L’union fait la force, dit-on. Les artisans de la province Kayanza l’ont bien compris. Regroupés au sein de la coopérative «Turashoboye», ses 26 membres fabriquent des chaussures, des sandales, des porte-clés, etc. à base de peaux transformées. La rédaction de Burundi Eco s’est entretenue avec le président de ladite coopérative qui parle de la genèse de cette activité et surtout des contraintes auxquelles ils font face
Dans le temps la quasi-totalité des chaussures de luxe étaient importés. Mais petit à petit l’industrie du cuir se développa. Des unités de fabrication se créèrent ici et là à travers tout le pays. La fabrication des chaussures ne diffère pas étrangement du métier du simple cordonnier qu’on voit tous les jours réparer les chaussures.
Les membres de la coopérative «Turashoboye» fabriquent et commercialisent des objets en cuir au chef-lieu de la province Kayanza. En plus de la fabrication des chaussures, la coopérative Turashoboye transforme les peaux de chèvres frais en différents objets en cuir : les ceintures, les portes-monnaies, les porte-clés, les musettes, les sacoches, etc., indique M. Vincent Butoyi, président de ladite coopérative.
Du combattant de la « liberté » au cordonnier
En pleine crise de 1993, Butoyi a rejoint le maquis pour combattre aux côtés des rebelles qui luttaient pour restauration de la démocratie. Après la signature du cessez-le feu, il n’a pas eu la chance d’intégrer les forces de défense nationale et s’est lancé dans le commerce puis dans le service de transport en tant que chauffeur. Après avoir essuyé un échec cuisant dans le commerce puis dans le service de transport, il a eu l’idée d’embrasser d’autres métiers.
L’initiative de créer la coopérative fait suite à la formation que son président a bénéficié de la part de la Chambre Sectorielle Art et Artisanat (CHASAA). Les modules portaient essentiellement sur la fabrication de divers objets en cuir. Après la formation, la CHASAA les a aidés à se constituer en groupements pour plus de productivité. Une dizaine de personnes ont rejoint ladite coopérative dès le début. Et, actuellement, elle compte dans ses rangs 26 membres dont 16 femmes, raconte M. Butoyi.
Un arsenal d’équipements de production
Pour fonctionner, l’atelier nécessite du matériel et des matériaux spécifiques. Le matériel qui est souvent utilisé dans la fabrication des chaussures et autres objets en cuir est diversifié en fonction de la tâche à accomplir. Ainsi, les machines à coudre traditionnelles dites «SINGER», les flots machines et les « cylinder » machines servent au design pour donner de l’esthétique au produit. La machine dit skving intervient pour réduire l’épaisseur des cuirs. Les dynamos électriques servent à polir ou poncer la face extérieure de la chaussure, surtout les semelles.
La plupart des jeunes qui se lancent dans l’entrepreneuriat se heurtent à des problèmes de financement et surtout au manque d’équipements. Ce qui n’a pas été le cas pour les membres de la coopérative Turashoboye. A l’issue de la formation, ils ont reçu un kit complet de la part du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Le juste minimum pour démarrer les activités, dit Butoyi.
Le manque de financement nuit à la compétitivité de la coopérative
Le principal défi est que l’espace est trop étroit pour installer un atelier de fabrication de chaussures digne de son nom. C’est une contrainte quand il faut produire à grande échelle et devenir compétitif. Le président de la coopérative demande aux pouvoirs publics de voler à leur secours en leur allouant au moins un espace de travail. Ils ambitionnent également étendre leur activité à d’autres provinces du pays.
Grâce au soutien de la CHASAA, la visibilité des produits fabriqués est garantie. Nonobstant, les difficultés persistent étant donné que les revenus restent faibles. C’est pourquoi le président de la coopérative Turashoboye demande le concours des bailleurs pour diversifier les produits fabriqués et les produire à grande échelle.
La production reste limitée
La plupart des membres de Turashoboye commencent par la fabrication des sandales et apprennent petit à petit la fabrication des chaussures fermées. La coopérative peut produire entre 60 et 80 sandales et entre 20 et 30 paires de chaussures par mois. Les produits ne s’écoulent pas aussi vite malgré l’affluence des clients. La production, est fonction du rythme de paiement des factures. Ce qui ne serait pas le cas si le capital était consistant, estime Butoyi.
Le président de la coopérative appelle les jeunes à travailler avec vivacité. Lui-même ne voyait pas l’avenir de son business juste au début. Par ailleurs, il certifie que le métier de fabriquant de chaussures fait vivre sa famille. Il fait un clin d’œil aux jeunes qu’il n’y a pas de sot métier comme la plupart le pensent. Le meilleur travail est celui qui rapporte de l’argent.
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