Société

Journée Mondiale de la Population (JMP), Croissance accélérée de la population, un défi transformable en une opportunité

La JMP célébrée le 11 juillet de chaque année arrive au moment où le Burundi connait une croissance démographique élevée. Cependant, une population faible productive supporte  celle qui est nombreuse et non productive. Pour inverser la tendance, le pays doit se doter d’une politique nationale de la population

Pierre Claver Kayiro, démographe : « Le taux de croissance est très grand, soit autour de 2,4. A ce rythme, la population va doubler en 28 ans »

La Journée mondiale de la population (JMP) a été instaurée en 1989 par le conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Son objectif est d’attirer l’attention sur l’urgence et l’importance des questions de population. Cette année, le monde entier célèbre la JMP sous le thème : « La planification familiale fait partie des droits de l’homme ». Avec une superficie de 27 834 km2 et une population de plus de 11, 5 millions d’habitants, le Burundi se conforme également au thème mondial.

50 % de la population pris en charge

« Au Burundi, la structure de la population montre que 50 % de la population a un âge inférieur à 17 ans. C’est une population qui ne produit pas. Elle est prise en charge au niveau de la santé, de l’éducation…par une petite portion de la population qui produit », fait remarquer Pierre Claver Kayiro, démographe.

Cependant, il confirme que cette population peut constituer une aubaine une fois que la politique nationale de la population est élaborée. Il suffit, selon M.Kayiro, d’investir dans l’éducation (pour que cette jeunesse soit compétitive au niveau national, régional et international), dans la santé (avec une bonne santé on produit mieux) et dans la création de l’emploi. Pour justifier cela, M.Kayiro se réfère à la situation des Pays-Bas qui ont une politique nationale de la population. Il indique que ce pays a une densité plus élevée par rapport à celle du Burundi (plus de 400 habitants/Km2).

Pourtant, rappelle-t-il, les Pays-Bas sont plus développés que le Burundi. M.Kayiro explique que pour y parvenir, les habitants de ce pays ont pratiqué la planification familiale, c’est-à-dire la limitation des naissances (mettre au monde le nombre d’enfants qu’on est capable de prendre en charge).

De plus, martèle-t-il, les systèmes de production diffèrent. « Au Burundi, 90 % de la population vivent de l’agriculture de subsistance tandis qu’aux Pays-Bas, seuls 2 % de la population vivent de l’agriculture. Ceux-ci parviennent non seulement à approvisionner la population, mais aussi à exporter », informe M.Kayiro.

Droit à la santé de la reproduction mal intériorisé

« Si on analyse le système éducatif, les statistiques montrent qu’à l’école fondamentale le nombre de garçons est presqu’égale au nombre de filles », précise M.Kayiro. Néanmoins, continue-t-il, le nombre de filles diminue au fur des cursus scolaires. Ce qui fait que la planification familiale n’est pas respectée chez la fille qui abandonne l’école. M.Kayiro témoigne que dans ce cas, la fille va commencer la procréation à bas âge et la continuer jusqu’à la ménopause. Et de déplorer : « Cette situation expose la fille à des naissances précoces, rapprochées ou nombreuses, aux avortements, à des maladies comme les fistules obstétricales…  ». C’est pourquoi, selon M.Kayiro, le mieux serait de garder la fille à l’école pendant une longue période. Il faut aussi mettre en place des stratégies pour la sensibiliser aux bienfaits de la contraception.

Niveau de fécondité très élevé

« Le niveau de fécondité est l’un des plus élevés de l’Afrique subsaharienne », affirme M. Kayiro. La comparaison des résultats de l’Enquête Démographique et de Santé au Burundi (EDSB-II, 2010) et de l’EDSB-III, 2016-2017 montre que la mortalité infantile aurait significativement diminué dans les 10 dernières années. La mortalité infantile est passée de 59‰ à 47‰ entre 2010 et 2016-2017. Les quotients de mortalité juvénile et infanto-juvénile suivent également la même tendance à la baisse entre 2010 et 2016-2017 et sont passés respectivement de 40‰ à 33‰ et de 96‰ à 78‰.

M.Kayiro dit que l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est estimé pour le moment à 5,5 enfants par femme. Pour lui, le taux de croissance est très grand, soit autour de 2,4. « A ce rythme, la population va doubler en 28 ans », confirme-t-il. Bien qu’elle ne soit pas un préalable,  M.Kayiro explique que la baisse de la fécondité par la planification familiale reste un atout. Il signale que le nombre de personnes à prendre en charge diminue et le surplus des moyens dont on dispose est investi dans d’autres secteurs de production et dans la création de l’emploi.

« Ce qui conduit à ce qu’on appelle la dividende démographique, c’est-à-dire l’accélération  de la croissance économique par une baisse rapide de la fécondité et de la mortalité, d’où le changement de la structure de la population », conclut-il.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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