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ZLECAf : Où en est-on avec le processus de sa mise en œuvre ?

L’accord du projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a été signé le 21 mars 2018 au Rwanda. Le Burundi a par la suite signé cet accord en juillet 2018 en Mauritanie. Bien qu’il ne l’ait pas encore ratifié, le Burundi est dans le processus de sa mise en œuvre et participe activement aux négociations en cours. Le ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme donne quelques précisions

Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat du 5 décembre 2020 a adopté les instruments marquant le lancement des réformes et, officiellement, l’accord du projet de la ZLECAf est désormais mis en œuvre à partir du 1er janvier 2021, pour les pays qui l’ont déjà ratifié. Mais le Burundi est en retard. Il est encore dans le processus de ratification. Avec l’appui de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, le Burundi est en train d’élaborer une stratégie nationale de mise en œuvre de cet accord.

Le Burundi n’a pas encore ratifié l’accord du projet de la ZLECAf, mais le processus est en cours.

Le lancement officiel des consultations pour l’élaboration de ladite stratégie a eu lieu le 17 novembre 2020. « Bien que le Burundi n’ait pas encore ratifié l’accord du projet de la ZLECAf, il participe dans toutes les négociations de mise en œuvre dudit accord. Dans ce cadre, trois consultants ont été engagés pour coordonner des consultations nationales qui constitueront la base du document de stratégie d’intégration », fait savoir Chrysologue Mutwa, directeur général du commerce. M. Mutwa ajoute que lors des consultations, la voix du peuple burundais en général sera prioritaire tout comme les parties prenantes tels que les opérateurs économiques, les industriels, la société civile, différentes institutions du domaine du commerce, etc. Après l’élaboration de ce document, les institutions habilitées le valideront.

Pour tirer le maximum des possibilités offertes par la ZLECAf, il est par ailleurs recommandé à chaque pays membre d’élaborer une stratégie complémentaire à la politique commerciale plus large de chaque pays membre. Cette stratégie identifie pour cet Etat les principales possibilités commerciales, les contraintes actuelles et les mesures requises pour tirer pleinement partie du marché de la ZLECAf. Elle offre également un plan d’actions qui doit conduire à une mise en œuvre effective de l’accord.

La ZLECAf ne supprimera pas les acquis des communautés économiques régionales

Selon M. Mutwa, dans le cadre de la ZLECAf, les Etats ayant ratifié l’accord s’accorderont à libéraliser fortement leur commerce. Les produits de ces lignes (90% des lignes tarifaires) sont traités comme non-sensibles et devront être libéralisées au cours d’une période de 10 ans pour les pays les moins avancés (PMA) et de 5 ans pour les autres pays. Les droits de douane applicables aux produits des lignes tarifaires considérées comme sensibles (7 %) feront l’objet d’un démantèlement tarifaire de 13 ans pour les PMA et de 10 ans pour les autres pays. Et 3 % des lignes tarifaires sont exclues des engagements tarifaires. Elles ne feront pas l’objet de libéralisation.

Malgré tout, la ZLECAf n’envisage pas de supprimer les acquis des communautés économiques régionales. Pour le cas de l’EAC dont fait partie le Burundi, il y a certains engagements qui doivent être négociés en bloc au lieu d’un seul pays. « Au niveau de l’EAC, on a mis en place l’union douanière avec un tarif extérieur commun. Pour ce faire, nous devons soumettre des offres tarifaires en bloc. En conséquence, on a déjà déposé de telles offres au secrétariat de la ZLECAf », précise M. Mutwa.

Les défis à relever

D’après une étude des Nations Unies, la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait augmenter de 40 à 50 % les échanges commerciaux au sein du continent africain d’ici à 2040. Cette augmentation des échanges pourrait faire passer la part des exportations vers le reste du continent par rapport aux exportations totales de 17 % à environ 25 %. Même si l’accord du projet de la ZLECAf regorge des opportunités, le Burundi connait pas mal de défis susceptibles d’handicaper la mise en œuvre de cet accord. Les contraintes infrastructurelles font que l’état des réseaux routiers à l’intérieur du Burundi est discutable, surtout pendant la saison des pluies.

En plus de cela, la certification des produits burundais faite par le Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité (BBN) et le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA), a été au centre des débats depuis longtemps. Les produits burundais ne pourront probablement pas s’imposer à l’étranger à cause de la lenteur enregistrée dans l’octroi des certificats et de la technologie inefficace des laboratoires de ces deux organisations par rapport à celles de la sous-région. On ne peut pas aussi ignorer le déséquilibre de l’import-export où les importations sont beaucoup plus supérieures aux exportations. Pour ce faire, les produits burundais risquent d’être concurrencés.

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