Jouant un rôle primordial dans la prise en charge des dommages occasionnés par un accident de roulage, l’assurance responsabilité civile automobile (RC automobile) est une branche très importante de l’assurance au Burundi. Malheureusement, cette branche de l’assurance fait face à des difficultés financières. Les assureurs alertent sur les conséquences de cette mauvaise santé financière au niveau du service offert aux clients
Les performances des sociétés d’assurance du Burundi restent à améliorer selon les observateurs. Alors que les assureurs affirment que l’espace reste vaste pour les nouveaux investisseurs, les défis liés aux finances ne manquent pas. Certaines branches s’y prennent bien alors que les autres ne sont pas à la hauteur et courent le risque d’éclatement. Les chiffres montrent que l’assurance responsabilité civile automobile s’est taillé la part du lion au niveau de la charge des sinistres sur une période de 3 années.
Dans un document de présentation globale de l’état des lieux de l’industrie des assurances au Burundi en août dernier, la prise en charge des sinistres par branche de l’assurance responsabilité civile automobile se stabilisait à 9,3 milliards de FBu dont 8 milliards de FBu liées aux risques de responsabilité civile tandis que les autres risques automobiles n’ont représenté que 1,3 milliards de FBu. La catégorie «Accidents corporels et maladies» prend la deuxième place avec une charge de sinistres de 4,4 milliards de FBu et la troisième place revient à l’assurance « Incendie et autres dommages aux biens » qui dispose d’une charge de sinistres de 1,4 milliards de FBu. D’autres branches d’assurance ont des charges de sinistres inférieures à 600 millions de FBu dont celle relative à l’assurance « RC générale » qui est négative.

Le taux des sinistres à prime est resté au-dessus de 65% considéré comme un taux normal de référence dans la gestion des assurances sur une période de 3 années consécutives.
Mauvaises performances pour l’Assurance responsabilité civile automobile
Le rôle de l’assurance responsabilité civile automobile (RC automobile) est primordial pour la population. Prenant en charge les dommages matériels et corporels occasionnés par un accident de roulage, cette branche d’assurance n’est pourtant que peu performante. Le principal défi auquel fait face l’assurance responsabilité civile automobile est lié aux énormes dépenses qu’elle subit.
Le taux des sinistres à prime est resté au-dessus de 65% considéré comme un taux normal de référence dans la gestion des assurances sur une période de 3 années consécutives. En effet, alors que ladite branche avait un taux atteignant 82,8% en 2017, elle affichera des taux de 79,4% et 93,6% respectivement au cours des années 2018 et 2019. Ainsi, la moyenne des taux de sinistres pour cette période se stabilisera à 85,26%. Ce qui constitue un indice de la mauvaise santé financière de cette branche.
Des retombées négatives sur la qualité du service offert aux clients
Réagissant à propos de la qualité du service offert par l’assurance responsabilité civile automobile à ses clients lors d’une interview qu’il a accordée au journal par Burundi Eco en septembre 2020, Tatien Sibomana, secrétaire exécutif de l’Association des Assureurs du Burundi (Assur) a fait la part des choses. «D’un côté, les victimes des différents sinistres peuvent avoir raison de dire que les assureurs ne les indemnisent pas correctement ou ne les indemnisent pas en temps utile», a-t-il affirmé. Pour lui, il y a des situations où les assureurs se trouvent dans l’impossibilité d’indemniser les victimes des sinistres en temps utile faute de liquidités. Vétéran de l’industrie d’assurance burundaise, Sibomana tente d’expliquer le problème. « L’opinion pense que les sociétés d’assurance disposent de beaucoup d’argent, mais ignore les réalités internes à chaque entreprise d’assurance », a-t-il réagi. Il fait savoir que les accidents de la circulation routière causent des dégâts énormes qui nécessitent de grosses indemnisations.
Cependant, il fait savoir que la prime payée par le propriétaire d’un véhicule qui a causé l’accident est très minime. Pour bien peindre le tableau, il a donné un exemple : « Imaginons s’il y a plusieurs décès dans un seul accident qui doivent être indemnisés à hauteur d’un montant de 200 millions de FBu ou même plus alors que l’assuré ne cotise qu’un million de FBu par mois, combien de bus la société d’assurance aura assuré pour totaliser ces 200 millions de FBu? », interroge-t-il. Selon cet homme qui suit de près l’activité des assureurs, des accidents d’une telle ampleur peuvent toujours arriver et de manière spontanée. Dans ce cas, d’après la même personne qui estimait que les primes payées restaient très faibles, l’indemnisation en temps utile dans les délais légaux est impossible.
Les sociétés d’assurance réclament depuis un certain temps la revue à la hausse du tarif minimum de la RC automobile pour tenir compte les réalités de terrain. Ces derniers indiquent qu’il y a risque d’abandonner la vente de la RC automobile.
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