Burundi Eco

Une crise économique qui s’éternise

En dépit des mesures prises pour assurer l’approvisionnement en hydrocarbures, la pénurie du carburant persiste. De longues files d’attente des véhicules s’observent depuis plus d’une semaine devant les stations-service. Les produits pétroliers se raréfient alors qu’ils constituent le gros des importations en termes de dépenses en devises.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

L’économie burundaise vacille. Le pays n’a pas assez de devises pour couvrir ses importations. Par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste. En pleine période de récolte du riz, cette céréale très consommée dans les centres urbains est hors prix. Les cours restent volatiles sur le marché.  D’ailleurs, l’inflation tirée par les produits alimentaires s’établit à 27 % au mois de novembre 2023.

Le gouvernement tente d’apporter des réponses à cette problématique, mais les stations-service restent à sec. Il subsiste des perturbations dans l’approvisionnement du carburant. Au vu de la situation, les promesses du nouvel acteur dans le circuit en l’occurrence la REGIDESO ne sont pas fructueuses. Les tractations avec la Nigerian National Petroleum Company Limited  en vue de fournir du carburant au Burundi tardent à se concrétiser.

Le pays traverse une crise économique qui résulte du désordre financier en matière de gestion des devises et de la politique de refinancement. Le pays nécessiterait environ 300 millions USD rien que pour importer le carburant alors que les recettes issues des exportations sont en chute libre. Par conséquent, les réserves de change s’amenuisent. Les réserves enregistrent une baisse de 25% entre le deuxième et le troisième trimestre 2023 pour atteindre 149 millions USD. Ce montant ne sert qu’à financer les importations pour deux semaines, lit-on dans le récent rapport sur la politique monétaire.

Une lueur d’espoir se profile à l’horizon avec la redynamisation de la filière café et la reprise imminente de l’exploitation des minerais stratégiques d’autant plus que le nouveau Code minier vient d’être promulgué. Le gouvernement a déjà adopté une feuille de route pour une bonne gestion des ressources minières. Dans l’entretemps, le pays peine à mobiliser les devises dans un contexte de morosité économique. Les investisseurs étrangers viennent à compte-gouttes et évitent d’engager des capitaux consistants dans une économie fragilisée par la mauvaise gouvernance économique.

Malgré les garanties des autorités, le climat des affaires est de loin d’être attractif. Les industries locales accusent un manque criant de matières premières et des ressources énergétiques pour fonctionner à plein régime. Sur le plan de la coopération bilatérale, les partenaires au développement s’indignent de la mauvaise gestion des financements. Ce qui ralentit la mise en œuvre des programmes de développement. Des réformes institutionnelles profondes s’imposent pour une gestion efficiente des dons et financements. Cela permettra d’accroître le taux de décaissement des financements qui est au plus bas.

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