L’interopérabilité des établissements financiers profitent aux clients des banques interconnectées qui bénéficient des services dans n’importe quelle banque qui est dans ce système. Actuellement, cette innovation est opérationnelle dans quatre banques pilotes et d’autres s’y ajouteront au fur du temps
Désormais, tout client détenteur de la carte bancaire peut retirer de l’argent, demander un solde sur les distributeurs automatiques des billets ou faire toute autre opération dans une banque autre que la sienne. Cela a été dit vendredi le 21 mai 2021 au cours de l’inauguration du switch monétique national par la société Bi-Switch à Bujumbura. Cette société est chargée de mettre en place l’interopérabilité d’un système de paiement monétique qui, actuellement, compte quatre banques pilotes interopérables à savoir BANCOBU, CRDB, Ecobank et Interbank Burundi.
« Notre tâche est d’interconnecter les systèmes monétiques des banques et d’assurer qu’il y ait possibilité de transférer de l’argent d’une banque à une autre moyennant une carte bancaire. Cette interconnexion des systèmes via un réseau de banques permet à un client d’une banque de bénéficier pas mal de services d’une banque tierse », explique Joseph Ndayishimiye, chef de service informatique monétique au sein de Bi-Switch.
Ce ne sont pas que les banques qui gardent le monopole de cette interopérabilité, même les institutions de microfinance ont une ferme volonté de leur emboîter le pas. Selon Marie Louise Nsabiyumva qui a représenté les institutions de microfinance, ces dernières sont dans les préparatifs estimés à 80 % pour intégrer le switch monétique national. Et la date limite d’intégration est fixée au 31 août 2021. Les institutions de microfinance les plus performantes en la matière sont notamment la CECM, la CECADEM et la FENACOBU. Même si pas mal d’institutions de microfinance ne disposent pas de guichets automatiques au même titre que les banques, Mme Nsabiyumva précise que la technologie des Terminaux de Paiement Electroniques (TPE) que leurs agents utilisent est là comme une alternative.
Un client d’une des institutions financières interconnectées peut retirer de l’argent sur un distributeur automatique de billets de n’importe quelle autre banque membre.
Le rôle de la BRB dans tout cela
« La Banque de la République du Burundi (BRB) se réjouit du pas franchi dans le projet de mise en place du switch monétique national, mais également des autres avancées considérables enregistrées depuis la création de Bi-Switch en 2018 », fait savoir Prime Ngendanganya qui a représenté la Banque centrale. Pour y arriver, selon toujours M. Ngendanganya, le gouvernement du Burundi, à travers le ministère en charge des finances, a négocié et a obtenu de la Banque Mondiale le financement pour mettre en place le système de paiement en général et le switch monétique national en particulier. En conséquence, la communauté bancaire burundaise en général et les banques pilotes en particulier, se sont investis dans ce projet visant la promotion du mode de paiement électronique en assurant notamment l’opérationnalisation effective du système et l’interopérabilité de la compensation, de la sécurité des transactions ou des paiements électroniques au Burundi.
M. Ngendanganya souligne également que le switch monétique national s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet de réformes initiées et pilotées par la BRB visant la modernisation des systèmes de paiement au Burundi. Le premier volet de ces réformes s’est traduit par la mise en production opérationnelle depuis 2017 d’un système de Règlement brut en temps réel (RTGS) pour les paiements de gros montants et d’un système de compensation multilatéral automatisé (ACH) qui sont déjà en exploitation opérationnelle à la BRB et au sein des banques commerciales et à la Régie Nationale des Postes. Le second volet concerne la mise en place d’une structure pour assurer l’interbancarité et l’interopérabilité des systèmes monétiques des banques et autres établissements émetteurs de monnaie électronique. Le troisième volet consiste à mettre en place un cadre légal et règlementaire adéquat pour la couverture et la protection juridique des systèmes et moyens de paiement ainsi mis en place.
Le souhait de la BRB est que les autres banques, mais aussi les autres acteurs financiers, en l’occurrence les fournisseurs des services de paiement électroniques et les établissements de microfinance rejoignent rapidement les banques pilotes en vue de faciliter au maximum l’accès aux services de paiement électroniques de qualité à tous les Burundais à travers le switch monétique national. L’intégration et l’implication résolue de tous les acteurs financiers contribueront sans aucun doute et d’une manière significative à l’accroissement du taux d’inclusion financière au Burundi.
Les clients s’en réjouissent, mais doutent de l’efficacité de cette technologie
Le prénommé Jonas rencontré à l’agence de la CRDB sise au marché Bujumbura City Market (chez Sion) est satisfait du fait que les banques sont en train de mettre en place le système de l’interopérabilité bancaire. Pour ce faire, un client n’a qu’à fréquenter une banque la plus proche pour retirer ou transférer de l’argent via une carte bancaire.
Jean Claude Niyonzima rencontré juste à côté, sur l’agence de la KCB doute de l’efficacité de cette technologie. Pour lui, les pannes des guichets automatiques et la faible connexion souvent constatés sont les défis majeurs à relever pour que cette nouvelle technologie excelle davantage.