Economie

La Banque centrale renforce son contrôle sur le marché de change

Depuis septembre, la Banque de la République du Burundi (BRB) suit à la loupe les activités de change. Une série de mesures ont été prises pour mettre de l’ordre sur le marché de change. Cependant, la situation reste volatile. Désormais, les voyageurs sont tenus de déclarer les fonds qui dépassent 200 000 BIF, 10 000 USD ou 1 000 FBu en pièces de monnaie. A défaut de quoi, les montants en dépassement seront saisis et déposés à la BRB

La Banque centrale a édicté une nouvelle réglementation relative au marché de change. Celle-ci obligeait aux changeurs de fixer les taux de change journaliers dont la marge bénéficiaire ne dépasse pas 15%, de délivrer des bordereaux après chaque opération, d’acquérir un logiciel. Dès lors, la BRB multiplie les réunions avec les intervenants dans la mise en œuvre de cette réglementation. En date du 14 novembre 2019, une réunion a été organisée à l’intention des actionnaires et des gestionnaires des bureaux de change et des forces de l’ordre pour évaluer l’impact de ces mesures. Ainsi, des manquements ont été relevés en rapport à la mise en œuvre de cette réglementation. Ce sont notamment, la fixation des taux qui ne se réfèrent pas aux taux officiels, une mauvaise exploitation du logiciel (BUREX) qui gère les opérations de change, le marché noir des devises qui persiste.

Prosper Ngendanganya, directeur de la Supervision à la BRB, : « L’obligation de déclarer les fonds n’est pas du tout synonyme de saisie. Par contre, la sécurisation des fonds saisis sera assurée conjointement par les services des douanes et les services des migrations au niveau des frontières »

La semaine dernière, c’était le tour les agents des services des migrations et des services de douanes de l’Office Burundais des Recettes. Les échanges ont porté sur la note relative à la déclaration des billets de banque, des pièces de monnaie et des devises. La nouvelle réglementation intègre également la déclaration des fonds en tenant compte des plafonds. « Les voyageurs se rendant ou venant de l’étranger doivent déclarer aux services des douanes les sommes en cash qui dépassent 200 000 FBu (en billets de banque), 1 000 FBu en pièces de monnaie et 10 000 USD ou l’équivalent en une autre devise », annonce, Prosper Ngendanganya, directeur de la Supervision, de la Stabilité Financière et de l’Inclusion Financière à la BRB.

Des lacunes dans la mise en application effective de la réglementation

Ce cadre de la Banque centrale fait part des lacunes dans la mise en application de cette réglementation. L’objet de la réunion était d’harmoniser les points de vue sur leurs rôles respectifs dans la mise en œuvre de cette réglementation et partant, lever toute équivoque. « Certains agents exigeaient à tout voyageur qui franchissait la frontière de déclarer les fonds à sa disposition sans tenir compte des plafonds. Il s’agit tout simplement d’une mauvaise interprétation de la réglementation », déplore Alphonse Nyobewumusi, cadre de la BRB. Entre autres lacunes relevées : un problème de sensibilisation au niveau des frontières pour les voyageurs. Pour ce faire, les agents en poste au niveau des frontières doivent afficher des notes relatives à cette déclaration, En outre, la BRB a constaté que certains agents éprouvent des difficultés pour compléter le formulaire de déclaration conformément aux informations recherchées par la Banque centrale. Il comporte l’identification du voyageur, les détails du voyage et les montants déclarés. «L’obligation de déclarer les fonds n’est pas du tout synonyme de saisie. Par contre, la sécurisation des fonds saisis sera assurée conjointement par les services des douanes et les services des migrations au niveau des frontières», nuance M. Ngendanganya.   

Tout voyageur qui outrepasse cette réglementation verra les montants en dépassement saisis puis déposés à la Banque centrale, explique Désire Landry Nininahazwa, économiste à la BRB avant d’ajouter qu’il s’agit d’une saisie plutôt conservatoire et pas définitive.

Les transactions monétaires en devises interdites

L’unité monétaire ayant cours légal au Burundi est le Franc Burundais. Par conséquent, toutes les transactions monétaires conclues localement sont exprimées et réglées en BIF. Les visiteurs étrangers qui s’approvisionnent sur le marché local doivent échanger leurs monnaies auprès des intermédiaires agréées, à savoir : les banques et les bureaux de change, rappelle le directeur de la supervision à la BRB dans un communiqué lu ce mercredi 27 novembre 2018.

Pour faire sortir leurs marchandises du territoire burundais, les visiteurs étrangers sont tenus de présenter aux services des douanes les bordereaux délivrés lors du change de leur monnaie contre le BIF pour que ceux soient cachetés avant d’autoriser la sortie des marchandises. Dans le cas contraire, ils présentent auxdits services les documents attestant l’origine des Francs Burundais (BIF) ayant servi à l’achat de ces marchandises, indique M. Ngendanganya.

Depuis 2015, le pays connait une pénurie chronique de devises. Les exportations qui se comptent sur les doigts de la main ne parviennent pas à combler le déficit occasionné par le désistement des bailleurs de fonds. La balance commerciale est largement déficitaire, car le pays importe plus qu’il n’exporte. Sur le marché de change, l’écart entre le marché officiel et le marché parallèle reste une réalité malgré les efforts du régulateur.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

2 commentaires

Les commentaires sont fermés.



éditorial

Le tableau s’assombrit

Le tableau s’assombrit

Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 639

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Le tableau s’assombrit

Le tableau s’assombrit

Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.
  • Journal n° 639

  • Dossiers Pédagogiques