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La vie d’un étudiant de l’université du Burundi : entre illusion et réalité

Bien qu’ils n’aient pas de sources de revenus, les étudiants se débrouillent, car certains d’entre eux n’ont pas de soutien externe. En conséquence, ils s’endettent de plus en plus ou exercent des activités exigeantes et moins rentables afin de gagner quelques sous. Et le prêt-bourse supposé les appuyer connait des retards à cause des tracasseries administratives y associées

Mugoboka et Kanyari sont les deux principaux « foyers » des étudiants de l’université du Burundi. La plupart de ces derniers ne vivent pas dans les homes universitaires, mais plutôt dans les quartiers populaires proches des différents campus dont dispose cet établissement public, à savoir les campus de Kiriri, Rohero, Mutanga, kamenge… Nombreux d’entre eux sont issus des ménages modestes de l’intérieur du pays et n’ont pas de familles d’accueil à Bujumbura pour les héberger. Pour remédier à cela, souvent, les étudiants se mettent ensemble en vue de former des groupes de cinq individus ou plus dans le but de minimiser les dépenses pour pouvoir louer une maison d’habitation, payer la ration alimentaire et satisfaire d’autres besoins quotidiens. «La vie estudiantine n’est pas toujours facile. Nous vivons ensemble à sept personnes. Nous louons une maison de deux chambres à 60 000 FBu par mois. Nous partageons toute chose et nous cotisons mensuellement pour constituer un stock de vivres», fait savoir Lambert Citeretse vivant à Kanyari. C’est un étudiant de l’université du Burundi à l’Institut Supérieur de Commerce (ISCO).

Les étudiants qui vivent sous le même toit cotisent mensuellement pour constituer un stock des denrées alimentaires. Et la préparation de la nourriture se fait quotidiennement à tour de rôle.

M. Citeretse ajoute qu’il est difficile de manger quotidiennement à sa fin à cause du budget parfois insuffisant. Chaque membre contribue entre 22 000 FBu et 30 000 FBu pour s’approvisionner en denrée alimentaires. Le stock doit être géré scrupuleusement en vue de couvrir tout un mois. Ce qui n’est toujours pas possible. Dans ce cas, on n’a pas d’autres choix que de recourir à l’endettement pour acheter au moins les denrées indispensables telles que les haricots et la farine de manioc. « Dans des situations pareilles, on prend un seul repas par jour, car certains étudiants ne sont même pas en mesure de fréquenter régulièrement les restaurants », précise M. Citeretse. Pour lui, les étudiants n’ont pratiquement pas de sources de revenus pour couvrir tous leurs besoins. Raison pour laquelle certains d’entre eux font recours aux activités para académiques pour survivre.

Activité de gardiennage, une alternative

Comme il est difficile de tenir dans la ville de Bujumbura sans source de revenus stable, les étudiants de l’université du Burundi essaient de se débrouiller afin de gagner un peu d’argent. « Chaque soir, je me rends au service comme agent d’une société de gardiennage. C’est un travail difficile à concilier avec la vie estudiantine, mais comme il n’y a pas d’autres choix, je dois travailler pour survivre. Malgré qu’il soit risqué et faiblement rentable, c’est un expédient auquel font recours pas mal d’étudiants », confie A.N, étudiant dans la faculté de Droit qui réside à Mugoboka. Pour lui, il est difficile de suivre suffisamment les séances de l’après-midi censés se terminer à 18 heures, car il doit se libérer bien avant pour arriver au poste de service à l’heure.

Le retard du prêt-bourse aggrave la situation

Ce n’est pas que le gardiennage auquel les étudiants font recours pour tenir ferme face aux aléas de la vie estudiantine. Ils exercent également une activité de transfert électronique d’argent via les téléphones mobiles (Ecocash et Lumicash) pour gagner quelques sous parallèlement aux activités académiques. Cela étant, les étudiants de l’Université du Burundi sont supposés recevoir trimestriellement un prêt-bourse. Ce dernier est conçu   comme une dotation qui aide un étudiant à couvrir les frais de restauration, d’hébergement, de transport ainsi qu’à satisfaire d’autres besoins quotidiens. Mais dans ces derniers mois, les étudiants dénoncent le retard enregistré dans le paiement du prêt-bourse.

Parmi les causes du retard du prêt-bourse figure la controverse au sein de la communauté universitaire liée au paiement en espèces de 2 500 FBu par chaque étudiant de l’université du Burundi lors de la constitution du dossier exigé pour demander le prêt-bourse. Cette somme est subdivisée en deux parties où 2 000 FBu sont destinés au notaire et 500 FBu à l’achat des classeurs. Les étudiants de l’Université du Burundi qui se sont confiés au micro de Burundi Eco se demandent où va réellement cette somme. A titre d’illustration, au cours de l’année académique 2020-2021, 4 597 étudiants ont été orientés en première année de baccalauréat, d’où une somme de 11 492 500 FBu à payer à cette fin. Pour plus d’éclaircissements, nous avons essayé de contacter le commissaire à la bourse et au prêt bourse, mais en vain.

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