Gouvernance

Décentralisation : Les communes urbaines apparemment non concernées

Les communes urbaines ont été oubliées dans la décentralisation. Ce qui cause des problèmes dans le fonctionnement de ces dernières. Le gouvernement est au courant de cette situation et affirme qu’il est à l’œuvre pour inverser la tendance

Le gouvernement du Burundi a mis en place la loi nº 1/33 du 28 novembre 2014 portant révision de la loi nº 1/02 du 25 janvier 2010 portant organisation de l’administration communale. Cette loi accorde à toutes les communes l’autonomie de gestion.  Dans les autres provinces du pays, 60% des impôts sur les revenus locatifs et fonciers sont gérés par les communes elles-mêmes. Par contre, dans les communes Muha, Mukaza et Ntahangwa, la situation est tout autre. Ils sont gérés par la Mairie de Bujumbura.  Beaucoup de gens se questionnent sur cette situation qui prévaut seulement dans la municipalité de Bujumbura, car l’art 135 de ladite loi lève toutes les équivoques. Il stipule que les recettes fiscales et non fiscales, les recettes rémunératoires et les droits d’occupation son recouvrés par les communes urbaines et gérés de façon autonome à l’instar des autres communes du pays quitte à verser chacune 10% du produit total des recettes réservé au fonctionnement de la Mairie de Bujumbura.  

Les communes urbaines n’ont pas l’autonomie de gestion

Cette situation se présente de cette manière au moment où la loi communale accorde aux communes un agenda chargé de beaucoup de dépenses. A titre d’exemple, l’article 89 de ladite loi stipule que toute commune doit rémunérer son personnel régulièrement engagé et paie toutes les charges légales ou contractuelles qui s’y rattachent ainsi que les indemnités des chefs de collines ou de quartiers.  La commune doit aussi payer les indemnités de l’administrateur communal et le coût des autres avantages lui consentis par le conseil communal. De plus, c’est la commune qui paie les jetons de présence des membres du conseil communal, du conseil de colline ou de quartier et les frais de fonctionnement des services communaux, y compris le coût des fournitures et d’entretien du matériel ainsi que les frais de communication. Les frais d’entretien des infrastructures socio-économiques appartenant ou à charge de la commune et les intérêts et l’amortissement des emprunts communaux, les frais d’entretien des bâtiments et les autres biens de la commune et ceux mis à sa disposition sont aussi à la charge des communes. De surcroît, les dépenses relatives à l’hygiène et à la salubrité publique, y compris l’enlèvement et le traitement des immondices, l’évacuation et le traitement des eaux usées et les frais d’entretien de la voirie communale appartiennent à la commune.

Les communes urbaines ont des difficultés financières pour fonctionner 

Au regard de cet agenda, ceux qui se sont entretenus avec Burundi Eco font savoir que les communes urbaines ont des difficultés financières pour répondre à cet agenda, car les impôts sont collectés et gérés par la Mairie de Bujumbura. Selon eux, la Mairie devrait montrer à la population comment elle utilise le budget qu’elle tire de ces impôts.  Ils s’inquiètent que malgré le budget non négligeable qu’elle collecte chaque année, les quartiers de la municipalité de Bujumbura sont émaillés de pas mal d’embûches. 

Qu’en est-il des conséquences de cette situation ?

Les égouts à ciel ouvert se multiplient de plus en plus. Des bouches d’égout sont sans couvercles.  Au Boulevard dénommé Buconyori devant l’Université Espoir d’Afrique et l’hôpital Hope, Burundi Eco a dénombré 5 égouts à ciel ouvert.  Malgré les dégâts causés dont des accidents impliquant les piétons, les motos, les vélos et les voitures circulant sur les avenues sur lesquelles se trouvent ces égouts à ciel ouvert, les autorités ne font rien pour résoudre ce problème qui constitue un danger social.  A cet endroit, les déchets des toilettes provenant de ces égouts s’écoulent à l’air libre et dégagent une odeur nauséabonde. C’est «invivable!», se lamentent les habitants de cet endroit. Ils se demandent ce qu’attend la Mairie pour réparer ces égouts.  Cette situation se présente ainsi même dans les autres quartiers de la municipalité de Bujumbura. 

La liste des griefs est longue  

Au niveau de l’hygiène, la situation est aussi inquiétante. Le marché de COTEBU est un des éléments illustratifs.  L’endroit où sont commercialisés les fruits est plein de déchets solides. Les caniveaux de différents quartiers de la municipalité de Bujumbura sont bouchés à cause des déchets solides et liquides qui y sont déversés.  On ne passe pas sous silence la gestion des déchets ménagers qui est devenue problématique. Les associations qui se sont données la peine de collecter ces déchets disaient que cette problématique est liée au fait que le dépotoir de Mubone est impraticable. La Mairie a décidé de fermer le dépotoir de Mubone pour créer un autre à Bubanza. Néanmoins, celui de Mubone reste encore opérationnel malgré cette mesure en attendant que cet endroit soit aménagé.

 De plus, une grande partie de la Mairie de Bujumbura est dans le noir la nuit tombée malgré les initiatives des bienfaiteurs qui ont installé des plaques photovoltaïques. Les batteries de ces dernières ont été volées. Pour cette raison, ces plaques sont des statues. Plus de 80% de ces dernières ne sont pas opérationnelles. Et d’ajouter la voirie urbaine qui nécessite la réhabilitation pour avoir une belle capitale économique capable d’attirer les touristes et les investisseurs.

Selon notre source au groupe de presse Iwacu, le gouvernement est au courant de cette situation. Pontien Hatungimana, secrétaire permanent au ministère de la Décentralisation et de la Reforme Institutionnelle affirme qu’il s’observe des dysfonctionnements entre la Mairie de Bujumbura et les communes urbaines.  Et de préciser que le gouvernement est à l’œuvre pour trouver une issue à cette situation dans les plus brefs délais.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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