Dans les foyers, certaines femmes sont privées de moyens financiers ou de biens qui leur sont essentiels. Malgré tout, la plupart des victimes n’en sont pas conscientes alors que la justice peut intervenir et régler cette problématique
Généralement, on distingue 4 formes de violences basées sur le genre. On peut citer notamment les violences physiques qui se caractérisent par des coups et blessures, des violences sexuelles caractérisées par des relations sexuelles faites sans consentement entre l’homme et la femme ou sous une contrainte particulière. A cela s’ajoutent les violences psychologiques (emploi des mots blessants) et économiques, mais les femmes en sont particulièrement victimes.
Quid des violences économiques ?
« Mon mari et moi, nous nous sommes mariés en 1986. A cette époque nous menions une vie très modeste. Mais, au fur du temps, nous avons travaillé beaucoup pour gagner notre vie. Tout s’est passé comme prévu. La vie a changé jusqu’à ce que nous achetions nos propres parcelles voire des véhicules. Malheureusement, de cette union n’est né aucun enfant. Par conséquent, mon mari a épousé une autre femme, synonyme du début de mon calvaire. Dès lors, je ne participe plus à l’économie familiale. Je ne touche même pas aux frais de loyer qui proviennent des maisons que nous avons obtenues ensemble. Pire encore, malgré que je sois diabétique, mon mari ne m’aide plus financièrement», confie C.N, une quinquagénaire vivant en commune Ntahangwa de la Mairie de Bujumbura.
Les VBG sont de diverses formes. Pour les violences économiques, les femmes au foyer sont privées de moyens financiers.
Célestin Hicuburundi, expert en genre et communication estime que les violences économiques résultent de la pression économique qui s’exerce différemment selon les milieux socio-économiques ou le niveau d’éducation. Qu’à cela ne tienne, il s’agit de retirer à la femme son autonomie et la gestion des biens familiaux. L’auteur de cette violence fait en sorte que la marge de liberté de la victime soit extrêmement limitée si elle venait à tenter de se libérer ou se séparer de son conjoint. Généralement, les victimes de ces violences sont des femmes dépendantes, qui ne travaillent pas ou qui n’ont pas leurs propres revenus.
Dans les ménages des intellectuels, poursuit l’expert, l’homme a tendance de monopoliser le pouvoir financier en vérifiant systématiquement les comptes bancaires de son épouse. Cela peut aller jusqu’à la confiscation du salaire pour une femme qui travaille. L’homme peut également refuser de donner suffisamment d’argent ou bien il peut décider de donner une somme insignifiante à sa femme. Souvent, à cela s’ajoutent des remarques culpabilisantes. L’homme estime que c’est tout à fait normal de gérer non seulement son argent, mais aussi celui que gagne sa femme. L’homme justifie cette pression économique qu’il fait subir régulièrement à sa femme par son souci d’assurer une parfaite gestion des biens familiaux. Dans ce cas, la femme est accusée d’être dépensière, d’être par conséquent incapable de gérer même son propre salaire. L’homme peut aussi faire pression pour amener sa femme à cesser toute activité professionnelle ou ses études pour rester à la maison et faire des travaux ménagers seulement. « Mon mari m’a quittée après 4 ans de mariage il y a de cela 9 ans. Malgré qu’il exerce une fonction publique, il ne vient même pas en aide à nos deux enfants que nous avons eus ensemble. Seule, je me débrouille du jour au jour pour les entretenir », confie E.N, une résidente de la commune Rugombo.
Même si la situation est ainsi, M. Hicuburundi estime que la plupart des victimes des violences économiques ne sont pas conscientes de leur sort. Ces femmes ne connaissent probablement pas leurs droits. Elles sont découragées et n’ont pas confiance en elles. Mais, il y a des associations qui s’occupent des femmes victimes des violences basées sur le genre (VBG) en leur enseignant comment s’en sortir. Si nécessaire, elles aident ces femmes à porter plainte dans les tribunaux de résidence pour la plupart.
Le rôle de l’AFJB dans tout ça
«En ce qui concerne les violences économiques, nous accueillons deux catégories. La première, est constituée de conflits entre maris et femmes à propos de l’accès aux ressources familiales. La deuxième résulte des conflits entre frères et sœurs à propos de l’héritage des biens émanant de leurs parents», fait savoir Marie Emerusabe, coordinatrice nationale de l’Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB). Pour les violences économiques au niveau des foyers, poursuit Mme Emerusabe, parfois certaines femmes n’ont aucun droit dans la gestion des biens familiaux. L’homme gère tout et la femme est considérée comme un simple observateur. « Quand une femme victime des violences économiques nous approche, dans un premier temps nous contactons son mari pour les écouter tous », ajoute-t-elle. Quand ça ne marche pas, l’AFJB aide la femme à porter plainte. La plupart des membres de l’association sont des avocates. Ces dernières s’engagent bénévolement à aider les femmes victimes des VBG au niveau des tribunaux.