Le ministère ayant l’éducation dans ses attributions déplore les résultats issus du test de niveau organisé à l’ endroit des enseignants des trois premiers cycles de l’école fondamentale. Malgré cette situation, le syndicaliste Antoine Manuma fait remarquer ces résultats ne reflètent pas le niveau réel de ces enseignants. Les raisons sont légion. Les détails dans ce numéro
Selon Dr André Nduwimana, Directeur Général de Curricula et des Innovations Pédagogiques, les notes obtenues varient de 10 à 60 % en français et de 10 à 80 % en mathématiques. Selon toujours lui, près de 3 000 enseignants n’ont pas pu obtenir 20% en français. Parce que c’est la principale langue d’enseignement au Burundi, Nduwimana s’en inquiète. Pour lui, si un enseignant ne parvient pas à avoir 10 % en français alors qu’il va enseigner un enfant de 4èmeannée qui commence à apprendre le français, cela veut dire qu’il ne maîtrise pas la matière enseignée.
Antoine Manuma, enseignant au lycée de Rutana et syndicaliste : « Ces résultats ne reflètent pas le niveau réel de ces enseignants. Les raisons sont légion ».
Une formation de mise à niveau prévue
Pour inverser la tendance, Nduwimana précise qu’on est en train de préparer un module de formation approprié à ces enseignants pour faire face aux lacunes constatées notamment en grammaire, en syntaxe et en conjugaison. La mise à niveau va concerner 3 000 enseignants les plus faibles sur 42 000 qui ont passé ce test de niveau et les autres vont suivre après.
Manuma réfute
Antoine Manuma, enseignant au lycée de Rutana et syndicaliste laisse entendre que ces résultats ne reflètent pas le niveau réel de ces enseignants. Selon lui, les raisons sont légion. Le test en soi a suscité des polémiques dans l’opinion publique en général et dans le secteur de l’éducation en particulier. Les enseignants ont passé ledit test de niveau sous tension. Ils n’étaient pas à l’aise. Ils ont considéré le test comme une sorte de stigmatisation et une déconsidération de leur rôle dans la société. Selon lui, même s’il se manifeste des lacunes dans leurs prestations, le gouvernement devrait comprendre qu’ils ne cessent de former des cadres et des agents de l’Etat très compétents. Et, par ailleurs, parmi ces derniers, certains prestent à l’étranger et sont bien appréciés. Seulement, tout n’est pas rose et cela s’observe même dans les autres secteurs, confie Manuma.
De plus, si on analyse bien le texte qui leur a été soumis pendant l’évaluation, cet enseignant fait savoir qu’il dépassait leur niveau de compréhension de manière que même les licenciés risquaient d’éprouver des difficultés pour l’aborder. De surcroît, l’évaluation ne portait pas sur la pratique pédagogique au quotidien. Et d’ajouter que les changements des programmes qui ne cessent d’être opérés ont fait que la plupart des enseignants soient déboussolés. Ceux qui se retrouvent sont les enseignants des classes concernées. Par exemple, s’il y a des innovations pédagogiques en 1ère année ou en 2ème année, les enseignants des autres classes ne suivent pas. Donc, le test de niveau était lacunaire à tel point que les résultats qui en découlent ne peuvent pas être considérés pour conclure que le niveau des enseignants est lacunaire.
Pour cela, Manuma trouve que la formation de recyclage qu’on compte organiser à l’endroit des enseignants les plus faibles ne va pas apporter grand chose comme valeur ajoutée.