Un projet dénommé « Systèmes alimentaires résilients et amélioration de l’approvisionnement local grâce à l’accès au marché dirigé par le secteur privé pour la création d’emplois au Burundi » a été lancé officiellement le 10 décembre 2024. Il sera mis en œuvre par AUXFIN Burundi et Trade Mark Africa (TMA) et est financé par USAID à hauteur de 796 33O USD. Il adopte une approche globale en mobilisant les ménages de groupes 50 (G50) et la plateforme numérique UMVA pour autonomiser les petits exploitants agricoles. Les bénéficiaires s’en réjouissent et précisent que ce projet contribue réellement à l’augmentation de la production agricole
Trade Mark Africa en collaboration avec AUXFIN Burundi ont procédé mardi le 10 décembre 2024 au lancement officiel du projet «Systèmes alimentaires résilients et amélioration de l’approvisionnement local grâce à l’accès au marché dirigé par le secteur privé pour la création d’emplois au Burundi».
Selon Yannick Chokola, directeur général de AUXFIN Burundi, ce projet vise la transformation du secteur agricole au Burundi en s’attaquant aux principaux défis, notamment la faible productivité, l’insécurité alimentaire, l’accès limité aux marchés et le chômage rural élevé.
Il est soutenu financièrement par USAID à hauteur de 796 330 USD dans le cadre du programme de reprise économique et d’activités de réforme (ERRA). Il se concentre sur les opportunités de marché et des perspectives d’emplois des jeunes et des femmes.
Un projet de 2 ans et 3 mois
Il s’étend sur 2 ans et 3 mois (de juillet 2024 à septembre 2026) et couvre quatre provinces qui sont entre autres Bujumbura Rural, Bubanza, Cankuzo et Cibitoke.
A cette occasion, Chokola a souligné que ce n’est pas pour la première fois que l’Ong AUXFIN Burundi qu’il représente appuie les agriculteurs au Burundi.
C’est une continuité, car elle a déjà une expérience de plus de 10 ans en la matière. Néanmoins, son constat est que l’agriculteur burundais ne tire pas profit de ses efforts fournis.
Ce projet vient alors pour inverser la tendance, martèle-t-il. On va connecter directement les agriculteurs aux autres partenaires avec la digitalisation des services à travers les tablettes. Il laisse entendre que l’aspect digital va donc aider les autres intervenants à utiliser le même créneau.
Ce projet devient donc une autoroute digitale qui permettra à tout le monde d’être touché pour ne laisser personne derrière dans le développement.
Les bénéficiaires jubilent
Les agriculteurs appuyés par AUXFIN Burundi affirment que l’approche G50 couplée avec la digitalisation des services est très utile pour booster la production agricole. C’est à titre illustratif le cas de Sylvain Girukwishaka, habitant la commune Mabayi de la province de Cibitoke.
Auparavant, il indique que sa production était insuffisante. Avec 12 kg de haricots semés, il explique qu’il ne récoltait pas plus de 100 kg. La raison est qu’il ne recourait pas aux bonnes pratiques agricoles.
Actuellement, avec l’appui d’AUXFIN Burundi, il parvient à récolter 500 kg avec seulement 3 kg de haricots semés sur 12 ares. «On nous a appris comment utiliser le coach digital «finance coach» à l’aide d’une tablette. Nous savons comment la manipuler avec l’appui de AUXFIN Burundi, argue-t-il.
Comment fixent‐ils le prix?
Avec cette technique, les agriculteurs calculent les dépenses qu’ils ont engagées pour enfin fixer eux-mêmes le prix qui leur permet de dégager des bénéfices. Ce coach digital financecoach leur fournit des données précises, entre autres l’effectif des membres du groupe ( hommes et femmes), la contribution de chaque membre au projet, les animaux domestiques disponibles. «Est pris en compte le budget engagé dans l’achat des fertilisants, des semences sélectionnées, le paiement de la main d’œuvre, la pulvérisation des pesticides, etc»,argue-t-il.
A travers AgriCoach, les agriculteurs voient les types de sol disponibles même s’ils ne sont pas passés sur le banc de l’école, note un autre bénéficiaire habitant la zone Ndava de la commune Buganda dans la province de Cibitoke. Cela leur permet de décider quel type de plante cultiver. Ils vérifient aussi les prévisions météorologiques, confirme Agnès Baranyedetse, bénéficiaire du projet d ’AUXFIN Burundi habitant la colline Birohe de la commune Gitega en province de Gitega.
