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Vers la promotion du tourisme ?

Depuis plus d’une décennie, le secteur touristique est en berne.  Il importe de signaler que les touristes ne cohabitent pas avec l’insécurité. D’ailleurs, personne ne voudrait visiter un pays où il peut laisser sa peau. Ils préfèrent la paix et la tranquillité étant donné que la plupart des visiteurs viennent en vacances ou passer des moments de détente au pays. Le Burundi a connu une longue période de crise socio-politique. Les armes automatiques retentissaient un peu partout. Le pays coulait à feu et à sang. Et il a été considéré pendant longtemps comme une zone rouge par les touristes. Après l’accord du cessez-le feu signé en novembre 2003, c’est l’accalmie. Les voyageurs commencent à s’intéresser timidement au pays.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Malheureusement, la crise socio-politique de 2015 porte un coup dur au tourisme. Les touristes tournent encore une fois le dos au Burundi alors que les autres pays de la sous-région engrangent des milliards de dollars de recettes touristiques. A peine remis des effets de cette crise, le pays a été frappé par la pandémie de Covid-19 qui apporte son ingrédient et la descente aux enfers se poursuit pour ce secteur si stratégique dans l’économie du pays.

Le pays s’est tourné vers le tourisme intérieur avec la prolifération des agences de tourisme ou tout simplement des tours operators. Le label Visit Burundi fait son apparition, mais les initiateurs de ce programme peine à concrétiser leur vision. Les artistes burundais se relaient sur les différents sites touristiques pour vanter la beauté légendaire de leur patrie. On se souviendra de la chanson «Il est beau mon pays Burundi» interprété par Steven Sogo ou encore «Burundi Bwacu» de la chanteuse Natacha. Les autorités burundaises invitent les Burundais à visiter leur pays.

Le chef de l’Etat a pris les devants de la scène pour promouvoir le tourisme aux niveaux régional et international durant le congé gouvernemental. Les images du chef de l’Etat en tenue des tambourinaires burundais-l’umugwebe-défraient la chronique des médias. Le chef de l’Etat s’est mis dans la peau des tambourinaires du sanctuaire de Gishora, le royaume du tambour sacré du Burundi. Les photos et les vidéos de Neva en visite inédite à Gishora inondent les réseaux sociaux. Les commentaires fusent de partout. Les internautes ont été émus de voir un président en exercice jouer au tambour pieds nus, hors du tapis rouge déroulé souvent aux grandes personnalités. Pour couronner le tout, il a pris le lead pour émerveiller le public. Il s’agit d’un message fort envoyé aux institutions ayant le tourisme dans leurs attributions pour promouvoir le tourisme et surtout relever les défis qui hantent ce secteur

Le tourisme est considéré comme un secteur porteur d’opportunités puisqu’il touche pas mal d’autres secteurs comme le transport, les services, l’hébergement, l’artisanat, etc., lit-on dans le document de Stratégie Nationale de Développement Durable du Tourisme. La même stratégie précise que le Burundi possède beaucoup de sites touristiques, mais qui ne sont pas visités comme il le devrait. Le Burundi est attractif avant tout pour ses beaux espaces naturels. Ainsi, le pays s’est doté de toute une série de parcs nationaux et réserves naturelles visant à préserver la faune et la flore. La contemplation des animaux sauvages demeure ainsi l’activité favorite des touristes au Burundi. Le lac Tanganyika, l’un des plus grands du monde constitue une étape incontournable, facilement accessible depuis la capitale économique Bujumbura. Malgré l’existence de ces lieux attractifs, ils ne sont pas bien aménagés et entretenus.

Le musée vivant de Bujumbura qui devrait être le reflet de la richesse artistique, culturelle et animalière du Burundi se transforme peu à peu en une véritable forêt urbaine. L’entretien des locaux et la prise en charge des animaux laissent à désirer. En septembre dernier, une dizaine de reptiles ont été libérés dans le parc national de la Rusizi faute de moyens pour leur prise en charge.  Ce parc est également menacé par les activités anthropiques. Le repeuplement animalier de cette zone protégée est d’importance capitale. En ce sens il faudra importer d’autres espèces d’animaux tels que les éléphants, les girafes, les rhinocéros, les zèbres, les léopards, etc. pour compléter la faune de cette aire protégée.

Le parc de la Ruvubu qui s’étend sur une superficie de 50 800 ha n’a rien de comparable avec les aires protégées de la sous-région comme le célèbre Serengeti National Park ou Ngorongoro parc en Tanzanie. En 2016, le Kilimandjaro a eu le prix du lieu touristique le plus attractifs d’Afrique. Pourquoi pas le mont Heha de 2 684 m d’altitude ne peut pas attirer autant de touristes ?

Cette situation dénote partiellement le faible niveau de collaboration entre les différents acteurs. Il n’existe pas de ligne de démarcation entre les ministères sectorielle. L’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE) relève du ministère en charge de l’environnement alors que l’Office National du Tourisme (ONT) relève du ministère en charge du commerce et du tourisme. Le manque de coordination entre les structures déconcentrées ou décentralisées et les investisseurs privés ajoutent le drame au drame. La réorganisation de ce secteur est primordiale avant d’envisager tout investissement.

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