Onatel fait toujours face à des difficultés financières. Les solutions efficaces tardent à venir. Les autorités nationales dénoncent la mauvaise gestion de cette société dont la santé financière s’est dégradée depuis des années. Mécontents, les employés brisent le silence et réclament à haute voix leurs droits. Entre inquiétudes et promesses, le suspens perdure
Le matin du mercredi 21 juillet 2021, les employés de la société de télécommunication Onatel ont manifesté leur mécontentement. Avant qu’ils ne se mettent au travail, ces employés ont observé une demi-heure de grève. Selon ces grévistes qui ont décidé de briser le silence et de faire entendre leur voix tout en restant au travail, quatre mois viennent de se passer sans qu’ils ne perçoivent leurs salaires. « Nous sommes ici parce qu’il vient de se passer quatre mois sans que nous ne percevions nos salaires », a réagi un des employés en grève. A cause du retard des salaires, les économies des ménages concernés seraient déjà très touchées. Ceux qui doivent payer le loyer sont dans l’impasse. En plus de ce retard des salaires, ces employés affirment ne plus bénéficier des avantages sociaux garantis par la loi, dont les cotisations à l’INSS et à la MFP.
Privat Kabeba, Directeur Général de l’Onatel ne dément pas les propos de ses employés. En effet, cette autorité affirme que la société dont il tient les rênes a des difficultés financières. Selon lui, les gains réalisés par cette société sont insuffisants et il rappelle que l’Onatel est une société disposant d’une autonomie de gestion. « Ce qu’ils doivent comprendre est que les employés sont payés sur les revenus propres de la société », a-t-il rappelé.

L’Onatel fait toujours face à des difficultés financières et les solutions efficaces tardent à venir.
Une situation qui est allée de mal en pis
Depuis de nombreuses années, cette société pionnière dans le secteur des télécoms au Burundi poursuit sa descente aux enfers. Lancée en 1979, l’Office National des Télécommunications (ONATEL) se retrouvera dans une situation de concurrence lors de l’introduction de la téléphonie mobile au Burundi. Depuis l’introduction du téléphone mobile au Burundi, les ventes de la téléphonie fixe ont drastiquement chuté. « Le chiffre d’affaires de l’Onatel est passé de 10 milliards de FBu en 2015 à 5 milliards de FBu en 2019, soit une baisse de 50% », déclarait Mme Marie Chantal Nijimbere, ministre de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias lors de la réunion tenue avec les hauts cadres de cette entreprise publique de téléphonie, le 19 novembre 2020. Selon Mme Nijimbere, l’Onatel n’a pas su s’adapter à l’évolution du secteur.
L’augmentation de la masse salariale sans prendre en compte l’adéquation entre masse salariale et production est également pointée du doigt. En 2010, la masse salariale de l’Onatel culminait à 27% du chiffre d’affaires alors qu’elle ne devrait pas dépasser 10% chez un opérateur de télécommunication efficace. En 2015, alors qu’elle était déjà dans des situations de « sauve qui peut », la société Onatel redoublera de vitesse dans sa descente aux enfers. La crise financière de cette société atteindra son point culminant en 2015. En effet, elle verra son chiffre d’affaires dégringoler de 10 milliards de FBu à 5 milliards de FBu, subissant ainsi des pertes équivalant à 50%. Désormais, les difficultés financières de cette société se transformaient en un véritable cauchemar !
Plus d’une fois, les hautes autorités du pays ont pointé du doigt la mauvaise gestion de cette société. «La mauvaise gouvernance à la tête de l’Onatel est à l’origine de cette crise financière», s’est indigné Alain Guillaume Bunyoni, premier ministre Burundais comparant cette entreprise à une maison dépourvue de portes et de fenêtres.
Les autorités à la quête des solutions
Alors que cette société de télécommunication connait de sérieuses difficultés financières depuis plusieurs années, les autorités assurent être à la recherche des solutions durables à ses problèmes. Réagissant à propos des réclamations des employés, Kabeba indique que les responsables ont déjà entamé divers travaux destinés à redynamiser cette société. Dans les premières démarches, un audite sur la façon dont les fonds de cette société ont été gérés depuis sa création a été commandité dans le but de mettre en lumière la situation réelle de la santé financière de cette entreprise.
Mardi le 20 juillet 2021, dans sa présentation des réalisations du deuxième semestre de l’année budgétaire qui vient de s’écouler, la ministre en charge de la communication est revenue sur le cas de l’Onatel. Selon Mme Nijimbere, les premières études sur l’état des lieux de cette société sont déjà terminées. Elle rassure que d’autres travaux sont en cours pour trouver des solutions efficaces permettant à cette société de remonter la pente.
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