Economie

A quand la reconstruction du marché central de Bujumbura ?

Il y a 7 ans un incendie sans précédent ravageait le marché central de Bujumbura. La journée du 27 janvier 2013 a marqué les esprits des citoyens. C’est toute une fortune qui est partie en fumée en un laps de temps. Les stigmates de cet incident sont toujours visibles. Burundi Eco retrace les grands moments de cet événement

Le marché central de Bujumbura a été construit en 1994 sur une superficie d’environ 3 hectares. Le coût de cette infrastructure s’élevait à 1,5 milliards de FBu. Sa gestion a été confiée à la Société de Gestion du Marché Central de Bujumbura (SOGEMAC) pour une durée de 30 ans. Le marché comportait plus ou moins 3 000 stands opérationnels avec près de 7 000 occupants. Il était considéré comme le poumon de l’économie nationale. Il était le carrefour de tous les commerçants des quatre coins du pays qui s’y approvisionnaient.

Malheureusement, tous les espoirs placés en cette infrastructure ont basculé le matin du 27 janvier 2013. Un grand feu ravagea le marché central de Bujumbura. Les hommes et les femmes assistaient impuissamment à l’incendie de leurs biens. Ceux qui y avaient des échoppes criaient au secours. Ils imploraient les « dieux » de tous les coins du monde pour arrêter le feu qui calcinait le marché central de Bujumbura. Aux larmes des uns succédaient les rires des autres qui profitaient de l’occasion pour piller. Les personnes entraient et sortaient du marché, marchandises, cartons, pagnes soit dans la main, soit sur les épaules ou sur la tête. Il était difficile de distinguer les commerçants des pillards. Les motards étaient nombreux à l’entrée du marché, faisant le transport des biens. Telle était l’ambiance qui régnait aux alentours du marché ce jour-là.

7 ans après l’incendie, les ruines cauchemardesques sont toujours observables sur l’emplacement de l’ex-marché central

Les sapeurs-pompiers dépassés par l’envergure des flammes

Le jour de l’événement, tous les camions anti-incendie qui étaient affectés à la Mairie étaient en panne. Celui qui était garé au marché central de Bujumbura avait été déplacé vers le Bureau Spécial de Recherche (BSR). Ainsi, l’intervention des pompiers a eu lieu vers 8 heures alors que l’incendie s’est déclaré à 6h 30 au quartier 4 dans un stand qui contenait des habits et du matériel électronique (Télévisions et DVD). Tous les regards étaient tournés vers les forces de l’ordre pour maîtriser l’incendie.

La première lance-eau a eu lieu vers 9 heures. Finalement, la situation échappa à tout contrôle. Les sapeurs-pompiers ne sont pas parvenus à maîtriser le feu. Des colonnes épaisses de fumées étaient visibles à des dizaines de kilomètres autour de la capitale Bujumbura. Les pompiers, dans l’incapacité totale de contenir le feu, se sont contentés d’éviter sa propagation du feu vers d’autres bâtiments.

Marché dit COTEBU, un refuge qui ne rassure pas

Le gouvernement a décidé de construire un marché provisoire au quartier Ngagara II dans un terrain « no man’s land » situé près de l’ex-COTEBU. Les travaux de construction ont connu un retard à cause de l’insuffisance des fonds. Ce qui a alimenté la grogne des anciens occupants du marché central.

Après la catastrophe de janvier 2013, les anciens occupants du marché central sont partis en débandade rejoindre les autres marchés excentrés, à savoir : Jabe, Ruvumera et Bujumbura City Market. Ce dernier s’est vite rempli de commerçants et le commerce y est devenu florissant. Ils ont démarré à zéro ou presque, car la plupart des commerçants avaient des dettes auprès des institutions financières et certains d’entre eux thésaurisaient les recettes dans le même marché calciné.  Par contre, d’autres commerçants avaient tout perdu et avaient du mal à reprendre l’activité commerciale. Il a été observé une ruée de commerçants ambulants aux alentours de l’ex-marché central. Le phénomène persiste même s’il est de faible ampleur. Le marché COTEBU reste moins dynamique comparativement aux autres marchés tels que Bujumbura City Market et celui de Kamenge. Les autorités municipales initient des mesures pour redynamiser le marché. Nous citerons à titre d’exemple le déménagement de la gare du Nord et la récente réorganisation des échoppes au sein de ce marché.

Quel sort réservé à l’emplacement de l’ex-marché central ?

Dans le but de revaloriser l’emplacement de l’ex-marché central de Bujumbura, le gouvernement a décidé d’y ériger un grand centre commercial. Ce projet remonte à 2014 mais, jusqu’à présent, les résultats ne sont pas palpables. L’appel d’offre international lancé n’a pas abouti aux résultats escomptés.

Le mémorandum d’entente pour la construction de cette infrastructure économique a été adopté par le conseil des ministres en septembre 2018. C’est la société chinoise Jiangxi Jianglian International Engineering qui a gagné le marché. Le secrétaire général et porte-parole du gouvernement Prosper Ntahorwamiye indiquait qu’aucune offre n’a été réceptionnée dans les délais prévus par les termes de référence. Par conséquent, justifie-t-il, le gouvernement a décidé de sensibiliser ses partenaires pour les intéresser à ce projet. Et Ntahorwamiye de conclure que c’est la seule société qui a démontré les capacités techniques et financières en matière de réalisation de grands projets d’infrastructures. Le projet sera mis en œuvre sous forme de partenariat public-privé (PPP). L’objectif principal de ce projet est de construire un centre commercial moderne qui sera la vitrine commerciale de la ville de Bujumbura.

Les TDR précisent que ce centre commercial comprendra une infrastructure d’au moins 5 niveaux, un parking obligatoire pour 400 à 500 véhicules au sous-sol et en surface, des salles pour conférences, des concerts, des expositions. Cependant, la durée des travaux et le coût estimatif du projet n’ont pas été dévoilés. La société chinoise aura dans ses attributions la réalisation des travaux architecturaux quitte à ce que la place de l’ex-marché central soit moderne et plus attractive.

Paradoxalement, le Deuxième Vice-Président de la République a déclaré dans l’hémicycle de Kigobe que le gouvernement est à la recherche des fonds pour y ériger une infrastructure économique emblématique-une vitrine du pays, a-t-il dit.  Pour le moment, le dossier de la reconstruction de l’espace de l’ex marché centralde Bujumbura est dans les mains du ministère en charge des finances, selon un cadre de la deuxième vice-présidence contacté par téléphone. Notre source indique que le service en charge de la gestion du Partenariat Public-Privé (PPP) statue sur le cas de la valorisation de l’ex-marché central. Nous avons essayé de joindre le responsales de ce service au sein du ministère en charge des finances.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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Le tableau s’assombrit

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Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

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