Les terres tanzaniennes font vivre des Burundais habitant non loin de la frontière, dans la province de Cankuzo. Les femmes sont nombreuses à s’y rendre. Certaines, pour cultiver et nourrir leurs familles, d’autres pour cultiver et faire le commerce de ce qu’elles ont récolté. A la rencontre de quelques-unes d’elles
Pour subvenir à leurs besoins familiaux, des Burundais surtout les femmes de la commune Gisagara, province Cankuzo partent en Tanzanie pour y exploiter des terres. Elles y cultivent le manioc, le maïs, les arachides, etc. Ces femmes affirment que leurs familles vivent grâce aux revenus générés par l’exploitation des terres tanzaniennes.
Emelyne Irakoze, une trentenaire habite la colline Mburi (frontière avec la Tanzanie), relevant de la commune Gisagara. Elle est mariée et mère de 4 enfants. Cette femme a commencé à aller cultiver en Tanzanie il y a de cela 10 ans. «Mon mari n’a pas de terres cultivables en suffisance, on n’a pas d’autres choix que d’aller cultiver en Tanzanie». Elle se rend quotidiennement à Nyaruge démembrement de la colline Nyakayenzi. Elle précise qu’elle fait à peu près 4 heures de marche à pied pour y arriver. « Nous quittons Mburi à 5 heures du matin pour y arriver à 8 heures ».
Pour un terrain qu’elle loue à 70 mille FBu, Rachel peut encaisser trois millions de FBu si le climat a été favorable.
Des forêts très fertiles
Mme Irakoze fait savoir qu’elle cultive dans des forêts qui sont tout de même loin des habitations. « Ce sont des forêts qui sont très fertiles. On n’a pas besoin de fumier ou d’engrais chimique pour les rendre plus fertiles». Elle loue un « heka » (hectare) à 100 shillings tanzaniens, environ 140 mille francs burundais. « On cultive le maïs, les arachides ou le manioc pour une année. Après cette année, on doit encore louer le terrain ».
Cette femme explique que sa famille vit grâce à ce business. On doit aller cultiver en Tanzanie pour vivre. Selon elle, le transport des récoltes se fait par la tête. Et de préciser que toute sa récolte aide à nourrir la famille.
Elles font du business
Rachel, mère de 9 enfants habite la colline Murore, zone et commune Gisagara. C’est un peu plus loin de la frontière tanzanienne. Celle-ci doit dépensait 9 mille FBu de transport et faire un trajet de 3 heures à pied pour arriver là où elle pratique ses travaux champêtres. Elle exploite de vastes étendus afin de mieux faire le commerce de ses récoltes. Elle cultive le maïs, le haricot, les arachides, le manioc, etc. Pour bien réaliser ses activités, elle fait recours aux travailleurs saisonniers qu’elle embauche. La plupart sont des Burundais. Ceux-ci y passent des mois et des mois et tirent également profit de ce travail. Les récoltes de ses champs de la Tanzanie servent non seulement à nourrir sa famille, mais aussi à faire du commerce.
Elle révèle que ce travail est rentable. « Par exemple, si je sème 3 seaux d’arachides, je peux avoir 500 kg après la récolte ». Pour un terrain qu’elle loue à 50 mille shillings (70 mille FBu), Rachel peut encaisser trois millions de FBu si le climat a été favorable.
Ce business lui a permis d’assurer la scolarité de ses neufs enfants qui, actuellement, habitent et étudient dans la capitale économique Bujumbura. Une partie de la récolte est vendue en Tanzanie et une autre est rapatrié pour couvrir les besoins familiaux.
Travailleuse saisonnière à plus de 50 ans
Naomi, 58 ans, est travailleuse saisonnière. Ses trois enfants sont déjà mariés. Malgré son âge avancé, elle se rend souvent en Tanzanie pour travailler dans les champs. Selon elle, les mauvaises conditions de vie la forcent à aller de l’autre côté de la frontière. « C’est la pauvreté qui me pousse à aller en Tanzanie. Si je n’ai pas de semences, je m’y rends pour travailler et gagner de l’argent pour me procurer les semences. Avec un âge avancé, cette femme peut passer trois semaines en Tanzanie entrain de cultiver pour gagner sa vie. «Je cultive pour les tanzaniens. Par Yard, ils me donnent 2000 shillings. Par jour, je peux cultiver deux Yard», explique-t-elle.
Durant leur séjour en Tanzanie, ces femmes sont confrontées à de mauvaises conditions de travail. Elles dorment à même le sol dans des huttes se trouvant dans les forêts. Elles font également face au manque d’eau potable.