Le secteur minier est en passe de détrôner le secteur agricole en termes de rentrées de devises. Cela n’est pas le fruit du hasard. Les autorités administratives et monétaires ont fait du rapatriement des devises leur priorité. En conséquence, les différentes mesures prises à ce sujet portent des fruits
Le secteur minier attire beaucoup de convoitises. Il est parmi les axes d’intervention et les objectifs pour l’orientation stratégique n°1 du Plan National de Développement (PND) 2018-2027. Le plan propose de promouvoir le secteur minier, carrier et pétrolier pour optimiser la contribution de ce secteur à la croissance et au développement socio-économique du pays.
Pour booster l’économie nationale, on doit nécessairement exploiter les différents types de minerais dont le pays dispose. Ce sont notamment les terres rares, les minerais dits 3T, l’or etc. Toutefois, ces minerais diffèrent quant à leur valeur sur le marché international. Contrairement à ce que croit l’opinion, l’apport des terres rares est minime. « Un kilo de terres rares vaut autour de 2 USD alors que la même quantité d’or s’achète autour de 60 000 USD. Ce qui veut dire que même si on atteignait l’étape de production maximale estimée à 5 000 tonnes par an, on aurait autour de 10 millions USD », explique M. Léonidas Sindayigaya, porte-parole du ministère en charge des mines. Le pays peut miser également sur ses gisements de Nickel dont les réserves sont évaluées de 180 millions de tonnes mais qui ne sont jusque-là inexploités faute d’énergie. Le porte-parole se veut rassurant que d’ici trois ans on pourra débuter l’exploitation du Nickel.
Une série de mesures pour valoriser le secteur
L’une des mesures phares a été la suspension de toute exploitation minière pendant une période d’un mois. En septembre 2018, le Conseil National de Sécurité (CNS) avait donné un ultimatum aux opérateurs du secteur minier pour se conformer à la loi. L’exploitation anarchique des mines n’était pas profitable au pays à en croire les propos des autorités. Le porte-parole du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, Léonidas Sindayigaya n’y va pas par quatre chemins. « Le grand problème qui guettait le secteur minier était l’exploitation informelle », a-t-il indiqué
C’était surtout pour mettre de l’ordre dans le secteur. Il y avait des exploitants qui travaillaient sans autorisation préalable du ministère de tutelle. Il s’agissait également de se pencher sur la problématique liée au rapatriement des devises, justifie-t-il. L’impact de ces mesures est perceptible. Pour avoir une idée, poursuit notre interlocuteur, en 2018 les exploitants illégaux payaient autour de 18 millions de FBu d’amendes par mois alors qu’actuellement les amendes n’atteignent pas 600 000 FBu. Ce qui montre que les exploitants miniers se sont conformés au prescrit de la loi. Par rapport à la récente mesure qui accorde l’exclusivité de l’achat à la Banque centrale, M. Sindayigaya fait savoir que cela relève de la politique monétaire générale. En s’appuyant sur les propos des spécialistes, il précise que plus la Banque centrale dispose d’un grand stock d’or, plus la monnaie burundaise devient plus forte.
En plus des décisions, des réunions trimestrielles ont été tenues sous l’égide du chef de l’Etat à l’intention de tous les intervenants dans le secteur minier. Par conséquent, les recettes du secteur minier augmentent en flèche. Les devises provenant de ce secteur étaient évaluées à 12 millions USD entre avril et juillet 2019. A la fin du mois de novembre de la même année, les recettes du secteur minier ont dépassé 74 millions USD.
Vers la maîtrise du non rapatriement des devises
Les autorités se sont mobilisées pour sensibiliser les opérateurs du secteur minier au rapatriement des devises. Le rapatriement des devises générées par les minerais a diminué de moitié depuis 2017, a-t-on appris d’une réunion animée par le Deuxième Vice-Président de la République à l’intention des exploitants miniers en octobre 2018. Les statistiques de la BRB montrent d’une manière générale que le Burundi comptait tirer de la vente des minerais 44.957.519 USD rapatriés pour l’exercice 2017, mais n’a reçu que 15. 957. 288 USD. La valeur des minerais exportés est de 76.225.831, 61 USD. Celle rapatriée est de 30.595.428, 34 USD pour l’exercice 2018.
A cette époque, la situation du rapatriement des devises en provenance de l’exportation de l’or est alarmante. Plus de 83 % des recettes en devises pour l’or exporté n’ont pas été rapatriées. La quantité de l’or exportée est de 1. 490, 06 kg. La valeur à l’exportation est de 55.087.548,12 USD. La valeur rapatriée est de 9. 736.714,74 USD tandis que celle à rapatrier est de 45.350.833, 38, soit 82, 33 %. Les exploitants miniers ont été sommés de faire transiter les devises issues de la vente des minerais par la Banque centrale. Cela est non seulement profitable à l’économie nationale, mais aussi facilite le contrôle et la traçabilité des minerais, confie M. Sindayigaya.
Au début du mois de décembre 2019, la valeur des minerais exportés était estimée à 74 207 608 USD. C’était le montant global prévu à l’exportation. Les devises rapatriées qui ont transité par la BRB à cette période étaient estimées à 74 046 704 USD. La valeur non rapatriée ne représente que 0,31%. Ce qui démontre à suffisance que la mesure de rapatriement des devises est effective, se réjouit-il.
L’impact des mesures prises
Pour le porte-parole du ministère en charge des mines, les raffineries aideraient dans le contrôle des activités minières. Il déplore la sous-déclaration des minerais après le raffinage. « Un exploitant peut exporter 100 tonnes de minerais et déclarer 100 kg après le raffinage, car le ministère n’a pas les possibilités de contrôler tout le processus de raffinage », regrette-t-il. Il annonce le lancement des activités de raffinage pour les minerais moins exigeant, notamment pour l’or. Le raffinage de l’or est prévu sous peu en province de Cibitoke. Par contre, d’autres minerais, notamment les terres rares exigent des techniques de raffinage très sophistiquées. Leur raffinage est délicat, car elles sont trop polluantes et exigent assez d’espaces pour installer les équipements de traitement. Pour ce faire, la construction d’une usine de raffinage exige des études approfondies pour évaluer l’impact du traitement des terres rares au niveau local, insiste-t-il.
Au cours de l’exercice 2019 (jusqu’en novembre), les quantités de minerais produites se présentent comme suit : 831 kg d’or, 300 tonnes de terres rares, 16 tonnes de colombo-tantalite ou Coltan, 340 tonnes de cassitérite et 215 tonnes de Wolframite.
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