Transport

A quand la reconstruction de la RN 3 ?

Incontournable dans l’économie du pays, la Route Nationale numéro 3 Bujumbura-Nyanza-Lac longeant le lac Tanganyika vers le Sud du pays est dans un état déplorable. Le trafic routier a chuté par rapport aux années antérieures. Des nids de poule s’observent tout le long de cette route. Les conducteurs faisant le transport en commun lancent un cri d’alarme. Le gouvernement avait promis sa réhabilitation depuis 2015. Des accords de financement avec différents partenaires du Burundi sur les projets de reconstruction de cette route ont été ratifiés

Prendre la Route Nationale numéro 3 est un calvaire pour les passagers. Désormais, en terre pétrée sur une grande partie, cette route presque déserte est jonchée de nids de poule. Des passagers se plaignent de subir des secousses durant tout le trajet. Les usagers de la route Bujumbura-Nyanza-Lac (commerçants, passagers, conducteurs) déplorent qu’un trajet jadis d’une heure et demie est actuellement faite en plus de trois heures. De Bujumbura jusqu’à Gitaza, les conducteurs roulent à plus de 80 km à l’heure. La route est parfaitement bien goudronnée. Ce n’est qu’après Gitaza que le calvaire commence.

La Route Nationale numéro 3 est dans un état déplorable. Des nids de poule s’observent tout au long du trajet. Les conducteurs faisant le transport en commun font savoir qu’ils enregistrent des manques à gagner.

Des pertes énormes pour les usagers

Les chauffeurs faisant le transport en commun expliquent qu’ils enregistrent des pertes suite au mauvais état de cette route. Fabien Bukuru, chauffeur de bus de type « Coaster » faisant le trajet Bujumbura-Rumonge rencontré sur le parking Sud se trouvant derrière l’ancien marché central de Bujumbura s’apprête à démarrer son bus vers Rumonge. Il indique que les conducteurs faisant ce trajet enregistrent un manque à gagner. «Lorsque la route était en bon état, on faisait une heure pour arriver à Rumonge. Actuellement, on fait entre 3 heures et 4 heures. Par jour, on fait un seul tour (trajet-aller) alors qu’avant on pouvait faire deux ou trois tours». Ce conducteur explique que les pertes enregistrées sont énormes. « Les clients sont en nette diminution. Les passagers désirant rejoindre Makamba ou Bururi préfèrent actuellement emprunter la RN7 », informe-t-il. Il fait également savoir que les conducteurs qui font le transport en commun font beaucoup de dépenses dans l’entretien des véhicules.

« Nous sommes également à couteaux tirés avec les passagers. Certains nous accusent de mettre plus de temps pour boucler ce trajet alors que cela demande de conduire attentivement pour éviter des pannes éventuelles causées par des nids de poule ». Fabien Bukuru demande que l’Etat puisse s’impliquer rapidement dans la réhabilitation ou la reconstruction de cette infrastructure.

Les accords de financements conclus

Au ministère en charge des infrastructures, on indique que les accords de financement des projets de reconstruction de la route nationale numéro 3 Bujumbura-Nyanza-Lac, tronçon Gitaza-Rumonge et Rumonge-Nyanza-lac ont été conclus.

Les travaux de reconstruction du tronçon Gitaza-Rumonge (45 km) ont été financés par la Banque Afrique de Développement (BAD). Les travaux seront exécutés par la société SOGEA SATOM. Les contrats entre cette société et le gouvernement sont actuellement sous analyse à la BAD pour le démarrage des travaux selon Jeanne Mukenguruka, porte-parole du ministère des Infrastructures, Equipement, Logements Sociaux. « Nous attendons les autorisations de la BAD afin de démarrer les travaux », a-t-elle précisé lors de l’émission publique des porte-paroles des institutions publiques qui s’est tenue à Kirundo vendredi le 2 mars 2021. Elle ajoute que la société s’y prépare assidûment (recrutement des travailleurs et achat du matériel).

Pour le tronçon Rumonge-Nyanza Lac (52 km), Jeanne Mukenguruka indique que les travaux seront financés par les banques arabes. Il s’agit entre autre du Fonds Saoudien pour le Développement (FSD), du Fonds Koweitien pour le Développement Economique ainsi que de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA). « On est actuellement à l’étape de l’attribution des marchés. L’analyse des offres est déjà terminée. Le rapport a été envoyé aux bailleurs », a fait savoir la porte-parole du ministère en charge des infrastructures. En attendant la réhabilitation complète de cette route, des travaux confortatifs, notamment le bouchage des nids de poule se font pour faciliter le trafic sur la RN3.

La reconstruction de la RN3 rentre dans la droite ligne de la politique du gouvernement du Burundi d’une part et de la Communauté Est Africaine d’autre part en matière de développement du secteur des transports. Elle vise le désenclavement régional et national du pays en donnant la priorité aux  corridors Nord, Central et Sud permettant de désenclaver le Burundi et de relier le Burundi aux différents ports des pays voisins. Cette route va stimuler les échanges commerciaux entre les pays de la sous-région en favorisant l’intégration régionale, le désenclavement des zones rurales situées le long de l’axe et dans sa zone d’influence et la  valorisation du potentiel  touristique et de pêche du lac Tanganyika. La reconstruction de la RN3 va réduire les coûts de transport des produits agricoles et halieutiques vers les principaux centres de transformation et de commercialisation.

A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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