Nécrologie

Le Chef de l’Etat victime d’un arrêt cardiaque

L’annonce de son décès a été faite ce mardi 9 juin 2020 à travers un communiqué officiel lu par M. Prosper Ntahorwamiye, Secrétaire Général et Porte-Parole du Gouvernement burundais. Les hommages et les messages de compassion fusent de partout en signe de solidarité envers le peuple burundais en deuil

Dans son communiqué, le Gouvernement Burundais fait savoir que la mort du Président Pierre Nkurunziza est intervenue ce lundi 8 juin 2020 à l’hôpital du Cinquantenaire de Karuzi (à l’intérieur du pays) à la suite d’un arrêt cardiaque. Dans la nuit de samedi 6 juin à dimanche 7 juin, le Président Pierre Nkurunziza a senti un malaise et s’est vite rendu à l’Hôpital de Karuzi pour se faire soigner.

Le même communiqué précise que son état de santé s’est amélioré le dimanche 7 juin avant qu’il ne soit victime d’un arrêt cardiaque dans la matinée du lundi 8 juin. Une réanimation immédiate avait été entreprise par une équipe multidisciplinaire de médecins pendant plusieurs heures, avec une assistance cardio-respiratoire, mais sans succès. Le porte-parole du gouvernement demande au peuple Burundais de rester calme et serein et d’accompagner le Président de la République avec beaucoup de prières puisque, lui aussi aimait, et respectait le Tout Puissant.

Qui était Pierre Nkurunziza ?

Pierre Nkurunziza, fils d’Eustache Ngabisha et Domitille Minani est né le 18 décembre 1964 à Buye dans la commune Mwumba en province de Ngozi. Il entame ses études en 1972 à l’école primaire de Buye où il obtient son certificat en 1979. En 1980, Pierre Nkurunziza est orienté à l’Athénée de Gitega où il fait ses deux cycles des humanités, section Lettres modernes jusqu’en 1987 où il obtient son diplôme des humanités générales. La même année, il entre à l’Université du Burundi d’où il sort avec le diplôme de Licence en Education Physique et Sports en 1991. Pierre Nkurunziza preste d’abord comme enseignant du secondaire au Lycée de Muramvya, avant d’être recruté comme professeur assistant à l’Université du Burundi en 1992. Il y restera jusqu’en 1994. De 1992 à 1994, il est également formateur des sous-officiers à Bujumbura. Il a été entraîneur d’Union Sporting, une équipe de football de première division à Bujumbura.

Le Burundi observe un deuil de 7 jours suite au décès du chef de l’Etat

En 1995, Pierre Nkurunziza prend le chemin du maquis. Il y rejoint les combattants du Conseil national pour la défense de la démocratie – Force de défense de la démocratie (CNDD-FDD), dont il est membre depuis 1994. La rébellion des Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) a été créée deux ans plus tôt après l’assassinat de Melchior Ndadaye. Après quelques mois de guérilla, il est grièvement blessé, mais en réchappe. Pierre Nkurunziza va alors s’élever dans la hiérarchie des FDD jusqu’à prendre la tête du mouvement rebelle. En 1998, il est désigné secrétaire général du CNDD-FDD chargé des affaires intérieures. En 2001, alors que des dissensions internes surgissent au sein de ce mouvement, il en est élu président pour redresser la situation. Depuis ce jour jusqu’au 7 août 2004, M. Nkurunziza est représentant légal de ce mouvement. En 2000, le mouvement rebelle qu’il dirige refuse de participer aux négociations qui aboutissent à l’Accord de paix d’Arusha de l’an 2000 entre partis politiques burundais qui marque le début de la fin de la guerre civile burundaise.

Deux ans plus tard (en décembre 2002), le CNDD-FDD accepte enfin de signer un accord de cessez-le-feu avec le Président Pierre Buyoya, mais les combats se poursuivront jusqu’à la signature d’un autre accord de paix (dit Accord de Prétoria), en novembre 2003 sur la base d’une répartition du pouvoir politique, militaire et économique sur une base ethnique. Les FDD se transforment en parti politique : le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Pierre Nkurunziza est amnistié et devient ministre d’Etat (le premier de l’histoire du Burundi) en charge de la bonne gouvernance et de l’inspection générale de l’Etat dans le gouvernemet de transition dirigé par Domitien Ndayizeye.

Lors des premières élections législatives post-transition organisées en juillet 2005, son parti politique, le CNDD-FDD, remporte la majorité des sièges de la nouvelle assemblée nationale. Un mois après (août 2005), lors de l’élection présidentielle, l’Assemblée Nationale et le Sénat réunis en congrès élisent Pierre Nkurunziza Président pour un mandat de 5 ans (162 parlementaires votent pour, 9 contre et 2 s’abstiennent). En 2010, il sera de nouveau réélu Président de la République du Burundi, cette fois-ci au suffrage universel. Cinq ans après, Pierre Nkurunziza est désigné candidat du CNDD-FDD à l’élection présidentielle de juin 2015, provoquant une scission au sein de son parti, des heurts et les protestations de l’opposition. Pour ses partisans, lors de son premier mandat, il avait été plutôt élu par les deux chambres réunis en congrès et non au suffrage universel, que ce premier mandat n’est pas concerné par les 2 mandats constitutionnels. Ses opposants ne l’entendent pas ainsi.

En juillet 2015, l’élection présidentielle se tient enfin. Pierre Nkurunziza remporte les élections avec 69,41 % des suffrages. Il est de nouveau élu Président de la République du Burundi.

Après l’élection, le mois dernier, du Général Evariste Ndayishimiye comme nouveau Président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza attendait de quitter le pouvoir en août prochain. Feu Pierre Nkurunziza laisse derrière lui une veuve et cinq enfants. Sa mort suscite de nombreuses réactions surtout sur la toile. Ses proches saluent la mémoire d’un Grand bâtisseur du pays, d’un homme d’Etat, d’un panafricaniste. On se souviendra de lui comme un Président qui aime le sport (construction des stades modernes) et la prière. Il revenait souvent sur la volonté divine dans ses discours officiels. Durant son règne, Pierre Nkurunziza a initié les travaux communautaires exécutés tous les samedis et a instauré la gratuité de la scolarisation primaire, des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans et de l’accouchement. Sous la présidence de Pierre Nkurunziza, le Burundi est devenu un acteur très important au niveau international dans les mécanismes de maintien ou d’imposition de la paix comme en Somalie, en République Centrafricaine, au Soudan, en Côte d’ivoire et ailleurs. La rédaction du journal Burundi Eco adresse ses condoléances à la famille éprouvée et au peuple Burundais.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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