A l’approche des élections qui arrivent à grands pas, les personnes vivant avec un handicap physique ou sensoriel demandent à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de prendre les dispositions nécessaires pour que cette catégorie de gens puisse jouir de ses droits civils et politiques. Cet article revient sur leurs attentes.
Les personnes vivant avec un handicap sont souvent victimes d’exclusion dans la société. Parfois, elles ne peuvent pas jouir de leurs droits civils et politiques. A titre illustratif, les sourds et les aveugles sont victimes d’exclusion à cause des difficultés de communication qu’ils rencontrent, que ce soit dans le cercle familial ou dans la société de manière générale.
A part que les personnes vivant avec un handicap sensoriel sont parmi les groupes sociaux sous-représentés dans les postes de prise de décision, la question liée à l’accès à l’information électorale et à la mise en place des dispositions particulières pour que cette catégorie de gens puisse jouir du droit de vote demeure une équation à plusieurs inconnues au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). A la veille des élections de 2025, elles demandent que cette institution puisse prendre les dispositions nécessaires pour qu’elles puissent jouir leurs droits politiques comme tous les autres citoyens burundais.
« On insiste pour demander au gouvernement de prendre en compte les besoins des personnes vivants avec un handicap pendant les élections. Malheureusement, chaque fois qu’on pose la question de savoir les dispositions prises pour que les personnes vivant un handicap puissent voter comme les autres, la réponse est que ces dispositions nécessitent de l’argent et que le pays n’a pas d’argent ou de budget supplémentaire », commente Rémy Ndereyimana, secrétaire exécutif de la fédération des associations des personnes vivant avec un handicap.
Garder le caractère secret du vote, une nécessité
Selon Ndereyimana, pour garder le caractère secret du vote, les bureaux de vote devraient être dotés d’interprètes en langues des signes pour appuyer les sourds. Comme il l’explique, bien que certains sourds sachent lire, ces personnes ne comprennent rien à propos des consignes que les membres du bureau de vote donnent sur place aux électeurs. L’interprète pourrait aider la personne sourde à comprendre ce qu’il doit faire sans recourir à quelqu’un qui va l’aider à voter. Cela permettra d’éviter que le choix de la personne vivant avec un handicap puisse être influencé par d’autres personnes.
Toutefois, M. Ndereyimana révèle que la CENI a fait quelques améliorations car en acceptant de faire figurer les questions qui montreront que l’électeur possède un handicap dans le recensement qui va être effectué avant les élections.
«Tout ce que nous savons est qu’on a intégré certaines questions du Washington group pour savoir si l’électeur a un handicap physique ou sensoriel dans le questionnaire d’enquête.»a-t-il confirmé. Et d’ajouter « La CENI pourra ne pas en tenir compte mais elle comprend qu’il y a un besoin important de le faire »
Et si on disponibilise un bulletin en braille ?
Parmi les personnes vivant avec un handicap qui ont besoin de jouir de leurs droits civils figurent les personnes aveugles. S’exprimant au micro du journal Burundi Eco, Régis Bigirindavyi qui souffre de la cécité indique qu’il est prêt à participer aux prochaines élections de 2025 comme il l’a fait en 2018 lors du référendum sur la révision de la constitution de la République du Burundi. Pourtant, ce psychologue et stagiaire professionnel au sein du FNUAP, révèle qu’une personne l’a aidé à distinguer le bulletin du Oui et de celui du Non.
« C’est difficile pour nous que le vote soit secret, explique-t-il. Si c’est possible, la CENI peut disponibiliser des bulletins en braille afin que nous puissions être autonomes le jour du scrutin.»
Quid des attentes des projets visant le développement inclusif à l’horizon 2025 ?
Pour M. Bigirindavyi, le défi lié à l’accès à l’information est l’un des problèmes majeurs qui hantent les personnes aveugles et qui les empêche d’atteindre un développement durable, car peu de gens de cette catégorie ont accès aux matériels dont les aveugles ont besoin pour chercher les informations sur l’internet.
Ainsi, pour atteindre un développement inclusif, ce psychologue fait savoir que parmi les programmes qu’il faut privilégier en 2025 figure l’éducation des personnes vivant avec un handicap. Il montre par exemple que les machines qui interprètent en braille ne comprennent pas le Kirundi, raison pour laquelle un aveugle illettré ne peut pas facilement accéder à l’information. Cette éducation doit aussi être accompagnée par un appui financier puisque ces matériels coûtent chers.
Remy Ndereyimana, quant à lui, demande à l’Etat et à ses partenaires techniques et financiers de tenir compte des besoins des personnes vivant avec un handicap dans leurs projets de développement. Il indique que souvent le gouvernement et ses partenaires élaborent des programmes qui répondent au Plan National de Développement (PND) en mettant de côté les personnes vivant avec un handicap.
« Nous espérons que les décideurs vont mettre en place des textes et prendre des décisions qui favorisent les personnes vivant avec un handicap », indique -t-il.
Et d’ajouter : « Nous pressons le ministère de la Fonction publique, du Travail et de l’Emploi pour que le code du travail soit revu dans ses principes car, actuellement, une personne vivant avec un handicap est traitée comme une personne malade alors que ce n’est pas le cas, puisqu’ une personne malade pourra à guérir, mais un handicap est un problème récurrent qui empêche quelqu’un d’avoir accès à l’emploi »
Au Burundi, la langue des signes et l’écriture en braille sont moins développées. Pourtant, le pays grouille de personnes vivant avec uns handicap sensoriel. Certaines organisations religieuses et écoles participent à l’éducation morale et intellectuelle de certains d’entre eux. Pourtant, la Radiotélévision Nationale du Burundi semble la seule source d’information électorale pour les sourds.
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