Les adages, les proverbes et les expressions font la beauté de la culture d’une société. Toutefois, parmi eux, il y en a qui contribuent à stigmatiser et à dégrader les femmes. Une réalité qui est normalisée dans la société, mais qui participe aux violences faites à leur égard. Dans la culture burundaise, ces genres de proverbes ou d’adages qui dévalorisent la femme existent bel et bien.
« Nous avons des expressions comme « Nta nkokokazi ibika isake iriho » (une poule ne peut pas chanter en présence d’un coq, ndlr) pour dire qu’une femme ne doit pas prendre la parole en public devant ou en présence de quelqu’un de sexe masculin même lorsqu’elle a une suggestion importante à faire. D’autres proverbes comme « Nta jambo ry’umugore » sous-entendent que la parole de la femme ou bien ses propos sont souvent sans valeur. Ceci prouve que la femme est encore stigmatisée dans son quotidien », éclaire Blaise Izerimana, socio-anthropologue.
D’autres encore appellent carrément à la violence. « Lorsqu’on dit par exemple « Ikiganda c’umugore kiganduzwa ubuhiri, kiganduzwa inkoni » c’est pour appeler l’homme à maltraiter sa femme en vue de la soumettre à sa volonté et si elle essaie de se révolter de lui asséner des coups »,
L’expression d’une réalité de notre société
Cette violence crée à la longue chez la femme ou la fille burundaise un sentiment d’infériorité et a de graves répercussions sur la société toute entière, explique Bizimana. Mais au-delà de tout, il ajoute que cette réalité se transmet de génération en génération. « Imaginez les garçons qui naissent et grandissent dans une telle atmosphère. Comment respecteront-ils leurs sœurs et plus tard leurs épouses alors qu’ils ont grandi en croyant qu’elles sont bon à rien ? » Pour lui, ceci explique en partie les violences faites aux femmes, les viols, etc. parce qu’une partie de la population a été éduquée en croyant avoir tous les droits sur les femmes, y compris le fait de les violenter.
Donner la place à la femme pour prouver le contraire
Pour inverser la tendance, il faut promouvoir les femmes et les filles à tous les échelons de la société, propose l’anthropologue. La femme doit retrouver la parole et être suffisamment représentée dans les instances de prise de décision afin d’influencer positivement la société. Cela passe par le vote, elles doivent élire et se faire élire. Et enfin, toute la société doit être sensibilisée sur les pratiques de résolution pacifique des conflits.
Izerimana explique : « Ceci permettra aux jeunes hommes d’être conscients de l’importance de leurs sœurs et plus tard de leurs femmes, qu’elles ont aussi de la valeur et leur mot à dire dans la société. Et cela passe par l’éducation : inculquer aux enfants dès le bas âge les valeurs d’Ubuntu, le sens de l’égalité et d’autres valeurs ».
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