Auparavant, elle déplore qu’elle rencontrait beaucoup de difficultés pour s’approvisionner en semences sélectionnées et en fertilisants. Il travaillait en solo et jouait perdant.
Actuellement, avec l’approche G50, elle collabore avec les membres de son groupe. Ils se réunissent une fois la semaine pour épargner l’argent qui leur permet de s’acheter des fertilisants et des semences sélectionnées dans l’objectif de booster la production agricole.
Quelques défis enregistrés
Malgré les avancées enregistrées dans l’augmentation de la production agricole, les agriculteurs s’inquiètent du fait qu’ils ont du mal à trouver le marché d’écoulement de leurs produits. Ils affirment que les commerçants qui parviennent à arriver chez eux en profitent énormément, car ils achètent leur récolte à un prix dérisoire. Les hangars de stockage constituent aussi un défi majeur pour ces agriculteurs.
Sacha Rwamibango, responsable du programme approvisionnement local au sein de la société brassicole «Brarudi» tranquillise ces derniers. Il informe par contre que le marché pour les produits locaux est vaste, car la Brarudi elle seule trouve sur le marché burundais seulement 10% des matières premières dont elle a besoin. C’est ‐à‐ dire le sorgho blanc et l’orge. Le reste de ces matières premières est importé.
Elie Kayogoma du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) abonde dans le même sens. Il précise que le marché destiné aux produits locaux reste vaste actuellement, car cette Ong trouve seulement sur le marché burundais entre 30% et 40% des produits destinés aux cantines scolaires dont elle a besoin. Elle achète des produits comme le haricot, le maïs, le riz et le lait.
Il s’inquiète que le défi lié à la qualité de ces produits est énorme, car cette organisation perd chaque année autour de 300 tonnes pour le maïs seulement. De plus, il demande d’appuyer les agriculteurs en les regroupant dans de grandes coopératives pour constituer de grands stocks de denrées alimentaires afin de faciliter la commercialisation. Il insiste sur cela, car le PAM ne va pas acheter les produits dont il a besoin dans les ménages.
Quand l’agriculture reste une composante essentielle pour booster l’économie
Christian Nibasumba, représentant pays de Trade Mark Africa au Burundi s’en réjouit. Il indique que l’agriculture reste une composante essentielle de la transformation de l’économie burundaise. Et de préciser que c’est pour cela que cette initiative vient d’être lancée. Il mettra l’accent sur le renforcement des chaines de valeur des cultures stratégiques comme le sorgho, le maïs, le riz et le sorgho.
A côté de sa mission première qui reste de travailler sur la fluidité du commerce dans la région de la communauté de l’Afrique de l’Est et maintenant sur tout le continent Africain, il fait savoir que Trade Mark Africa reconnait l’importance de renforcer les chaînes de production et d’approvisionnement des intrants agricoles, de promouvoir un approvisionnement efficace et efficient visant ainsi la création d’emplois.
Il remercie sincèrement le gouvernement du Burundi pour avoir accepté de parrainer cette activité. Il promet de bien collaborer avec lui dans la mise en œuvre dudit projet dans l’optique d’arriver au résultat escompté.
Une initiative qui vient pour relancer l’économie
Aliou Tall, représentant pays de USAID au Burundi fait savoir que cette initiative rentre dans l’objectif du gouvernement des Etats‐Unis d’Amérique de relancer l’économie du Burundi, d’améliorer les moyens de subsistance des Burundais pour les faire sortir de la pauvreté.
Olivier Suguru, président de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB) remercie vivement les initiateurs de ce projet qui vient pour booster la production agricole. Il se réjouit aussi du fait que les cultures ciblées par ce projet sont consommées par une grande partie de la population.
Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère en charge de l’agriculture salue les efforts consentis par Trade Mark Africa et AUXFIN Burundi dans le développement du pays. Et de leur demander de passer des groupes de 50 personnes aux coopératives pour toucher un effectif important d’agriculteurs.
Notons que Eunice Ambiyo, directrice adjoint de ERRA se réjouit du fait que le message transmis par toutes les personnes qui ont pris la parole souligne que bien évidemment l’objectif de ERRA d’accroître la production a été atteint. Cependant, elle précise qu’il reste à savoir si la production répond aux normes de qualité pour qu’elle puisse être exportée. Selon elle, c’est dans ce cadre que des efforts concertés sont déployés au sein du projet ERRA afin de mettre un accent sur l’importance des normes de qualité afin que les produits disponibles (localement) correspondent aux exigences sur le marché.