Société

La lutte contre le chômage des jeunes, un pari à gagner

L’instauration des programmes de formation-emploi, la reconversion professionnelle, la création des microprojets de développement sont des solutions à la problématique du chômage au Burundi. C’est du moins l’avis du Directeur Général de l’Office Burundais de l’Emploi et de la Main d’œuvre (OBEM). En outre cette autorité précise que le chômage est dû à une démographie galopante, au gel des recrutements,  à l’inadéquation des profils de formation et au faible développement du secteur privé.

Bien que le chômage soit une réalité au Burundi,  il n’y a malheureusement pas de statiques nettes et globales assez actualisées qui montrent les effectifs des chercheurs d’emplois. Donc, il y a lieu de se demander comment les  intervenants dans ce secteur agissent sans savoir le nombre de personnes qui sont réellement en situation de chômage.

En effet, une étude récente réalisée auprès de 790 jeunes sur l’emploi et l’autonomisation des jeunes au Burundi donne une idée sur la répartition des chercheurs d’emploi selon les régions. Le milieu rural comporte 55,4% de chercheurs d’emplois alors qu’en milieu urbain les chiffres de demandeurs d’emplois culminent à 65,4%. Et, selon les régions, la même étude montre que dans la région centre  du pays, 52,5% des jeunes sont en quête d’emploi, pour la région Centre Est, ils sont à 55,4%. Dans la région Nord, 54,9 % des jeunes n’ont pas d’emploi. Par ailleurs la région Sud enregistre un record de ceux qui ont un emploi. Seuls 38,1 % des jeunes ne travaillent pas. En outre, les données de l’enquête sur les conditions de vie des ménages au Burundi de 2014, le taux de chômage est de 2,4%.

Avant de préciser les causes du chômage, il serait intéressant de définir le chômage. Selon le Bureau International du Travail (BIT), une personne en âge de travailler est en situation de chômage, si elle est sans emploi, disponible et à la recherche active d’un emploi.

Selon Emmanuel Nduwarugira, Directeur Général de l’Office Burundais de l’Emploi et de la Main d’œuvre (OBEM), les causes du chômage au Burundi sont multiples. D’abord il y a cette démographie galopante qui fait qu’il y ait trop de demandeurs d’emploi. L’autre raison est que le nombre d’écoles et d’institutions universitaires a sensiblement augmenté alors que les opportunités sur le marché de l’emploi ne suivent pas le même rythme. Donc, il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande de l’emploi.

M. Emmanuel Nduwarugira Directeur Général de l’OBEM : « Nous incitons les jeunes à être entrepreunants et créatifs pour créer leurs propres emplois ».

Nduwarugira indique que la catégorie la plus touchée est celle des jeunes de 15-25 ans puisqu’actuellement les jeunes terminent normalement l’enseignement supérieur à 24-25 ans. Il y a aussi ceux qui terminent les humanités et les écoles techniques et les déperditions qui sont enregistrées au niveau du système éducatif, explique-t-il.

Des efforts pour réduire le chômage au Burundi

Depuis quelques années, l’Etat, les ONG et la société civile s’activent pour chercher des solutions à la problématique du chômage. Il y a eu la création de l’Office Burundais de l’Emploi et la Main d’œuvre qui participe à l’identification des chômeurs, à leur classement selon les variables âge, sexe, niveau d’instruction. Il organise également des séances de formation pour reconvertir les détenteurs des diplômes dont l’accès au travail est difficile par des programmes leur permettant d’être compétitifs dans d’autres activités telles que l’informatique ou les TIC. En outre, l’office offre des formations emplois ainsi que des programmes sur la culture entrepreneuriale comme l’a indiqué M. Nduwarugira.

Depuis sa création en 2015, l’OBEM a déjà enregistré 7000 jeunes demandeurs d’emploi et environ 300 d’entre eux ont décroché des emplois dans divers secteurs : les banques, le transport, l’éducation et les droits de l’enfant. A cette fin, le Directeur Général de l’OBEM appelle les demandeurs d’emploi à venir s’inscrire à cet OBEM pour bénéficier d’une carte de demandeur d’emploi qui est offerte gratuitement ainsi que des formations en entrepreneuriat.

A côté de l’OBEM, il y a aussi les programmes de développement notamment le projet Emploi Jeunes Ruraux initié par le Fida en partenariat avec le BIT et l’agence burundaise pour l’emploi des jeunes qui donne des stages-formation aux jeunes chercheurs d’emploi. Le projet EJR a permis le renforcement des capacités de près de 2000 jeunes dont l’âge est compris entre 16 et 30 ans des provinces de Bubanza et Ngozi pour encourager la création des entreprises. Avec ce projet, 6 878 emplois (petit commerce et AGR) ont été créés, 1922 emplois (entreprises et coopératives de production de biens et services), 4 123 emplois (activités d’élevage) et 1 407 emplois (coopératives laitières et rizicoles) ainsi que des emplois saisonniers d’une période de 3 à 6 mois.

Malgré tous ces efforts, le taux de chômage reste élevé. Il est plus important en milieu urbain (14,7%) qu’en milieu rural (1,2%), comme le montre les résultats de l’enquête sur les conditions de vie des ménages de 2014. Ce qui montre que la recherche des solutions à cette problématique reste une priorité. Donc, le chemin est encore long dans ce domaine pour éliminer à jamais le phénomène du chômage. Les jeunes doivent donc être impliqués au premier plan dans la résolution de cette équation à plusieurs inconnues. « Nous incitons les jeunes à l’autocréation de l’emploi pour pouvoir créer leurs propres emplois au lieu de s’asseoir. Il faut qu’ils imaginent une AGR et entreprennent de petits projets qui peuvent générer de petits revenus. Et de là démarrer des projets assez consistants pouvant embaucher d’autres personnes ». a souligné le Directeur Général de l’OBEM.

Et de les tranquilliser que malgré la réticence des banques d’octroyer des crédits aux jeunes, il existe d’autres alternatives. Les jeunes soulèvent toujours les questions de financement, mais le financement est une autre étape. Il faut d’abord démarrer même avec un petit capital et si l’idée est commercialisable soit on s’autofinance, soit on cherche des bailleurs à gauche à droite. Il suffit d’oser parce qu’actuellement les jeunes n’osent pas. Ils préfèrent s’associer à la maison au lieu d’aller chercher de petits emplois. Il faut que les jeunes se départissent des anciennes mentalités comme quoi ils ont terminé leurs études et qu’ils vont s’installer dans des bureaux ou être des cadres quelque part.

En conséquence, plus le chômage perdure, plus l’économie du pays est affectée. Le nombre de personnes constituant la population active est inférieur à celui la population dépendante. Cela est dû au fait qu’il y a beaucoup d’individus en âge de produire qui ne produisent pas mais qui vivent au dépend des autres. Donc, il y a plus de bouches nourrir alors que la productivité reste statique. Cette situation dans un pays pauvre comme le Burundi a des  effets sur la vie de la société. Selon l’étude du consortium REJA et ADISCO, le chômage et le sous-emploi provoquent des effets négatifs chez les jeunes. Ce sont notamment les déviations sociales telles que la prostitution et le banditisme, le sentiment de révolte intérieur, la frustration et une perte d’estime de soi.

En définitive, la problématique du chômage concerne tout le monde. L’Etat, les ONG, les jeunes et les parents, doivent contribuer chacun à son niveau et selon ses responsabilités pour réduire le chômage et ses effets. Il est donc urgent de réaliser des études qui couvrent tout le territoire national pour actualiser les données afin de prendre des mesures conséquentes sur la problématique du chômage.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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