Le gouvernement burundais a récemment suspendu les activités des sociétés minières. Pour cause, l’Etat ne profite pas des ressources minières. Les industries extractives exploitent le sous-sol burundais, mais le pays ne bénéficie pas d’une juste part des revenus générés par l’exploitation des minerais. Pour le ministre de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines Ibrahim Uwizeye, pas question ! L’Etat doit renégocier toutes les conventions minières pour protéger les intérêts du pays. Et les investisseurs pourront gagner au même titre que l’Etat dans le cadre de partenariat gagnant-gagnant. A l’ère de la révolution technologique, les minerais stratégiques dont les terres rares attirent toute convoitise. Les cours de ces minerais sont en hausse constante. Ce qui laisse penser que la révision des conventions minières serait motivée par le comportement des acteurs sur le marché international. Toutefois, le gouvernement Burundais nie toute volonté de substituer les anciens exploitants des sites miniers par des multinationales. Le ministre Uwizeye donne des garanties. « Nous sommes plutôt favorables à des négociations avec les sociétés minières quitte à trouver un compromis. Si jamais les deux parties sont satisfaites, il n’y aura pas d’obstacles. Les activités pourront reprendre dans un proche avenir… ».
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Depuis 2017, le pays s’est lancé dans la production industrielle des minerais. Des dizaines d’accords ont été signés avec des sociétés qui souhaitent travailler dans ce secteur. Ce sont notamment Rainbow International Resources Limited, basée au Royaume-Uni, African Mining Limited, Tanganyika Gold Mining, Ntega Holding s.a et bien d’autres. L’exploitation des terres rares a été confiée à la société Rainbow Mining Burundi sur une période de 25 ans. Sur les prévisions, la société devrait exporter 5 000 tonnes de concentrés de terres rares par an, mais ce cap n’a jamais été franchi. L’Etat y détient 10% des actions en tant que propriétaire du sous-sol. De plus, la convention autorise les opérateurs économiques burundais à y placer des capitaux jusqu’à 39%.
La suspension des activités minières ne surprend personne. Ces derniers mois, les membres du gouvernement avaient multiplié des descentes sur les sites miniers. Ils reprochaient aux exploitants de ne pas honorer leurs engagements. En cas de rupture des contrats, la situation risque de porter un coup dur à l’économie nationale. Le pays tire entre 60 et 70 millions USD de l’exploitation minière chaque année. Si les sociétés minières déchues portent plainte devant les tribunaux, le gouvernement pourrait être amené à payer des pénalités pour dédommager la partie lésée.
Le code minier promulgué en 2013 définit les conditions dans lesquelles les titres miniers peuvent être révoqués. En cas de retard injustifié dans le démarrage ou le déroulement des opérations ou des travaux incombant au titulaire au regard des délais résultant du présent Code ou fixés dans la convention minière l’Etat peut résilier le contrat. De plus, si la société extractive viole les clauses du contrat ou refuse de donner des renseignements techniques telles que définies dans les conventions minières le titre minier est révoqué.
Le cas du Burundi n’est pas un cas isolé. Les pays de l’Afrique subsaharienne essaient de renégocier avec les multinationales. Cependant, les pouvoirs publics ne sont pas suffisamment outillés pour contrecarrer la percée des sociétés minières. La Zambie, septième producteur mondial de cuivre, s’est efforcée de modifier les contrats miniers. Face à la menace des poursuites judiciaires engagées par les investisseurs étrangers contre l’Etat zambien en cas de violation des accords, le gouvernement zambien s’est prononcé contre une révision des contrats malgré les grognes des Zambiens.