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La vulgarisation de la tourbe : un antidote à la déforestation ?

Les collines du Burundi connaissent une déforestation accélérée à cause du bois de chauffage et du charbon de bois utilisés dans les ménages pour la cuisson des aliments. Cela a des effets néfastes sur l’environnement. Pour y remédier, la tourbe peut constituer une alternative, mais il y a un long chemin à faire pour la vulgariser    

« L’Office National de la Tourbe (ONATOUR) produit la tourbe en fonction de la demande, car elle se déprécie progressivement quand elle est stockée pendant longtemps. S’il y avait une demande importante, l’ONATOUR produirait une grande quantité. Il a la capacité de produire entre 20000 et 30000 tonnes de tourbe par an. Or, annuellement, il produit entre 10000 et 15000 tonnes de la tourbe», indique Jean Bosco Niyongabo, directeur technique de l’ONATOUR.

La production s’étend sur trois mois pendant la saison sèche, de juillet à septembre. L’ONATOUR dispose de cinq chantiers dans lesquels il exploite la tourbe : chantier de Gashiru à Mugongomanga, ku Ruyange à Gisozi, Kidimbagu à Matana, Gitanga à Ryansoro/Matana et Buyongwe à Ngozi. A part les chantiers exploités par l’ONATOUR, il existe d’autres marais tourbeux. Il s’agit notamment de Ndurumu, Nyavyamo, Nyamuswaga…

La tourbe transformée en briquettes peut être une alternative du bois de chauffage utilisé dans les ménages.

Les clients potentiels de l’ONATOUR

Les principaux clients de l’ONATOUR sont l’armée burundaise, la police nationale, les sociétés BUCECO, FOMI… Le prix de la tourbe est calculé en fonction de la distance à parcourir pour la livraison. Par exemple, le prix de la tourbe n’est pas le même à Bujumbura et à l’intérieur du pays. D’une manière générale, la tourbe coûte entre 220 FBu et 400 FBu par kilo. Le client de taille est l’armée qui consomme environ 10 000 tonnes par an. Les autres clients potentiels partagent la quantité restante, y compris une quantité utilisée par l’ONATOUR dans la fabrication des briquettes à base de tourbe.

« Nous aimerions que toute la population vienne acheter nos produits. Malheureusement, la tourbe n’est pas appréciée dans les ménages. Pour remédier à cela, l’ONATOUR est en train d’améliorer la qualité de la tourbe pour intéresser tout le monde dans le but de contribuer à la limitation de la déforestation et de l’utilisation du bois de chauffage et du charbon de bois dans la cuisson des aliments », fait savoir M. Niyongabo.

Pourquoi l’utilisation de la tourbe n’est pas vulgarisée ?

Autour de la tourbe, les clichés disent que ce produit n’est pas en bons termes avec les marmites. La tourbe les trouerait facilement et dégagerait trop de fumée. « Par contre, l’ONATOUR est en train d’exploiter la tourbe en mode briquette », indique M. Niyongabo. Ainsi, il y a un projet de fabrication des briquettes à base de la tourbe qui est en train d’être réalisé. Bientôt cela va porter ses fruits et les ménages pourront les utiliser comme source d’énergie à la place du bois.

Jusqu’aujourd’hui, l’ONATOUR a produit une centaine de tonnes de briquettes. Mais à l’intérieur d’une briquette cuite, il persiste un peu de fumée.  Ce qui empêche une vulgarisation parfaite de la tourbe au sein de la population. Raison pour laquelle l’ONATOUR a opté pour le processus d’enlever les substances qui sont à l’origine de cette fumée et qui empêchent que ce produit soit apprécié dans les ménages. Aujourd’hui, il est en train de carboniser les briquettes pour qu’elles soient beaucoup plus intéressantes.

La tourbe peut-elle rivaliser avec le bois ?

Selon M. Niyongabo, pour que la tourbe soit une alternative du bois et un antidote à de la déforestation, il faut qu’elle soit efficace, abordable et appréciée par la population. « D’ici quelques mois, nous aurons suffisamment de briquettes carbonisées qui pourront se substituer petit à petit au bois de chauffage dans les ménages », indique-t-il.

Malgré les efforts consentis de l’ONATOUR dans la production et la commercialisation de la tourbe, les défis persistent. Il est confronté à un manque de moyens et à la vétusté des équipements. Donc, sa technologie n’est pas adaptée à la situation du moment. Pire encore, le travail d’extraction de la tourbe ne se fait que pendant la période estivale. On doit d’abord canaliser et évacuer les eaux des marais. Le marais doit être sec. Sinon, les engins risquent de s’embourber. Ce travail est presqu’impossible pendant la période pluvieuse.

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