Parmi les principaux défis auxquels fait face l’Agence Nationale de Gestion du Stock Stratégique Alimentaire (ANAGESSA) figure le problème des conditions de conservation des récoltes. Pour pallier ces défis, le gouvernement du Burundi prévoit la construction de hangars modernes et la réhabilitation des silos à Gitega et à Ngagara. Mais à quand la mise en œuvre de ces projets ? Le plus tôt sera le mieux.

Pour assurer une bonne conservation des récoltes, le gouvernement prévoit de construire de grands entrepôts et de réhabiliter les silos à Gitega et à Ngagara.
L’un des objectifs de l’ANAGESSA est de garantir une gestion efficace des récoltes afin d’éviter les pertes et d’assurer une disponibilité continue des denrées alimentaires. Une telle continuité nécessite des soins dès la culture, au moment de la collecte, et surtout, de bonnes conditions de conservation. Cependant, lors des éditions précédentes de l’ANAGESSA, des lacunes ont été observées, en particulier le manque d’entrepôts adaptés, obligeant à déplacer les récoltes vers d’autres lieux comme des salles de classe, qui ne respectent aucune norme de conservation.
En 2022, une grande partie des récoltes gérées par l’ANAGESSA a été perdue à cause de mauvaises conditions de conservation. En 2023, une situation similaire a failli se produire. En 2024, selon les députés ayant visité les hangars de stockage dans différentes provinces, les récoltes collectées risquent de subir le même sort.
Pourquoi ces problèmes récurrents ?
« Les entrepôts conformes aux normes sont peu nombreux », a déclaré Prosper Dodiko, ministre en charge de l’agriculture, lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale le 27 février 2025. Selon lui, pour garantir une bonne conservation des récoltes, le gouvernement prévoit de construire de grands entrepôts et de réhabiliter les silos érigés à Gitega et à Ngagara. Selon lui,le Japon a accepté de financer la construction de deux hangars répondant aux normes. Concernant les travaux de réhabilitation des silos existants, leur coût élevé a conduit le gouvernement à chercher des partenaires. Ces travaux sont prévus dans le cadre du programme PRODER, financé par le FIDA.
Le ministre Dodiko explique que la réhabilitation des silos suit des procédures strictes, ce qui ralentit leur mise en œuvre. Un rapport a toutefois été fourni par l’entreprise retenue pour ces travaux. Parmi les actions à mener, il sera nécessaire de remplacer les pièces métalliques endommagées ou volées. Selon le ministre Dodiko, à cet effet, le FIDA collabore avec des experts français pour s’assurer que les pièces nécessaires sont encore disponibles sur le marché avant le lancement du dossier d’appel d’offres.
Un manque de planification ?
Depuis sa création par un décret présidentiel en mai 2018, l’ANAGESSA suscite des avis mitigés. Certains saluent son importance, mais soulignent des lacunes en termes de planification. Les députés, préoccupés, ont critiqué son fonctionnement. Selon Honorable Daniel Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée nationale, un conflit d’intérêts semble évident dans les opérations de l’ANAGESSA. Pour lui, l’agence ne devrait pas être responsable à la fois du stockage des récoltes et de leur vente. « Comment peut-on garantir que les quantités déclarées correspondent réellement aux stocks existants ? », s’interroge-t-il.
D’autres députés remettent en question le système de planification et d’évaluation des activités de l’ANAGESSA. Selon eux, tout devrait s’appuyer sur des statistiques fiables. Ils trouvent étrange qu’on découvre que les récoltes ont dépassé les attentes uniquement lors de la collecte. Ils recommandent une révision du système de planification et d’évaluation de l’ANAGESSA, car il s’agit de l’argent du contribuable burundais qui est en jeu.
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