Economie

Budget des communes: des projets budgétivores et qui manquent de pertinence

Le budget des communes est aujourd’hui annexé au budget général de l’État exercice 2023-2024. Mais la plupart des projets à réaliser dans chaque commune sont budgétivores et manquent de pertinence. Par contre, les projets d’intérêt général comme le financement des stages professionnels des jeunes chômeurs ne sont pas hautement tenus en compte

La pertinence et la budgétisation des projets mis en avant par les communes sont discutables.

Le budget général de l’État exercice 2023-2024 est en cours d’exécution depuis le 1ᵉʳ juillet 2023. Les dépenses sont évaluées à 3,9 mille milliards de FBu. Quant aux ressources, elles sont évaluées à 3,2 mille milliards, d’où un déficit budgétaire de 685 milliards de FBu. De surcroît, en annexe du budget général de l’État figure celui des communes. Une première au Burundi. Dans l’idéal, les communes sont censées avoir élaboré des projets de développement pertinents dont les résultats sont mesurables ou quantifiables dans le temps et qui seront financés par ce budget.

Par contre, la plupart des projets mis en avant par les communes ne sont pas facilement évaluables, car ils ne donneront pas des résultats mesurables, notamment les séances de sensibilisation. En plus, d’autres projets ne sont pas très pertinents et seront réalisés moyennant beaucoup d’argent. Un autre constat est que pas mal de projets d’intérêt général ne seront pas hautement financés.  On citerait surtout le financement des stages professionnels de premier emploi pour les jeunes chômeurs.

Aperçu des différents projets communaux budgétivores à pertinence douteuse

À titre d’illustration, la commune de Matongo de la province Kayanza prévoit percevoir les recettes équivalant à 619 millions de FBu. Paradoxalement, cette commune envisage dépenser 87,2 milliards de FBu au cours de l’exercice budgétaire 2023-2024. Quid des projets qu’elle réalisera grâce à cet argent ? Le premier projet remarquable est que la commune Matongo aidera 19 357 ménages à mettre en place des compostières avec un budget de 96 millions de FBu. En plus, cette commune construira quatre hangars de stockage avec 1,6 milliard de FBu. La commune mettra en place des systèmes de lavage des mains dans tous les ménages et dans tous les lieux publics avec un budget de 967 millions de FBu. De surcroît, 12 séances de sensibilisation sur les méfaits de la polygamie et du concubinage seront réalisées à hauteur de 13 millions de FBu. À cela s’ajoute la création d’un site web à 540 millions de FBu. Par contre, seulement 32 jeunes bénéficieront des stages de premier emploi dont le coût avoisine 960 000 FBu.

Une autre commune dont les projets manquent de pertinence c’est la commune Muruta de la province Kayanza. Les recettes de cette commune au cours de cet exercice budgétaire sont évaluées à 769 millions de FBu. Mais elle prévoit dépenser 2,7 milliards de FBu. Paradoxalement, parmi ses projets phares figure la distribution de 1045 tonnes d’engrais chimiques dont le coût est estimé à 877 millions de FBu. La sensibilisation des ménages à mettre en place des « kitchen garden » coûtera à la commune 153 millions de FBu. Par contre, seuls 10 jeunes bénéficieront des stages professionnels financés à hauteur de 6 millions de FBu.

La liste des communes ayant des projets discutables et budgétivores n’est pas exhaustive. Le constat est que les recettes des communes sont largement inférieures aux dépenses. La majorité des communes estiment collecter des recettes de moins d’un milliard de FBu alors que les dépenses vont au-delà de plusieurs milliards de FBu. Il reste à savoir comment combler le déficit.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Faire respecter les prix : Une mission impossible

Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 655

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Faire respecter les prix : Une mission impossible

    Au mois de décembre dernier, un ultimatum de 15 jours a été donné au ministère en charge du commerce par le Président de la République du Burundi pour faire face aux défis liés à la spéculation sur les prix. Cependant, les prix n’ont pas été fixés dans le délai imparti. Ce n’est que le 27 mars 2025, trois mois après, que la ministre en charge du commerce a signé une ordonnance fixant les prix minimums et maximums d’une trentaine de produits de première nécessité tels que le riz, les haricots, la viande, la farine de maïs, les pommes de terre, etc.
  • Journal n° 655

  • Dossiers Pédagogiques