Gouvernance

Asseoir la bonne gouvernance : La présidence y parviendra-t-elle ?

La bonne gouvernance est désormais rattachée à la présidence de la République du Burundi. Parmi les stratégies mises en place pour la garantir, l’installation des boîtes à suggestions  dans tous les chefs-lieux des communes a été déjà prônée. La présidence, Va-t-elle gagner le pari ? Wait and see

Ces derniers jours, Evariste Ndayishimiye, nouveau chef de l’Etat a mis en place un nouveau gouvernement. Des changements s’observent. Ce sont entre autres la fusion de certains ministères. Ce qui a fait qu’il y a eu diminution des ministères. Actuellement, il n’y a que 15 ministères au lieu de 21 dans le gouvernement précédent. Aujourd’hui, le ministère de la Bonne Gouvernance n’existe pas. Ses missions sont actuellement dévalues à la présidence. Pour garantir la bonne gouvernance, on a déjà annoncé que des boîtes à suggestion seront installées aux chefs-lieux de toutes les communes du Burundi. L’objectif est de faire asseoir la bonne gouvernance dans tout le pays.

Certains administratifs ou autres responsables s’adonnent aux malversations économiques, la corruption, etc. Néanmoins, la population a peur de dénoncer les auteurs de ces forfaits pour ne pas subir des représailles. La mise en place des boîtes à suggestions est une stratégie qui pourra contribuer efficacement au renforcement de la bonne gouvernance, car l’auteur ne va pas connaître celui qui l’a dénoncé. Le dépouillement sera effectué au niveau de la présidence après une certaine période. On va analyser chaque cas et va suivre le processus des sanctions.

Des pièges tendus à ceux qui se foutent de la bonne gouvernance

Le président Ndayishimiye reconnait que certains secteurs sont plus gangrenés par la corruption que d’autres. «Il ne reste qu’à tendre des pièges aux auteurs pour les arrêter. Espérons qu’ils vont se corriger immédiatement pour ne pas tomber dans le piège alors qu’ils sont avertis», a-t-il lancé. M. Ndayishimiye a invité à tous les citoyens à dénoncer les cas d’injustice qu’ils subissent. « Je sais qu’il y en a qui ont peur de dénoncer les cas de corruption ou d’injustice. C’est pourquoi je vais placer des boîtes de suggestions dans toutes les communes. Ceux qui auront à dénoncer de tels cas, pourront le faire à travers ces boîtes à suggestions. Elles seront uniquement ouvertes par mes envoyés spéciaux », a-t-il promis. Il a aussi encouragé l’Office Burundais des Recettes dans son travail de collecte des taxes et impôts. « Je veux que toutes les fuites soient récupérées. Nous voulons arriver à l’autofinancement du budget national à 100% », a-t-il conclu.

Faustin Ndikumana, consultant indépendant : «le ministère de la Bonne Gouvernance devrait rester pour aider techniquement la présidence dans le traitement des dossiers y relatifs».

Les boîtes à suggestions, bonne stratégie

Hilde Coyitungiye, habitant la zone Kinama fait savoir que la mise en place des boîtes à suggestions est une bonne stratégie pour garantir la bonne gouvernance.  Elle espère que la situation va s’améliorer. C’est le même son de cloche pour Emmanuela Ninziza rencontrée au chef- lieu de la commune Ntahangwa. Elle demande que celui qui va effectuer le dépouillement soit neutre et transparent.

« Le ministère de la Bonne Gouvernance devrait rester »

A voir  le  niveau de corruption affiché par notre pays, Faustin Ndikumana, consultant indépendant fait remarquer que le ministère de la Bonne Gouvernance devrait rester pour aider techniquement la présidence dans le traitement des dossiers y relatifs. C’est une structure technique de suivi et de mise en application des réformes qui sont très importantes pour mener la politique de lutte contre ce fléau. Il salue la mise en place des boîtes à suggestions dans toutes les communes annoncée par le président Ndayishimiye pour être constamment informé sur l’état des lieux de la corruption. Il craint que les autorités ne s’entendent sur l’émissaire qui va ramasser ces doléances afin de fausser la situation réelle de la corruption qui prévaut dans le pays. Il propose la mise en place des comités locaux de la bonne gouvernance pour renforcer la dénonciation citoyenne. Ces derniers devraient être indépendants et regorger des activistes syndicaux, de la société civile et des hommes d’église. Et les médias doivent recouvrer la liberté pour dénoncer les cas de corruption.   

Pour bien garantir la bonne gouvernance, six indicateurs doivent être pris en compte. Il s’agit des libertés civiques, de l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, de la liberté d’information, de l’efficacité gouvernementale, de l’Etat de droit et  du contrôle de la corruption.

Les libertés civiques mesurent la performance du pays sur l’expression de la liberté et les croyances, les droits associatifs et des organisations, l’Etat de droit et les droits humains, l’autonomie personnelle, les droits économiques et individuels et l’indépendance du système judiciaire. L’instrumentalisation de la religion à des fins politiques mesure la performance du pays sur la qualité du processus électoral, le pluralisme politique et la participation, la corruption et la transparence au niveau gouvernemental ainsi que le traitement politique juste des groupes ethniques. La Liberté d’information mesure le degré de participation des citoyens dans le choix de leur gouvernement, aussi bien que la liberté d’expression, la liberté d’association et l’indépendance des médias.

L’efficacité gouvernementale mesure la qualité de la fonction publique et son indépendance des pressions politiques, la qualité de la formulation de la politique de  l’emploi et sa mise en œuvre et la crédibilité de l’engagement du gouvernement par rapport aux politiques envisagées.  L’Etat de droit mesure à quel point les individus et les compagnies portent la confiance ou la défiance par rapport aux lois de la société.   Le contrôle de la corruption mesure respectivement le niveau d’exercice du pouvoir à des fins personnelles,  la petite corruption,  la grande corruption,  la capture de l’Etat par les élites et les intérêts personnels,  la capacité politique et institutionnelle à combattre efficacement la corruption.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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