Commerce

Barrières internes de perception des taxes : comment se présente la situation ?

Dernièrement, les barrières  mises en place pour la perception des taxes  ont fait parler d’elles. Certaines autorités locales avaient même pris la décision d’interdire carrément la circulation de certaines denrées alimentaires  pour protéger la population  contre les pénuries.  Actuellement, la situation a changé même si quelques barrières persistent

François Bizimana est un marchand des pommes de terre au marché Bujumbura City Market (BMC) communément appelé ‘’Chez Sion’’. Il a indiqué au reporter de Burundi Eco qu’il paie 5000 FBu par tonne  à Mwaro  où il s’approvisionne. Ensuite, il paie 4000 FBu  à Musaga après avoir montré les tickets de paiement reçus  à Mwaro. A l’entrée du marché il doit encore s’acquitter d’une somme de 3000 FBu par tonne. Au total, cela représente une somme de 12000 FBu de taxes qu’il doit payer par tonne avant de vendre ses pommes de terre. C’est l’équivalent de 12 FBu de taxe par kg de pommes de terre.

François Bizimana, commerçant de pommes de terre au BMC : «Si je pouvais payer une fois pour toutes à Mwaro où je m’approvisionne,cela m’arrangerait beaucoup. En fait, la taxe et les autres frais pèsent à la fois sur le producteur et l’acheteur car je les répercute sur le prix du kg de pommes de terre vendu et cela a un impact sur la quantité vendue par jour»

Aux taxes il faut ajouter d’autres frais

Les taxes ne sont pas les seules dépenses qu’il fait pour acheminer sa marchandise à bon port. Le chargement et le déchargement coûtent 14000 FBu par tonne tandis que les sacs dans lesquels il emballe ses pommes de terre lui coûtent 500 FBu par  pièce. Ce n’est pas tout.  Bizimana paie 50 Fbu par kg pour le transport et 118 000 FBu de loyer pour son stand, soit à peu près 4000 FBu par jour. Cela fait un prix de revient moyen de 620 FBu par kg. Or il s’approvisionne à 500 FBu par kg. Il revend ses pommes de terre à 650 FBu par kg. Ce qui lui fait une  marge bénéficiaire de 30 FBu par kg. Bizimana affirme vendre 2 à 3 tonnes par jour. Il s’en sort bien. Mais il  avoue que la taxe et les frais combinés de 120 FBu par kg  sont un peu trop lourds pour son business. « Si je pouvais payer une fois pour toutes à Mwaro où je m’approvisionne cela m’arrangerait beaucoup. En fait, la taxe et les autres frais  pèsent  à la fois sur le producteur et sur l’acheteur car  je les répercute sur le prix du kg de pomme de terre vendue et cela a un  impact sur la quantité vendu par jour», a affirmé notre cher  Bizimana. Néanmoins, il a affirmé que les barrières internes ne sont pas vraiment trop excessives.

La situation n’est pas trop alarmiste     

Un autre commerçant au BMC qui a tenu à garder l’anonymat a donné des chiffres similaires à ceux de Bizimana, mais lui s’approvisionne à Kayanza.   Il prend une petite quantité qu’une voiture dénommée Probox peut embarquer, c’est-à-dire 500 kg. Chaque Probox rempli de pommes de terre paie 2000 FBu à Kayanza. Il paie la même somme à l’entrée de la ville de Bujumbura, c’est-à-dire à l’endroit communément appelé Iwabowabantu et à  l’entrée du marché. Cela fait un total de 6000 FBu par Probox. Lui aussi a avoué que ce n’est vraiment pas une mer à boire les taxes qu’il paie depuis Kanyanza jusqu’au marché ‘’Chez Sion’’

Tout le monde gagne quand il y a une fluidité de la circulation des marchandises  

Les différentes régions du pays n’ont pas les mêmes caractéristiques pédologiques et climatiques. C’est cela qui fait qu’il y ait beaucoup de variétés de produits agricoles. Une province donnée a besoin d’avoir les produits qui ne poussent pas chez-elle. En plus, dans les villes on ne cultive pas. « Comment les citadins pourraient-ils se nourrir si toutes les provinces se mettaient à interdire la circulation des produits agricoles par exemple?, s’est interrogé Noël Nkurunziza, Secrétaire Général et Porte-Parole de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO). Le cultivateur y trouve son compte s’il peut vendre ses produits à un bon prix. Le consommateur est satisfait quand il trouve facilement les produits dont il a besoin. L’Etat y gagne aussi, car il perçoit des taxes sur la vente de ces produits. Pour autant, il doit veiller à ce que les barrières mises en place pour la perception des taxes ne nuisent pas à la circulation des marchandises. Au cas contraire, les commerçants perdent trop de temps et d’argent sur ces barrières.  Le temps est précieux pour les commerçants, a souligné M. Nkurunziza. « Time is money » comme aiment le dire les Anglais.   «Le ministère de l’Intérieur avait pris la décision de lever certaines barrières pour faciliter la circulation des marchandises. Certaines ayant échappé à la vigilance des autorités subsisteraient encore comme nous l’ont révélé  les consommateurs et les transporteurs», a indiqué le Secrétaire Général et Porte-Parole de l’ABUCO.

Le comité chargé de lever les barrières non tarifaires veille au grain    

Les pays de l’EAC se sont dotés de comités chargés de lever les barrières non tarifaires pour faciliter la circulation des marchandises. Au Burundi, ce comité est dirigé à partir de la Deuxième Vice-Présidence de la République. Il veille à ce que les barrières qui ne sont pas légales soit levées. Il ne faut pas non plus oublier que le pays vit grâce aux impôts et taxes qu’il perçoit. Ce sont ces taxes qui permettent de financer les projets de développement, notamment la construction des infrastructures (écoles, hôpitaux, ports, routes, etc.). A ce titre, il doit bien organiser la collecte de ces impôts et taxes.  Mais il doit veiller aussi à ce que ces impôts et taxes ne soient pas excessifs pour étouffer le business. Car, comme  un adage français le dit bien, trop d’impôts tuent l’impôt. 

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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