Ces derniers jours, les prix de la viande fluctuent sur le marché. Celui-ci est caractérisé par une volatilité des prix. La pénurie chronique des devises n’y est pour rien. La plupart des bœufs consommés au Burundi sont importés des pays limitrophes, en l’occurrence la Tanzanie. Ce qui signifie que les importateurs ont besoin des devises (shillings) pour s’approvisionner. Ça ne fait aucun ombre d’un doute, en plus de leur rareté, les devises deviennent de plus en plus chères. La dépréciation de la monnaie burundaise limite les capacités des importateurs, car leur pouvoir d’achat baisse. En conséquence, les prix des produits importés augmentent. La situation est la même dans le commerce des viandes. Les éleveurs locaux ne peuvent pas satisfaire la demande et les importateurs rationnent les quantités de vaches sous contrainte du budget. D’où la flambée des prix sur le marché. Un kilo de viande est passé de 8 000 FBu à 10 000 FBu.
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Dans le jargon économique, on parle d’inflation induite. Par définition, une inflation est dite induite quand la demande d’un produit ou d’un service excède l’offre et que les producteurs ne peuvent pas la satisfaire. De même, l’inflation peut être induite soit par les coûts ou les structures économiques et sociales. Par contre, l’inflation importée est consécutive à l’augmentation des prix des biens importés. Le taux de change influe considérablement sur la fixation des prix. Certes, il existe d’autres raisons (coûts de transport exorbitants, les barrières non tarifaires, les taxes, etc.) mais la principale raison évoquée par les intervenants dans la filière viande reste la cherté des devises.
D’après le rapport Arcadia, édition 2019 sur le commerce des matières premières, la consommation de la viande est très faible en Afrique. La moyenne oscille autour de 15 kg par habitant contre 35 kg au niveau mondial. Les auteurs du rapport soulignent que 20 % de la viande consommée sur le continent est importée. Paradoxalement, les grands producteurs de la viande (Egypte, Afrique du Sud) sont également des importateurs des bœufs. L’importation de bœufs pourrait être une solution pour le Burundi. Cependant, cette stratégie exige de lourds investissements dans l’achat des camions frigorifiques, la modernisation des voies de transport, l’aménagement des abattoirs au niveau des frontières, pour ne citer que ceux-là. De plus, les autorités des pays exportateurs pourraient initier des accords commerciaux allant dans le sens de faciliter les échanges. Sinon avec l’urbanisation en vogue et le rétrécissement des pâturages dû à la pression démographique, le pays connaitrait une pénurie généralisée des produits carnés sur le long terme.