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Droits des détenus : Plus de 130 malades mentaux sous les verrous

La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) vient de publier son rapport annuel qui documente de façon détaillée les conditions de vie des détenus. Des chiffres qui font froid au dos, plus de 13 000 personnes sont actuellement privés de liberté. Parmi eux, des malades mentaux. Les commissaires du CNIDH ont pu recenser 134 personnes avec des troubles mentaux détenus dans tous les établissements pénitentiaires du pays.

Le rapport de la CNIDH encourage les gestionnaires des lieux de détention de faciliter le transfert des malades mentaux vers des prisons où la prise en charge médicale est disponible.

La situation des prisonniers souffrant de maladies chroniques et des prisonniers malades mentaux est aussi préoccupante. Force est de constater que le système judiciaire burundais n’épargne pas une personne atteinte de troubles mentaux. Elle est poursuivie au même titre qu’une personne normale. « Entre juillet et décembre 2023, la CNIDH a recensé 134 malades mentaux dans tous les établissements pénitentiaires du pays », apprend-on du rapport annuel de la CNIDH.

L’institution se félicite de la réactivité des autorités judiciaires qui se sont déjà saisies de la question.  Cependant, la CNIDH recommande la continuation dans ce sens. Elle déplore que certaines prisons soient très éloignées des centres spécialisés pour la prise en charge des malades mentaux. Pour ce faire, le rapport de la CNIDH encourage les gestionnaires des lieux de détention de faciliter le transfert des malades mentaux vers des prisons où la prise en charge médicale est disponible.

Une faible prise en charge de la santé mentale

 Sur sa page Facebook, l’association « Psychologues sans vacances » estime que plus le nombre de cas de troubles mentaux s’accroit plus nous assistons à une stigmatisation des malades par l’entourage et le refus par ignorance de rechercher les soins de santé pour les patients.  « Les familles ou l’entourage du malade ont tendance à penser surtout à une possession par les démons ou à l’ensorcellement ou assimilent les troubles mentaux à la folie », déplore l’organisation.   Cela porte préjudice à la santé par le retard ou le refus de consultation.

Les résultats d’une étude menée sur l’intégration de la santé mentale dans les services de santé primaire menée dans quatre provinces du pays montrent que 47% des enquêtés (2843 ménages) connaissent probablement un épisode de troubles plus sévères. Pire encore, plus de 4 personnes sur 10 présentaient des troubles psychologiques.  La pauvreté extrême, le chômage prolongé, les maladies chroniques, l’hérédité ou la génétique ont été citées comme principales sources des troubles mentaux. La prise en charge des personnes présentant des pathologies mentales reste élémentaire dans la mesure où le pays ne compte que 5 médecins psychiatres et 4 centres spécialisés en santé mentale.

Vers la mise en place d’un Code de santé mentale ?

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) place la santé mentale, le bien-être et les troubles psychiques au rang de priorité. Cet organisme onusien estime qu’il ne pouvait pas y avoir de bonne santé sans intégrer les problématiques de santé mentale : « No Health Without Mental Health ».

Les pathologies mentales menacent l’économie des ménages. Outre les dépenses onéreuses liées au traitement, les patients exerçant des fonctions formelles et informelles perdent définitivement leurs emplois. D’autres se voient refuser l’accès aux revenus d’emploi. « A l’heure actuelle, il n’y a pas de loi spécifique en matière de protection des Droits humains dans le domaine de la santé mentale », déplore Psychologues sans vacances.

Une lueur d’espoir se profile à l’horizon avec le projet de Code de santé mentale en cours d’élaboration. En début de cette année, le document portant protection juridique des personnes atteintes de troubles psychosociaux et de maladies psychiatriques graves a été validé. Le texte validé a été soumis à une commission restreinte multisectorielle pour une dernière relecture.

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Benjamin Kuriyo.

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