Spéciale femme

La BIDF pour stimuler la compétition dans le secteur bancaire

La Banque d’Investissement et de Développement pour les Femmes (BIDF) a lancé officiellement ses activités ce jeudi 3 mars 2022 à Gitega, capitale politique. Le capital social de celle-ci est de 10 milliards BIF, soit 85% du capital appartenant aux communes et 15% du capital comme patrimoine de l’Etat. A cette occasion, la présidence de la République du Burundi appelle les banques classiques à se ressaisir pour octroyer des crédits aux taux d’intérêts abordables par les clients. Ces derniers estiment que la construction des agences de la BIDF dans tout le pays où la connexion à l’interopérabilité bancaire faciliterait leurs opérations pour ne pas se déplacer avec les billets dans la poche    

« L’initiative de la mise en place de cette banque s’inscrit dans le cadre du Plan National de Développement PNB2017-2028 et dans la Politique Nationale de Protection Sociale 2012-2025 », déclare Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi.

Il invite les femmes à tirer le maximum de profits de cette banque des femmes par les femmes. Cela dans le but de les autonomiser financièrement. Sinon, les hommes vont s’en approprier, surtout que parmi ceux-ci, 77, 19% contractent des crédits individuellement, tandis que 58, 08% contractent des crédits en association.  Le taux des femmes qui contractent ces crédits est presque nul.

Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi : « La BIDF comme la Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE) doivent faire de leur mieux pour favoriser l’accès facile aux crédits pour les clients ».

Un clin d’œil aux banques classiques

Le Président de la République du Burundi s’inquiète que la philosophie actuelle des banques classiques résident dans le fait que les investisseurs les cherchent. Pourtant, reconnait-il, les banques sont des institutions commerciales. Ce sont elles qui devraient chercher les investisseurs pour vanter leurs services.

Et de regretter : « Les banques refoulent les projets d’investissements pour motif qu’ils sont mal conçus. Pourtant, elles devraient plutôt aider dans la conception des projets bancables et octroyer des crédits aux nécessiteux ». Cela avant de revenir généralement sur des demandeurs de services qui en manquent alors que ceux qui sont censés de les donner se reposent.

Le Président de la République du Burundi certifie qu’il a maintes fois conseiller aux banques classiques d’octroyer des crédits à des taux d’intérêts abordables. Malgré cela, elles font sourde oreille.

La BIDF comme la Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE) doivent faire de leur mieux pour favoriser l’accès facile aux crédits pour les clients, explique-t-il.

Les associations et les coopératives avantagées

Marie Salomé Ndabahariye, Administrateur Directeur Général de la BIDF indique que les portes de la BIDF sont ouvertes tant aux femmes qu’aux hommes avec une ouverture gratuite du compte bancaire.

Cependant, insiste-t-elle, nous allons octroyer des crédits à des taux d’intérêt abordables sans toutefois préciser le pourcentage.

Et de faire remarquer : « Les clients qui seront favorisés dans l’acquisition des crédits à des taux bas seront ceux qui se regrouperont en associations ou en coopératives. Ces clients présenteront également des projets bancables ».

Marie Salomé Ndabahariye, Administrateur Directeur Général de la BIDF : « Les portes de la BIDF sont ouvertes tant aux femmes qu’aux hommes avec une ouverture gratuite du compte bancaire ».

Les habitants de Gitega s’en réjouissent sous condition

Médiatrice Irakoze habite la colline Kiremera, commune Giheta, province Gitega. Enseignante à l’Ecole Fondamentale de Mutobo, elle fait savoir que la BIDF vient au moment opportun.

Cela surtout qu’elle allait toucher son salaire et qu’elle trouve son compte non alimenté en salaire du mois de février. « Si cette Banque aurait vu le jour bien avant, et que j’y aurais contracté un crédit, peut-être que le salaire me préoccuperait peu. Je me serais contacté des bénéfices tirés d’un investissement quelconque », dit-elle avant d’annoncer qu’elle a passé une année en pratiquant la tontine.

« Nous étions 195 membres. Nous nous sommes regroupés pour faire le cirque et certains parmi nous ont été infidèles. Aujourd’hui, nous allons nous réorganiser pour ouvrir un compte bancaire à la BIDF. La sécurité est sûre et nous allons également commencer à initier un projet rentable », signale-t-elle.

Florienne Ndahabonimana, mariée et mère d’une enfant pratique le commerce ambulant des arachides cuites. Agée de 20 ans, elle avoue que la BIDF constitue une lueur d’espoir pour elle, car elle va se regrouper avec d’autres vendeuses ambulantes afin d’y contracter un crédit et mettre en place au moins un restaurent.

Les habitants de la ville de Gitega réagissent de façon mitigée sur la mise en place d’une banque en faveur des femmes.

Eunice Bigirimana, étudiante à l’Université Polytechnique de Gitega (UPG) en TIC BAC2 souligne qu’elle et les membres de la coopérative « Twitezimbere » dont elle est secrétaire ont reçu un emploi constat à faire la propreté à la BIDF. L’argent qu’ils vont toucher les facilitera à payer les frais de scolarité et à créer des emplois en y contractant des crédits.

Gaspard Ntirandekura, chauffeur d’un bus de type « Coaster » avoue que la BIDF consitue un atout de taille. « J’aurais aimé me regrouper en association avec les autres conducteurs pour m’approvisionner en un véhicule neuf. Malheureusement les infrastructures routières font mauvais état. Sinon, je préférerais le faire lorsqu’on aura réhabilité ces infrastructures ».

Japhet Niyibitegeka, commerçant des matériaux de construction à Gitega salue l’initiative de créer une nouvelle banque à Gitega pour concurrencer les autres banques déjà existantes. Par contre, précise-t-il, nous sommes habitués à des banques comme la Bancobu, la BCB, l’Interbank, à la COOPEC…Ces dernières ont des agences partout dans le pays et connectées entre elles.

« Si la BIDF ne se trouve qu’ici à Gitega, c’est un défi pour nous les commerçants qui se déplacent dans différents lieux pour s’y approvisionner en matières premières. Par ailleurs, c’est s’exposer lorsqu’on se déplace avec de l’argent », renchérit-il avant d’inviter la BIDF de songer à construire des agences partout dans le pays et à adhérer directement au système d’interopérabilité bancaire (Bi-Switch) Burundi.

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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