Avec la pénurie criante du carburant, marcher n’est plus un choix mais une obligation dans la capitale économique. Durant les heures de pointe, plusieurs piétons se hâtent pour rejoindre le centre-ville. Les travailleurs arrivent fréquemment en retard au service après plusieurs heures d’attente des bus sans succès. Reportage
Ce mardi 21 janvier 2025, à 6 h 20, un reporter du journal Burundi Eco s’est retrouvé au terminus des bus de Carama (Nord-Ouest de la capitale économique). Sur place, environ 200 personnes font la queue pour attendre un bus en direction du centre-ville. Les passagers disent qu’aucun bus n’a garé à cet endroit depuis l’aube. Le désespoir se lit sur les personnes présentes, surtout celles qui occupent les places de derrière. Elles vont sans doute arriver en retard, car les activités quotidiennes commencent généralement à 7 h 30 ou 8 h. Ce qui signifie que certains s’exposent à des sanctions ou risquent de rater des rendez-vous de travail.
C’est le cas de ce jeune homme qui doit rencontrer au bureau dans la matinée. « Je suis arrivé au parking à 6h, dans l’espoir de trouver un bus très tôt et d’arriver au centre-ville au plus tard à 8 h. Il me semble que je vais rater mon rendez-vous, un rendez-vous à ne pas manquer », se désole le jeune homme avec un cartable sur le dos. Quelques minutes plus tard, lassé d’attendre, il a décidé de prendre une moto vers Kinama pour tenter de trouver un autre moyen de déplacement.
Enfin, un gros bus d’une capacité de 60-80 personnes débarque vers 7 h. Malheureusement, faire la queue n’a pas été d’une grande utilité, car, l’attente a été longue et les passagers se bousculent. La file d’attente se transforme en un attroupement devant la portière. Pour avoir une place dans le bus, il aurait fallu se battre. Les personnes relativement faibles, comme les femmes avec des enfants, se mettent de côté de peur d’être blesser. Dix minutes plus tard, tous les sièges sont occupés et le bus démarre, laissant derrière lui un bon nombre de passagers désespérés, y compris ceux tenaient les premières positions.
Après cette scène chaotique, ceux qui pouvaient encore tenter leur chance ont pris des motos ou des vélos en direction de Kanga (Kinama), à environ 3 km, pour espérer trouver un autre bus. Nous avons fait de même et avons payé un taxi-vélo à 1000 FBu pour y arriver. Là aussi, les gens faisaient la queue, et au moins 100 personnes attendaient un bus. Contrairement à la gare de Carama, des bus de 35 places arrivent de temps en temps pour prendre les passagers. Nous avons attendu environ 30 minutes avant que notre tour n’arrive. Nous sommes partis à 8 h 10 et sommes arrivés au centre-ville de Bujumbura à 9 h. Ces tracasseries nous ont fait perdre deux heures et 40 minutes. Ce qui est synonyme de retard pour toute personne devant arriver au travail avant 8 h du matin.
La pénurie de carburant, source de tous les maux
La pénurie de carburant paralyse les transports en commun. Elle touche un grand nombre de personnes. Les taxis-voitures sont devenus très coûteux. Pour se déplacer de Kamenge vers le centre-ville, le coût de transport varie entre 30 000 et 40 000 FBu. La raison principale de cette hausse est la pénurie de carburant dans les stations-service. Les automobilistes s’approvisionnent au marché noir. La lutte musclée contre le commerce du carburant en contrebande a provoqué une hausse vertigineuse des prix. Un bidon de 20 litres d’essence frôle les 500 000 FBu. Pourtant le tarif d’un litre d’essence est fixé à 4000 FBu au niveau des stations-service qui restent à sec pour la plupart du temps.
Pour pas mal de citadins, se rendre au travail relève d’un parcours de combattant. Les courses en ville coûtent les yeux de la tête. Par exemple, une femme vivant à Nyabugete, au Sud de la ville de Bujumbura afffirme qu’elle dépense entre 5000 et 10 000 FBu chaque jour pour ses déplacements. Elle rejoint le centre ville en taxis collectifs (connus sous le nom de Canga Canga) avant de monter à bord d’un bus vers Kajaga ou se trouve son poste d’attache. Pour de nombreuses personnes, à Bujumbura, se déplacer à pied reste le seul moyen par rapport aux engins motorisés. Cependant, cela n’est pratiqué que pour ceux qui vivent dans les quartiers proches de la ville. Sinon, se déplacer à pied tous les jours sur des dizaines de km s’avère épuisant.
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