Ces derniers jours, la viande de porc grillée est très prisée. Les habitants de la capitale économique manifestent de l’engouement envers les produits carnés. Les amateurs d’Akabenzi n’en reviennent pas. Burundi Eco vous amène à la découverte de cette recette tout à fait particulière en vogue à Bujumbura
Il est pile cinq heures de l’après-midi, le reporter du Journal Burundi Eco arrive dans la zone Kamenge. Cette partie de la capitale économique Bujumbura est très mouvementée. Des va et vient des automobilistes, des Tuk-Tuks roulent dans les deux sens. Les piétons et les cyclistes se bousculent sur le trottoir. La zone Kamenge est réputée dans le commerce de la viande. A chaque avenue, rue ou allée, des carcasses de bœuf attirent l’attention des passants.
La 11ème et la 13ème avenue ne font pas exception à la règle. La seule différence est que les bouchers y ont développé un commerce tout à fait exceptionnel, celui de la viande de porc grillée communément appelée « Akabenzi ». Un pseudonyme attribué à la viande de porc en faisant allusion au museau du cochon qui ressemblerait au logo de Mercédès Benz. A cet endroit précis, les carcasses de porc sont en poirier suspendus sur les charpentes des entrées des boutiques de part et d’autre des avenues. Les fumées se dégagent des gros fûts accrochés sur des trépieds métalliques. Comme ce sont les heures de pointe, la plupart des gens rentrent de leur service et certains se pressent au bar chez SAVIMBI pour étancher la soif en attendant un bon plat d’Akabenzi.
Kamenge, «headquarter» des grillades
Japhet* rencontré au bar chez Savimbi ne cache pas son allégresse. Savourant son Amstel bien tapé avec des gouttelettes qui coulent sur la bouteille, il affirme qu’il est un habitué de cet endroit. « Je fréquente souvent ce bar pour profiter des grillades préparées à base de porc. Ils sont très délicieux et abordables », soupire notre interlocuteur.
Dans le temps, la viande était considérée dans la société burundaise comme un produit réservé à ceux qui ont des revenus faibles. Elle était taxée d’insolubilité et très grasse. Certains associaient l’insolubilité des porcheries au goût de la viande de porc. Cependant, la nouvelle technique de préparation et les stéréotypes tombent au fur du temps.
Comment prépare-t-on AKABENZI ?
La technique de préparation d’«Akabenzi» diffère étrangement des autres types de recettes de viande. Après l’abattage de l’animal, il est rasé puis on sépare la couche extérieure formée de graisses de la partie charnue, explique Frédéric Nayuburundi dit SAVIMBI, le cuisinier réputé dans Kamenge. Cela pour réduire les graisses de la viande de porc. Ensuite on la découpe en petits morceaux de 1kg ou d’un demi kilo. Les morceaux découpés sont introduits dans des fours spécialisés. Ces derniers sont fabriqués à base de matériaux locaux. On les place dans un fut hermétiquement fermé dans lequel on a installé un foyer à charbon. On laisse donc griller la viande et quand elle commence à changer la couleur, elle est retirée et enfin trempée dans l’huile portée à très haute température. La dernière phase consiste à morceler des épices et la recette est prête pour la consommation.
Le porc, une manne pour les éleveurs
L’élevage de porc représente un enjeu économique énorme pour les éleveurs. Ces derniers profitent pleinement du malgré les dépenses engendrées par l’entretien des animaux. Le porc peut se reproduire deux fois l’année. Un porcelet est vendu entre 20 000 FBu et 30 000 FBu selon les régions. Un seul animal peut mettre bas une dizaine de porcelets. A l’âge adulte, le porc est vendu à prix assez considérable sans oublier que la porcherie produit de la fumure organique.
Tous les maillons de la chaine de valeur y gagnent des sous. Les commerçants sont également de la partie. La plupart d’entre eux s’approvisionnent directement à l’intérieur du pays. Les transporteurs, les fournisseurs et les revendeurs profitent de cette manne. Un kilo est acheté à 6000 FBu pour être vendu à 7500 FBu après la préparation. Pendant les week-ends, entre 3 et 5 carcasses de porcs sont vendus au bar chez SAVIMBI.
A consommer avec modération SVP
Tout excès est mauvais, dit-on ! La consommation excessive des produits carnés a des effets néfastes sur la santé. Elle expose le sujet à des maladies comme l’obésité, la goutte ou le cancer dans les cas extrêmes. Les nutritionnistes estiment qu’il faut consommer la viande avec modération. Une consommation excessive de viande rouge (plus de 100 g par jour) ou de charcuterie (plus de 50 g par jour) est associée à une légère augmentation du risque de contracter le cancer.
Malheureusement, les bouchers ou les bars ne marquent pas Haram à ces endroits. Ils doivent se souvenir qu’il y a des interdits alimentaires pour certaines catégories de la société. Sinon, nous allons demander secours au gouvernement pour exiger le marquage Halal ou Haram sur tous les restaurants et bars où ces cochons sont consommés.