A l’approche de la rentrée scolaire 2024-2025, les familles burundaises se retrouvent confrontées à la hausse des prix du matériel scolaire. Cette situation, exacerbée par l’inflation galopante, met à rude épreuve les budgets déjà serrés des parents. Selon les différentes parties prenantes, cette hausse du coût de la scolarisation risque d’accroître les cas d’abandon scolaire
Les prix des fournitures scolaires ont connu une augmentation significative cette année. Un cahier de 100 feuilles, qui coûtait 2 200 FBu l’année dernière, se vend désormais jusqu’à 3 500 FBu. Les cahiers de 60 feuilles sont passés de 1 600 FBu l’an dernier à 2 300 FBu cette année. Ceux de 48 feuilles se vendent actuellement à 1 900 FBu alors qu’ils étaient à 1 400 FBu l’année dernière. Un carton de cahiers produits par Pacobu est aujourd’hui à 420 000 FBu et à 390 000 FBu pour les cahiers appelés Twige. Ils étaient autour de 300 000 FBu l’année passée.
Cette hausse des prix n’épargne pas les autres besoins nécessaires pour la rentrée scolaire, dont les uniformes. Ceux qu’on appelle couramment « Kaki » sont passés de 11 000 à 15 000 FBu l’an dernier à 22 000 FBu. Ceux des établissements privés varient d’un établissement à un autre et selon la qualité. Ils se vendent entre 30 000 FBu et 50 000 FBu.
Des mesures qui ajoutent du drame au drame
« Dès le début de l’année, les élèves des trois cycles du fondamental public seront tous en uniforme kaki avec des souliers, tandis que ceux du cycle secondaire jusqu’aux classes terminales, publiques et privées, seront en uniforme avec des souliers fermés et des chaussettes de même couleur. Il vous est alors demandé d’instruire les directeurs des écoles, chacun en ce qui le concerne, pour mettre en application ces recommandations, en collaboration avec les comités de gestion des écoles (CGF) », lit-on dans une lettre du directeur provincial de Muyinga. Cette lettre, datée du 2 juillet 2024, était adressée aux directeurs communaux de l’enseignement dans la province de Muyinga. Une lettre qui n’a pas tardé à susciter des commentaires des parties prenantes.
Béatrice Mukawera, résidant sur la colline Kabira, commune de Giteranyi, dans la province de Muyinga, est mère de cinq enfants qui étudient tous à l’Ecofo Kabira. Elle nous a fait savoir que de telles décisions vont provoquer beaucoup d’abandons scolaires. « La volonté de mettre nos enfants à l’école est là, mais peu sont ceux dont les moyens leur permettront de les y envoyer dans de telles conditions », a-t-elle déclaré. Elle suggère de minimiser les exigences pour permettre à ces enfants d’accéder à l’école.
Un risque d’empirer la situation
Le déplacement des élèves est devenu l’un des pires cauchemars pour les parents, surtout ceux vivant en milieu urbain. La pénurie de carburant a entraîné une augmentation significative des coûts de transport, obligeant certains parents à doubler ou tripler leurs dépenses. Un parent nous a confié qu’ils ont déjà été avertis par le propriétaire d’un bus scolaire que les frais de transport mensuels passeront de 80 000 à 100 000 francs par élève cette année. Ce parent, qui doit déplacer trois enfants, regrette que le cumul de ces coûts supplémentaires, ajouté aux autres besoins scolaires, constitue une véritable épine dans le pied des familles.
Il est important de rappeler que la pauvreté a toujours été l’une des principales causes des abandons scolaires. Selon les différentes parties prenantes, cette augmentation des coûts de scolarisation risque d’accroître les cas d’abandon scolaire.
À l’horizon 2040 et 2060, le Burundi aspire à faire passer le taux brut de scolarisation au préscolaire de 15 % en 2022 à 80 % en 2040 et à 95 % en 2060. Le but est également d’augmenter le taux brut de scolarisation au cycle fondamental de 93,2 % à 100 % d’ici 2040 et 2060.