Malgré ses conséquences nuisibles sur la santé, le tabac continue à être consommé au Burundi. Certains le prennent comme apéritif et / ou pour garder le moral. L’ampleur de sa consommation n’est pas jusqu’ici connue. Des travaux de recherche pour déterminer le degré d’exposition de la population burundaise sont indispensables.
Ferdinand Ndikuriyo, fumeur, est âgé de 32 ans. Il affirme avoir commencé à fumer à 16 ans. « Pendant la crise, je faisais la ronde nocturne. Comme j’avais peur de la nuit et du froid, je prenais la cigarette pour me réchauffer ». Il explique que cette attitude s’est développée jusqu’à devenir une habitude. D’après Ndikuriyo, il fait savoir qu’il fume avant et après le manger. Et cela est aussi vrai pour le déjeuner que pour le dîner. Il n’a pas de souci concernant les maladies qui seraient liées à la consommation du tabac. « On parle de la tuberculose durant tout ce temps, mais je ne tousse que quand j’ai de la grippe », indique-t-il.
« Il est très difficile de déterminer la prévalence du tabagisme au Burundi, étant donné qu’à ma connaissance il n’y a pas eu des études épidémiologiques réalisées jusque-là pour déterminer l’ampleur de la consommation du tabac au Burundi », souligne Dr François Ndikumwenayo, pneumologue. Ce qui est évident, ajoute le médecin, c’est que le tabac est produit et commercialisé au Burundi sous plusieurs formes. Les consommateurs de ce produit appartiennent à toutes les catégories de la population burundaise. Dr Ndikumwenayo cite entre autres les professionnels de la santé, les employeurs, les salariés, les paysans,… Bref, presque tout le monde serait consommateur de tabac. Les mineurs n’en sont pas épargnés, rassure-t-il.
Tabagisme actif et tabagisme passif
Dr Ndikumwenayo distingue deux types de tabagisme. « Le tabagisme actif, c’est-à-dire quand c’est l’individu lui-même qui fume. Une autre forme c’est le tabagisme passif, c’est-à-dire la fumée qui est inhalée par des individus qui ne fument pas ». D’après lui, la localité dans laquelle se trouve l’individu se trouve sera polluée par la fumée. Et toute personne qui se trouvera dans cet espace recevra également de plein fouet la fumée de ce tabac. Cela concerne aussi bien les jeunes que les adultes. « Dans nos pratiques, c’est le fumeur qui se retire. Il est rare qu’un fumeur quitte ses amis, plutôt il reste là tant que sa bière n’est pas terminée. Il fume la cigarette et en même temps ses amis en profitent pour inhaler cette fumée », explique Dr Ndikumwenayo, avant d’ajouter qu’il en est de même pour un membre d’une famille qui fume dans la maison. Il ne protège pas ses enfants ou tout autre personne de la maison qui ne fume pas. Cela alors constitue un tabagisme passif, précise Dr Ndikumwenayo.
Des maladies liées au tabagisme
« Ces maladies sont de plusieurs sortes », indique Dr Ndikumwenayo. Selon lui, il y a des maladies qui apparaissent d’une façon plus ou moins aiguë, et d’autres qui apparaitront beaucoup plus tard, consécutivement un tabagisme actif ou passif. La fumée du tabac constitue un facteur de risque de certaines maladies. Il fait savoir que ce facteur de risque ne veut pas dire que tous les gens qui fument doivent développer ces maladies. On trouve ces pathologies chez les adultes, chez les sujets âgés et chez les enfants qui ne fument pas, mais qui sont enfumés par les adultes. « Les enfants qui vivent dans des familles qui fument ont un risque aigu de développer des maladies respiratoires. Ce sont ces enfants qui seront atteints de la toux, des infections respiratoires, du gène respiratoire », précise-t-il. Chez l’adulte, poursuit Dr Ndikumwenayo, le tabagisme peut causer les mêmes maladies, mais avec le temps cela ne va pas se limiter seulement à ces infections respiratoires qu’elles soient d’origine virale ou bactérienne. « Plus le tabagisme grandit, plus il y a risque de développer les maladies chroniques comme le cancer des poumons et les pathologies cardiovasculaires », renchérit-il.
Une étude épidémiologique s’avère nécessaire
« Il faut qu’il y ait une implication directe de l’Etat pour que l’on puisse faire ces études parce qu’elles coûtent énormément chères aussi bien pour les maladies liées au tabac que pour d’autres maladies. A ma connaissance on ne dispose pas de statistiques épidémiologiques fiables pouvant nous dire que le tabagisme sévit chez la population burundaise en telle ou telle proportion », explique Dr Ndikumwenayo. Il précise qu’on peut trouver des études parcellaires réalisées sur de petits échantillons, qui donnent quelques informations sans toutefois être exhaustive. En l’absence de pareilles études, il sera difficile de planifier et de dire que c’est un problème de santé publique, rassure t-il avant d’ajouter que quand vous ne savez pas que c’est un problème de santé publique, vous n’entendrez pas il n’y aura pas d’actions dissuasives contre les fumeurs.
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