La modernisation de l’agriculture est une composante essentielle de la transformation de la structure de l’économie, lit-on dans le Plan Nationale de Développement (2018-2027). Pour réussir ce pari, il est prévu la régionalisation des cultures, la mécanisation de l’agriculture, la transformation de la production agricole, la diversification des produits exportables, la gestion de l’eau de pluie, l’irrigation des marais, etc. En ce sens, le gouvernement et ses partenaires ont initié divers programmes ciblant le renforcement des capacités des petits producteurs sur les bonnes pratiques agricoles et d’élevages afin d’accroître les revenus des ménages.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Ce sont des projets budgétivores, mais quid de leur pérennité ? Actuellement, les unités de transformation agro-alimentaire font face à beaucoup de défis. Parfois, elles ne sont pas connectées au réseau national d’électricité et les entrepreneurs se rabattent sur les énergies de secours. Ce qui fait exploser les coûts de production. Il n’est pas rare de trouver des unités de transformation qui ferment avant qu’elles ne démarrent. La pandémie de Coronavirus pèse également sur les activités des unités de transformation qui doivent importer des équipements et des intrants. Les techniciens proviennent de l’extérieur du pays tantôt pour réparer tantôt pour installer de nouvelles machines. Cela devrait inciter les pouvoirs publics à investir davantage dans l’enseignement technique.
Toujours sur le chapitre des dysfonctionnements des unités de transformation, dans la province de Cibitoke, les producteurs de tomates ont créé une unité de transformation pour minimiser les pertes et maîtriser l’effondrement récurrent des prix des tomates pendant la période de récolte. Avec investissement avoisinant 1 milliard de FBu, l’usine devrait servir de débouché à 12 mille producteurs de tomates de la région de l’Imbo. Cependant le projet a connu plusieurs ratés. Il y a trois ans, la rédaction du journal Burundi Eco a dépêché un reporter pour s’enquérir de la situation. Le constat est que les initiateurs de ce projet ont été escroqués en bonne et due forme. En 2014, le fournisseur avait acheté un équipement inadapté ne remplissant pas les normes. Le matériel n’était pas fabriqué en matière inoxydable. Ce qui est déconseillé en agroalimentaire. Ils n’ont même pas pu installer leurs machines. Ce qui a occasionné une perte estimée à 400 millions de FBu paralysant ainsi le fonctionnement de l’usine. Les travaux n’ont démarré qu’en 2017 apres avoir installé un matériel adapté.
A Vyerwa en commune Mwumba, l’unité de transformation des tomates peine à fonctionner. La matière première est insuffisante, car la variété de tomates souhaitée pour la transformation n’est pas cultivée dans cette localité. L’unité s’approvisionne dans d’autres provinces. Le même cas s’est présenté à l’usine de Cibitoke qui a dû investir dans la culture de nouvelles variétés de tomates. L’exemple parlant est celui de l’unité de transformation de la farine de patate douce implantée à Masanganzira en commune de Kiremba. La farine ne rencontre pas le goût de consommateurs que ce soit sur le marché local ou régional. Pourtant, le projet a coûté 118 millions de FBu pour la construction des infrastructures est estimé et 275 millions de FBu pour l’achet des équipements.
Le ministre en charge des finances n’y va pas par quatre chemins. « Cela est dû à une mauvaise planification et à une mauvaise étude de faisabilité », a déclaré Dr Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, du Budget et de la Planification Economique en marge d’une descente effectué en août dernier dans différentes unités de transformation.
La mauvaise gestion plane également au niveau de certaines unités de transformation. En commune Bugendana, une décortiqueuse de riz d’une valeur de 18 millions de FBu a été remise à la coopérative « DOKORE TWIMBURE ». La machine avait été vendue en 2016 par le responsable de cette coopérative sans consulter les autres membres alors que c’était un don du programme FIDA au Burundi.