La pandémie de la Covid-19 a déjà provoqué des perturbations majeures dans les échanges commerciaux sur le continent africain. Les conséquences économiques de la Covid-19 devraient entraîner jusqu’à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique en 2020. La mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLCAf) pourrait amorcer le choc
Malgré la crise sanitaire engendrée par le coronavirus, l’Afrique a une potentialité de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique sur le continent. C’est la conclusion du rapport de la Banque Mondiale. Selon ce rapport, la ZLECAf pourrait rapporter à l’Afrique 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires, soit une hausse de 7%. Son objectif est d’établir un cadre global et multilatéral bénéfique pour les relations commerciales entre les Etats membres de l’Union africaine de manière à améliorer la compétitivité des entreprises (en fonction de la réduction des coûts des transactions commerciales) et à promouvoir la transformation économique et sociale pour réaliser la croissance globale, l’industrialisation et le développement durable.
Avec la pandémie, le projet est à accélérer
La Zone de libre-échange africaine continentale peut stimuler la croissance et réduire la pauvreté selon le rapport de la Banque Mondiale. Selon ce rapport, la ZLECAf pourrait permettre de réorganiser les marchés et les économies de la région, entraînant ainsi la création de nouvelles industries et l’expansion des secteurs clés. Les gains économiques d’ensemble seraient variables, les plus importants revenant aux pays qui supportent actuellement des coûts d’échanges élevés.
La mise en œuvre réussie de la ZLECAf contribuerait à alléger les effets négatifs du coronavirus sur la croissance économique en soutenant le commerce régional et les chaînes de valeur grâce à la réduction du coût des échanges.
Selon Stephen Karingi, directeur de la division de l’intégration régionale et du commerce à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le retard de la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une fenêtre d’opportunité pour une réflexion créative sur la façon dont cet accord peut être reconfiguré pour refléter les nouvelles réalités et les risques du 21ème siècle. Il ajoute qu’il faut se servir de la pandémie du coronavirus pour pour repenser la ZLECAf.
« Une mise en œuvre rapide et ambitieuse de la zone de libre-échange continentale africaine contribuera grandement à accélérer la reprise des effets de COVID-19, tout en protégeant l’Afrique contre les futurs effets négatifs des chocs tels que celui-ci », ajoute-t-il.
Un projet pour faciliter les échanges interrégionaux
L’objectif de la ZLECAf est de booster les échanges entre les pays africains. Selon le rapport ci-haut dit, les pays qui y parviendront pourront attirer les investissements étrangers et stimuler la concurrence, facteurs d’augmentation de la productivité et de l’innovation des entreprises nationales. La mise en œuvre de l’accord entraînerait également des hausses de salaires plus importantes pour les femmes que pour les hommes d’ici à 2035, avec des augmentations respectives de 10,5% et de 9,9%. Elle permettrait également d’augmenter de 10,3% les salaires des travailleurs non qualifiés et de 9,8% ceux des travailleurs qualifiés.
« La Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains », a souligné Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.
Les exportations intracontinentales augmenteraient de 81%, tandis que les exportations vers les pays non africains représenteraient 19% étant donné que le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent contre 70% pour l’Union européenne. La mise en œuvre effective de la ZLECAf devrait apporter une solution à ce problème.
Les pays africains doivent être animés d’un esprit volontariste
Si les pays signataires se sont mis d’accord pour éliminer progressivement les droits de douane sur les marchandises circulant dans la zone, ils doivent encore établir la liste des biens qui seront concernés par l’exemption et ceux qui ne le seront pas. La libéralisation du commerce doit s’aligner sur des réformes structurelles internes. Aucun pays ne peut tout libéraliser d’un coup, disent certains experts. La création d’un marché à l’échelle du continent exigera une action volontariste pour réduire tous les coûts commerciaux. Il faudra pour cela adopter des législations permettant aux marchandises, aux capitaux et aux informations de circuler librement et facilement à travers les frontières.
ZLECAf, un rêve ambitieux
L’accord établissant la création de la ZLECAf a été signé le 21 mars 2018. Sur 55 pays, 54 ont déjà signé et parmi ceux-ci , 28l’on déjà ratifié. Celle- ci s’étendra sur un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars dans l’ensemble des 55 Etats membres de l’Union Africaine. L’UA estimait que la ZLECAf permettra d’augmenter de près de 60% d’ici à 2022 le commerce intra-africain et de donner un coup de pouce à l’ensemble de ses économies. Du point de vue du nombre des pays participants, elle serait la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).Il est entré en vigueur en mai 2019 et sa mise en œuvre effective était prévue le 1er juillet 2020, mais a été reportée en raison de la pandémie du covid-19. Cette dernière a imposé aux Etats africains un retard de démarrage de la ZLECAf qui reste pourtant d’actualité.
Les ambassadeurs en poste au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba ont proposé le 1er janvier 2021 comme nouvelle date de mise en œuvre de la ZLECAf. Une recommandation qui doit être adoptée par les chefs d’Etat.
Selon une étude évaluative conjointe de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, du Programme des Nations Unies pour le Développement et de l’Unicef sur les effets socio-économiques du COVID- 19 au Burundi, la croissance restreinte des exportations et la disponibilité limitée d’articles importés pendant cette période de pandémie ont rendu l’Afrique encore plus vulnérable. L’etude propose que pour désamorcer le choc, le pays doit maintenir les frontières ouvertes pour le commerce des biens et des services en étant cohérent avec la stratégie de prévention de la covid-19. La Banque Mondiale prévoit une récession en Afrique comprise entre 2,1% et 5,1% et 3,2% pour le Burundi. Cependant, le Burundi n’a pas encore ratifié l’accord.
On distingue deux courants de pensées économiques relatifs au commerce extérieur :
– Le protectionnisme est associé à un nationalisme économique. C’est une doctrine et pratique économique qui consiste en l’adoption par un gouvernement de politiques destinées à ériger des barrières tarifaires et/ou non tarifaires pour protéger les biens produits au pays contre la concurrence étrangère.
– Le libre-échange (le libéralisme) : La notion de « libre-échange » est naturellement une doctrine libérale. Pour résumer, cela consiste à dire que les pays ont un intérêt particulier à commercer entre eux et qu’un intérêt général se dégage de ce postulat. Cette liberté doit se traduire concrètement par l’absence de barrières douanières à ce commerce.
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