Les autorités affichent la volonté de lutter contre la corruption. Différentes institutions s’arment pour endiguer ce fléau qui gangrène le pays. Elles se dotent de plans stratégiques de lutte contre la corruption. Parallèlement des campagnes de sensibilisation sur la lutte contre la corruption ont été lancées. Les pouvoirs publics semblent déterminés plus que jamais à éradiquer la corruption. Il reste à savoir si ce pari sera gagné.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Dans le temps, le gouvernement a initié ce genre d’activités. D’ailleurs, il a été déclaré en 2010 la tolérance zéro à la corruption. Une décennie après, la machine de lutte contre la corruption tourne au ralenti. Certes, il y a des actions qui ont été menées pour décourager ce phénomène. On se rappellera les agents attrapés en flagrant délit puis présentés à la presse avant d’être emprisonnés, le limogeage de tous les comptables communaux, des décrets de destitution en cascade qui ciblaient les fonctionnaires corrompus, etc.
Cependant, la récente sortie médiatique du chef de l’Etat qui accuse les magistrats de torpiller les activités des investisseurs et de népotisme dans l’étude des dossiers alimentent de nouveau les débats. Le numéro un Burundais se dit également préoccupé par des cadres de l’Etat qui exigent des commissions aux investisseurs. Ce qui handicape le développement du pays tant souhaité. La petite corruption reste également une réalité. Sur le terrain, les citoyens paient encore des pots de vin pour l’obtention des permis de conduire, des documents administratifs, etc. Dans le secteur des transports, le slogan « igipolisi kizira ibiturire » qui se traduit par police exempte de toute forme de corruption n’empêche pas certains agents des forces de l’ordre de glisser des billets dans les leurs uniformes. Il y a encore du pain sur la planche.
La société civile réclame plus d’actions pour combattre la corruption. En avril dernier, l’Assemblée nationale à adopté une loi portant sur la suppression de la cour anticorruption au bénéfice des tribunaux de grande instance et des cours d’appel. Cela concrétise les recommandations émises lors du conseil des ministres du 9 décembre 2020. Le gouvernement du Burundi argue qu’il s’agit d’une nouvelle démarche dans la lutte contre la corruption tout en restructurant les institutions chargées de la lutte contre la corruption et les infractions connexes en vue de rapprocher la justice pénale anti-corruption des justiciables.
Dans une correspondance adressée au chef de l’Etat, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) rappelle que la loi anti-corruption en vigueur au Burundi tire ses ressources de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi ainsi que de la Constitution. Cette loi anti-corruption avait pour objectif primordial la mise en place de la brigade anti-corruption et de la cour spéciale anti-corruption. L’objectif global de cette loi était la lutte contre l’enrichissement illicite, le blanchiment d’argent, les abus des biens sociaux, la gestion frauduleuse, etc.
Pour l’OLUCOME, la loi anti-corruption est venue renforcer le système national de l’intégrité dans tous ses piliers : lutter contre les injustices sociales, instaurer l’Etat de droit et renforcer la transparence, la bonne gouvernance et la démocratie. Bref, la loi anti-corruption avait l’objectif d’asseoir la paix et la prospérité dans le pays. Vu leur importance, au lieu de supprimer ces instances, il faudrait plutôt réviser la loi anti-corruption dans le seul but de les rendre opérationnels et utiles pour le bien des citoyens.