Agriculture

Commune Rugombo : Les producteurs des tomates déboussolés

Cibitoke est l’une des provinces qui produisent beaucoup de tomates. Par ailleurs, la majorité de ces fruits acheminés vers les marchés de la ville de Bujumbura proviennent de cette province et plus particulièrement de la commune Rugombo. Toutefois, les producteurs de cette denrée lancent un cri d’alarme à cause des chenilles légionnaires (Impfunya) qui attaquent leurs cultures 

« Les tomates sont parmi les principaux produits agricoles qui nous aident à subvenir à nos besoins quand la production est bonne. Malheureusement, dans ces derniers jours, elles sont menacées par des insectes nocifs dits ‘’chenilles légionnaires’’ », se lamente Révérien Nshimirimana, un agriculteur de la commune Rugombo. Il exerce les activités agricoles sur la colline Mparambo II dans le marais situé à la 3ème avenue. Selon cet agriculteur, la chenille légionnaire (Impfunya) attaque les cultures du riz, du haricot, du maïs, etc., mais la tomate est la plus menacée.

Au départ, pour lutter contre cet insecte, tout comme les autres invertébrés malveillants, les agriculteurs de Rugombo utilisaient généralement un produit appelé « Dudu-Acelamectin ». Il était efficace à l’époque. Malheureusement, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La chenille légionnaire résiste beaucoup plus aux produits chimiques utilisés pour la combattre. Pour y arriver, un agriculteur pulvérise ses champs de tomates plusieurs fois la semaine. En conséquence, il lui sera difficile de récupérer l’argent dépensé à cet effet à cause du grand nombre de produits utilisés dans les champs pour lutter contre les insectes malveillants et plus particulièrement les chenilles légionnaires.

Les chenilles légionnaires ont mis en mal le rendement des tomates.

Un problème connu depuis longtemps

Béatrice Nyabenda, directrice du Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage à Cibitoke fait savoir que les chenilles légionnaires sont légions dans la commune de Rugombo, surtout pendant l’été. Malgré cela, les agronomes approchent les cultivateurs pour leur expliquer les démarches à suivre dans telles circonstances.

«Nous conseillons les cultivateurs de tomates de pulvériser leurs champs à temps avant que les fruits ne se développent. Le problème c’est que les producteurs se focalisent sur le produit ‘’Dudu-Acelamectin’’ pour pulvériser leurs champs de tomates. A terme, il devient inefficace», précise Mme Nyabenda. Selon elle, il y a d’autres alternatives comme l’ « Orthene ». Malheureusement, ce produit est cher et les cultivateurs ne peuvent pas s’en procurer facilement. Pour y remédier, il faut que l’Etat subventionne les pesticides comme il l’a fait pour les semences sélectionnées ou les fertilisants.

En réalité, les agriculteurs ne sont pas encadrés

Les moniteurs agricoles et les agronomes sont censés travailler en étroite collaboration avec les agriculteurs pour qu’ils sachent en temps réel les problèmes auxquels ces derniers sont confrontés. Malheureusement, M. Nshimirimana se lamente qu’il n’a jamais vu un agronome ou un moniteur agricole sur terrain sous prétexte qu’ils n’ont pas de moyens de déplacement. Quand il y a un problème dans leurs champs, les producteurs agricoles se débrouillent eux-mêmes sans l’aide de qui que ce soit. En réalité, les agriculteurs ne sont pas encadrés. M. Nshimirimana ne comprend pas pourquoi les fonctionnaires travaillent dans les bureaux alors qu’ils sont chargés de rendre service à la population. Selon lui, ils devraient visiter régulièrement les champs et être toujours en contact avec les agriculteurs auxquels ils doivent rendre service. Sinon, il y aura toujours un fossé entre ces deux catégories.

Gilbert Manirakiza, administrateur de la commune Rugombo fait savoir qu’il n’est pas au courant des préoccupations des cultivateurs des tomates. «Même dans les réunions  que nous tenons hebdomadairement avec les agronomes et les moniteurs agricoles, une question pareille n’est pas encore soulevée», précise-t-il. Qu’à cela ne tienne, il affirme que l’administration communale dispose de techniciens agricoles qui peuvent intervenir en cas de besoin. Selon M. Manirakiza, une fois le problème confirmé par les personnes habilitées, il enverra des techniciens dans les zones touchées pour aider les agriculteurs. Ils sont forts en la matière. Il espère que ce problème sera réglé rapidement, car les techniciens savent pas mal de remèdes à proposer aux producteurs de tomates ou d’autres plantes menacées par les insectes.

Les moniteurs agricoles incompétents mis en garde

Au sujet des moniteurs agricoles qui font rarement des descentes sur terrain pour s’enquérir des préoccupations des agriculteurs, cet administrateur communal ne nie pas ces allégations. Par contre, il affirme qu’il les sensibilise du jour au jour. Selon M. Manirakiza, dans leurs cahiers de charges, le travail de terrain est de rigueur. Cela pour travailler main dans la main avec les agriculteurs. Par ailleurs, c’est pour cela qu’ils sont rémunérés. Cet administratif a même demandé aux chefs de collines de lui fournir régulièrement des rapports pour qu’il sache à temps l’état des lieux des activités agro-pastorales au niveau des collines.

Il affirme qu’il est également au courant des responsables agricoles qui n’accomplissent pas leur mission comme il faut. Du niveau collinaire au niveau communal, ils ont été mis en garde afin qu’ils prennent le droit chemin. S’ils renoncent à leur responsabilité, ils seront remerciés.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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