Depuis quelques semaines, la fièvre de la vallée du rift attaque les bovins, surtout au Nord du pays. Pour limiter la propagation de cette pathologie, les administratifs ont fermé les marchés de bétails. En conséquence, la Société de Gestion de l’Abattoir de Bujumbura (SOGEAB) enregistre des pertes, car les activités y sont au point mort
Nous sommes mercredi le 1er juin 2022. Il est 8h. Nous sommes dans les enceintes de l’abattoir privé de Bujumbura appartenant à la Société de Gestion de l’Abattoir de Bujumbura (SOGEAB). Il se situe aux environs du campus Kamenge de l’Université du Burundi. A l’entrée de cet abattoir s’observent quelques femmes qui étalent par terre la pâte de manioc dite « uburobe ». « Dans les conditions normales, avant midi, il s’y observe beaucoup plein d’animaux domestiques tels que les vaches, les chèvres… mais ces derniers jours, ce ne sont que quelques chèvres qui y circulent de temps en temps », indique une femme assise par terre. Dans la cour de l’abattoir, les abatteurs ou « abayangayanga » sont assis dans de petits groupes comme s’ils n’avaient pas une occupation. Et dans le bâtiment réservé à l’abattage des chèvres, nous constatons que seulement sept chèvres ont été égorgées. « Quand les choses vont bien, au moins 50 chèvres sont égorgées jusqu’à 9 heures du matin », indique un abatteur de chèvres avec un couteau bien aiguisé dans sa main.

Après que la fièvre de la vallée du rift a été déclarée, l’abattoir de Bujumbura travaille à perte. (Photo : © BNP Magazine)
La raison est qu’il n’est plus possible d’aller à l’intérieur du pays pour amener les animaux (vaches, chèvres et moutons). Les marchés des bêtes ne sont pas opérationnels à cause de la fièvre de la vallée du rift qui attaque les vaches depuis deux ou trois semaines. Les quelques chèvres qui sont disponibles proviennent des périphéries de la ville de Bujumbura. Nous avons passé environ une heure dans cet abattoir de Bujumbura et nous n’y avons aperçu aucune vache. Un homme d’une quarantaine d’années qui travaille dans cet abattoir est inquiet : « Si cette situation persiste, je risque ne pas tenir pendant longtemps. Il n’y a plus de travail ».
La direction de SOGEAB s’en inquiète
« A cause de la fièvre de la vallée du rift, la quasi-totalité des marchés de bétails sont fermés. En conséquence, les activités de l’entreprise SOGEAB sont au point mort même si nous abattons encore des porcs et quelques petits ruminants », fait savoir Hubert Mbabazi, directeur général de SOGEAB. L’effectif des animaux abattus par jour a diminué. M. Mbabazi précise que quand tout va bien, en moyenne, 50 bovins, 150 petits ruminants et une vingtaine de porcs sont abattus par jour. Mais depuis une semaine, on n’abat plus de bétail sauf quelques chèvres qui proviennent des environs de la ville de Bujumbura.
C’est une énorme perte, non seulement pour la SOGEAB, mais également pour l’Etat du Burundi et la mairie de Bujumbura. A titre illustratif, pour abattre les animaux, les propriétaires des bêtes paient les frais d’abattage : 15 000 FBu pour une vache et 2500 FBu pour les petits ruminants. L’Office Burundais des Recettes (OBR) perçoit ses différentes taxes comme la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) de 18% des frais d’abattage et le prélèvement forfaitaire de 1000 FBu par vache ainsi que 500 FBu par petit ruminant. Et la mairie de Bujumbura perçoit 3000 FBu par bovin et 500 FBu par petit ruminant. La liste de ceux qui travaillent à perte n’est pas exhaustive. Il y a aussi les transporteurs des bétails, les boucheries, les restaurants, les snacks bars, etc.
«Les salaires de notre personnel proviennent des frais d’abattage. Si ce problème persiste, nous serons tôt ou tard incapables de le rémunérer comme il faut. Nous espérons que la fièvre de la vallée du rift sera maîtrisée d’ici peu pour que nous puissions redynamiser nos activités», fait savoir M. Mbabazi. L’abattoir de Bujumbura dispose d’un personnel permanent d’une vingtaine de personnes et d’une centaine d’abatteurs payés par les propriétaires des animaux.
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