Integration régionale

CAE : S’achemine-t-on vers une fédération politique ?

Marché commun, union douanière, monnaie unique, fédération politique…, la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) s’est fixé des objectifs ambitieux. Néanmoins, l’image de cette communauté qui veut se transformer en une confédération politique ne rassure pas tout le monde, de nombreuses interrogations subsistent

L’idée de former une communauté autour d’une même destinée économique et politique dans la région des Grands Lacs ne date pas d’hier. La création de la Communauté de l’Afrique de l’Est remonte en 1961. Cette dernière réunissant trois pays, à savoir le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Née d’un compromis des Etats aux intérêts divergents et aux mains des chefs d’Etat aux visions irréconciliables, la communauté finira par se dissoudre en 1977. L’esprit plus libéral du Kenya, la philosophie socialiste de la grande Tanzanie et la bataille à cheval de l’Ouganda sur les deux mondes ont fini par mettre à mal la jeune communauté. Les polémiques étaient à la fois de nature tant économique que politique. La Communauté de l’Afrique de l’Est reprendra souffle plus tard en 2000. Le Burundi et le Rwanda se joindront à cette vaste communauté quelque temps après.

Cette communauté qui semble avoir trainé à se formaliser et à se confirmer peine toujours à atteindre sa maturité. Aujourd’hui, elle semble vouloir passer à une vitesse supérieure et avancer rapidement vers des objectifs qui sont pourtant très ambitieux au vu des réalités politiques du moment. Les impératifs inhérents aux réalités politiques actuelles de la région correspondent peu à l’allure à laquelle veulent rouler les initiateurs.

Quid de la réussite des piliers intermédiaires avant la fédération?

Les objectifs à moyen terme de la communauté de l’Afrique de l’Est sont très  ambitieux. Mais, les dissensions internes ne manquent pas de freiner toute initiative. Les conflits de nature politique ou économique sont une réalité entre les Etats membres. Dans les prévisions de la CAE, quatre piliers d’intégration ont été fixés et devraient se succéder. Dans l’ordre, l’union douanière, le marché commun, la création d’une monnaie unique et enfin viendra le moment de former une fédération politique.

Cette communauté qui veut se transformer en une confédération politique rassure le moins quant à l’avenir

L’union douanière et le marché commun sont les deux étapes amorcées en premier par la CAE. Ces deux premières étapes qui vont de pair n’ont pas été atteintes de manière effective. L’union économique des pays membres a rencontré certains obstacles. Dans une interview accordée au journal Jeune Afrique en novembre 2018, Olivier Duhungirehe alors Secrétaire d’Etat rwandais au sein du ministère des Affaires Etrangères en charge de l’East African Community a résumé sa vision de la CAE fédérée et du respect du calendrier en une phrase : « Tout dépendra de l’existence de la volonté politique ». Ce diplomate rwandais affirmait que les deux premières étapes, à savoir : l’union douanière et le marché commun ont été atteints tout en soulignant l’existence des obstacles dans leur mise en œuvre. Les barrières non tarifaires persistent. Le principe d’une même carte d’identité manque de consensus. Tout de même, le projet de « One Network Area », pourtant convenu depuis 2015, n’est toujours pas effectif sur l’ensemble du territoire commun. L’union monétaire est une autre étape intermédiaire  très importante pour une fédération économique réussie. Cette question n’a jamais été mise sur la table de négociation afin d’en débattre la faisabilité et reste toujours pendante.

Vers la fédération à la va vite

Trop d’obstacles ont empêché cette communauté de bien accomplir les étapes intermédiaires. Nonobstant, elle veut quand même avancer.  Le 18 novembre 2019, le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni a lancé les consultations nationales des parties prenantes pour l’élaboration de la Constitution confédérale de la CAE à Entebbe. Pour celui qui assurait alors la présidence tournante de la CAE, la création d’une fédération politique est très importante pour le développement des populations. Le président Museveni a pris la précaution de souligner que la confédération politique était un modèle de transition vers la fédération politique, tel qu’inscrit dans le traité portant création de la CAE.

Cette étape plus importante a été amorcée au moment où des tensions opposaient différents pays membres, à savoir : le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.  Le différend burundo-rwandais est bientôt  vieux de cinq ans et perturbe la santé de la Communauté.

Tout de même, la fédération exige que les pays membres atteignent un certain niveau économique.  Visiblement, les pays de la CAE peinent à réussir une évolution d’ensemble. Quelques projets sont mis en œuvre dans certains pays tandis qu’ils ne le sont pas dans d’autres. C’est le cas du « One Network Area » où le trio formé par le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya a déjà aboli les frontières en matière de téléphonie. Ces trois pays ont également adopté un visa touristique unique.

Lors du récent lancement des consultations nationales pour l’élaboration d’une constitution confédérale, l’Amb. Libérat Mpfumukeko, secrétaire exécutif de la CAE a averti : «L’élaboration d’une Constitution pour la Confédération politique de la CAE est un processus politique qui nécessite un niveau élevé d’inclusion et de participation des parties prenantes». Le Burundi a dit que tout n’est pas encore réuni pour la confédération politique, tout en proposant quelques éléments qui feraient partie de la nouvelle constitution de la communauté dont il est membre. Ce dernier demande une constitution confédérale qui respecte la souveraineté nationale et qui donne une porte de sortie à tout Etat membre qui voudra sortir de la confédération. 

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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