Les déclarations des autorités sur la « politique de tolérance zéro » inondent les réseaux sociaux. La machine anticorruption est-elle en marche ? Les autorités promettent une lutte sans merci aux fonctionnaires corrompus. Elles ont fait de la lutte contre la corruption et les malversations économiques leur cheval de bataille. Les plus optimistes estiment que cela présage un nouveau souffle pour le Burundi. Rien n’est moins sûr. Les activistes de la société civile réclament plus de mesures draconiennes pour combattre avec force la corruption sous toutes ses formes. Ce sont notamment la lutte contre l’impunité, la révision des textes et lois, le renforcement des institutions de contrôle et d’investigation, etc.
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En tout cas, il est encore tôt pour évaluer l’efficacité de ces mesures. Cette attitude des nouvelles autorités révèle au grand jour qu’il y avait des fonctionnaires qui avaient trempé dans la corruption et la dilapidation les deniers publics sans s’inquiéter. Les déclarations du ministre en charge de l’intérieur ont fait écho dans les milieux professionnels. Certains n’ont pris au sérieux la mise en garde émise contre les agents corrompus. Une dizaine de policiers et administratifs complices ont été écroués pour affaires de corruption et/ou malversations économiques. Parallèlement, plusieurs projets de développement ont été annoncés. Ce sont notamment l’installation des hôpitaux dans chaque commune et au moins un poste de soins sur chaque colline. Un programme ambitieux qui nécessite des moyens colossaux, un personnel suffisant et qualifié. Les membres du gouvernement se veulent rassurants. En début de cette semaine, le ministre en charge de la santé publique a restitué les grandes conclusions de la première retraite gouvernementale. C’était également l’occasion d’échanger sur la gestion efficace des fonds dudit ministère. Les responsables des bureaux provinciaux de la santé et ceux des districts ont été sommés de fournir les pièces justificatives des dépenses relatives subventions destinées à la vaccination.
Le ministère en charge de l’agriculture-un secteur pourvoyeur de devise-s’active. Des innovations ont été annoncées pour booster la production. Ce sont notamment l’installation d’un complexe agro-pastoral dans chaque province. Nous espérons que ces mesures vont améliorer les conditions de vie du citoyen lambda. Le souhait est que ces mesures productives soient concrétisées et généralisées dans d’autres secteurs porteurs de croissance économique tels que le secteur minier, l’industrie ou encore le secteur du bâtiment et des travaux publics.
La grande question est d’où proviendront les fonds pour exécuter cet arsenal de projets annoncés ? Les promesses surviennent juste après la promulgation de la loi portant fixation du budget général de l’Etat, exercice 2020-2021. Le Burundi reste d’ailleurs sur la liste des pays moins avancés. Le taux de pauvreté est très élevé (74% en 2018), l’endettement intérieur du pays atteint des records: plus de 2000 milliards de FBu, la dépréciation monétaire s’amplifie, les devises se raréfient… Il est à noter que le Burundi dispose d’un budget dit d’austérité depuis 2015. Ce qui freine le développement du pays puisque peu de projets d’investissement sont réalisables.
Le chef de l’Etat tente de rallier tout le monde au développement durable du pays. C’est ainsi qu’il a organisé plusieurs rencontres à l’endroit des opérateurs économiques, des représentants des confessions religieuses, des membres du corps diplomatique et des anciens chefs d’Etat. La volonté d’impliquer toutes les parties prenantes est là, mais il faudrait aussi rétablir les relations avec la communauté internationale. Ce qui permettra sans doute de relancer l’économie nationale en souffrance.