». En plus, ces jeunes ne connaissent pas le marché financier, car le service financier n’est pas adapté aux besoins des jeunes et ils n’ont pas accès au financement. En guise de solutions, le BBIN organise des formations pour bâtir les compétences pour montrer comment vendre et accéder aux produits financiers. « Nous nous rendons compte que le digital est un secteur qui peut aider à relever certaines contraintes ». Et d’ajouter que les objectifs de cette semaine sont la sensibilisation au digital des entrepreneurs émergents ensuite l’émergence, la visibilité, l’opportunité liés au digital et la promotion des initiatives déjà existantes liées au digital ainsi que la connexion de l’offre, c’est-à-dire les solutions liées au digital.
Pas-plus Ntahombaye, Secrétaire Exécutif des Technologies de l’Information et de la Communication (SETIC) qui est chargé d’élaborer tous les projets en TIC du gouvernement et des parties privées qui le veulent indique que la culture numérique constitue la seule contrainte, car elle n’est pas présente au Burundi. Selon lui, les solutions existent, mais la population ne les connait pas. «On crée des solutions, mais on ne les communique qu’à ceux qui sont concernés. La seule solution serait que les gens soient sensibilisés en faisant connaître les solutions liées au digital afin que les gens soient cultivés dans les secteurs des TIC et du digital. On a le digital, mais on est dans le flou. On ne sait pas comment l’exploiter et faire comprendre à d’autres personnes que le digital est la solution ». Selon Ntahombaye, on peut utiliser le digital pour informer si par exemple tous les intervenants dans ce secteur pouvaient se mettre ensemble pour créer une plateforme sur laquelle on peut trouver toutes les informations nécessaires
Le digital permet une connexion des services
Quant à Yannick Chokola, représentant d’Auxfin, une entreprise spécialisée dans l’inclusion financière qui a pour objectif de communiquer les ressources et les services aux paysans dans le milieu rural comme dans le centre-ville, il fait savoir que cette dernière utilise une plateforme qui permet de communiquer avec les secteurs financier et agricole et d’amener ces services presqu’inexistants vers la communauté rurale. Auxfin joue un rôle de connexion. « Les jeunes entrepreneurs ont un problème d’accès à l’information et c’est là où Auxfin essaie d’intervenir le plus possible. Il y a ceux qui fournissent les services qui ont aussi besoin des informations et ceux qui veulent les services qui ont également besoin d’informations ». Selon lui, des bonnes informations de qualité poussent les personnes à prendre de bonnes décisions car, explique-t-il, on peut avoir de belles idées et développer les projets mais si on n’a pas de bonnes informations, on peut tomber dans l’échec. Un autre problème avec les entrepreneurs c’est qu’ils n’ont pas accès aux réseaux.
Signalons que du 16 au 21 novembre 2020, le BBIN organise la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat sous le thème : «L’entrepreneuriat et le digital à l’heure de la covid-19». Au cours de cette semaine, il y aura plusieurs activités comme des conférences débats, des présentations entre les entrepreneurs qui y participent et les développeurs d’initiatives digitales locales, des sessions YECO (Youth Engagement Co-creation) et WITECH Corner (Women In Technology), une foire virtuelle qui débutera le 17 et prendra fin le 21 novembre 2020 et une finale de la compétition des Plans d’Affaires « Shika Award 2020 ». Cette compétition sur la rédaction des plans d’affaires constitue un des instruments auxquels on recourt pour développer les meilleures idées d’entreprises dans un processus qui, à terme, vise à multiplier le nombre d’entreprises prospères capables de créer des emplois supplémentaires au Burundi.
Le SFCG pour la promotion des jeunes entrepreneurs à Gitega
A l’occasion de cette semaine dédiée à l’entrepreneuriat, l’ONG Search for Common Ground (SFCG) en partenariat avec l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID, à travers le projet « Tuyage », a organisé à Gitega une exposition-vente des produits innovants des jeunes entrepreneurs ayant des initiatives entrepreneuriales innovantes. Organisée sous le thème : « L’innovation des jeunes et femmes Burundais au service du développement et de la cohésion sociale », cette exposition-vente se déroule au terrain de basket du centre-ville de Gitega du 18 au 20 novembre 2020. 36 jeunes entrepreneurs ont participé à cet exposition-vente et ont représenté différentes provinces. Chacun a présenté ses propres œuvres.
Selon Jérôme Niyonzima qui a représenté l’ONG Search for Common Ground « Si tu veux aller vite, vas-y seul, si tu veux aller loin, vas-y avec les autres ». Selon lui, c’est dans cette optique qu’ils ont organisé cette exposition-vente des produits innovants des jeunes entrepreneurs et on n’était pas habitué à l’organisation de ce genre d’évènements dans les années antérieures. « C’est pourquoi les jeunes entrepreneurs qui ont répondu présents à cet événement sont venus de toutes les provinces du pays ».
« Que les uns servent de leçon aux autres »
Procédant au lancement officiel, Innocent Nkurunziza, conseiller du gouverneur de la province de Gitega a indiqué que cet événement est une belle occasion pour les jeunes de viser loin et de se rendre compte que les autres jeunes se sont déjà lancés dans l’élaboration des projets de développement. «Que cela leur serve de leçon et qu’ils leur emboîtent le pas en s’inspirant de ces jeunes qui ont déjà fait un pas dans la création de leur propre emploi et la cohabitation pacifique».
Un dialogue intitulé «Tuyage-Tunoganze» a été organisé par cette même organisation dans le cadre des activités organisées lors de la célébration de la journée dédiée à l’entrepreneuriat. Selon les jeunes qui ont participé à cette activité l’essentiel pour commencer à entreprendre ce n’est pas les diplômes, mais ce sont les connaissances. Daniel Willy Ngarambe, chef de l’entreprise «Ukoondi.com», un des invités dans ce dialogue nous donne un exemple. « Les gens qui font entrer beaucoup d’argent dans les provinces ce sont des chauffeurs œuvrant dans le transport en commun ou des particuliers car, explique-t-il, il n’y a pas de provinces ou d’entreprises qui ne possèdent pas de chauffeurs. Ils sont sollicités malgré le fait qu’il n’y a pas d’école qui décerne des diplômes de chauffeur. Selon lui, les jeunes entrepreneurs confondent le crédit et le capital. « Si on demande un crédit, on doit le rembourser à tout prix, que ton affaire soit prospère ou qu’il tombe en faillite alors que si tu as besoin d’un capital, tu cherches quelqu’un qui peut t’avancer la somme et vous allez partager le bénéfice ». Que les jeunes entrepreneurs arrêtent de demander des crédits mais commencent à collaborer avec les actionnaires et, après cela, qu’ils soient fidèles à leurs engagements. Ainsi, ils verront à quel point ils vont gagner ».
Signalons que l’ONG Search For Common Ground (SFCG) est une organisation internationale dont la mission est de transformer la façon dont le monde traite les conflits, des approches contradictoires vers des solutions coopératives.