La divagation des animaux et la commercialisation de la viande de bœuf restent interdites dans la province de Cibitoke jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure fait suite à une récente épizootie de « fièvre aphteuse » signalée dans cette localité. La bonne nouvelle est que cette fièvre n’est pas transmissible à l’homme. Dans un contexte de rareté de la viande dans différents marchés du pays, la maladie risque de nouveau d’exploser les prix du steak
C’est par un communiqué du 18 janvier 2025 que le gouverneur de la province de Cibitoke a informé les éleveurs et les commerçants de viande que le mouvement du bétail est désormais suspendu. «…il est formellement interdit de déplacer les vaches d’une commune à une autre. Par conséquent, la commercialisation de la viande est également proscrite ». Cette mesure vise à limiter la propagation de la maladie, qui touche déjà certaines communes de la province. Les communes de Bukinanyana, Mabayi et Rugombo sont actuellement les plus touchées. La commune Bukinanyana cumule le plus grand nombre de cas. Il est vivement recommandé aux éleveurs de signaler immédiatement tout signe suspect de la maladie, conclut le communiqué.
Que sait-on de cette maladie virale ?
La fièvre aphteuse est une maladie virale grave, hautement contagieuse qui a des répercussions économiques. Elle affecte principalement les bovins, les porcs, les ovins, les caprins et d’autres artiodactyles (animaux à sabots fendus). Certaines espèces de cervidés, d’antilopes, ainsi que les éléphants et les girafes sont également sensibles à cette maladie. Le micro-organisme responsable de la fièvre aphteuse est un aphtovirus de la famille des Picornaviridés. Il existe sept souches distinctes (A, O, C, SAT1, SAT2, SAT3, Asia1), chacune nécessite une souche vaccinale spécifique pour garantir complètement l’immunité de l’animal vacciné.
Bien que la fièvre aphteuse soit rarement fatale chez les animaux adultes, la mortalité est souvent élevée chez les jeunes animaux en raison de complications telles que la myocardite ou le défaut d’allaitement si la mère est elle-même infectée. Cependant, la maladie se caractérise par une hyperthermie et engendre des lésions nasales, buccales, podales et mammaires qui débutent par des vésicules. Elle provoque de graves pertes de production et bien que la majorité des animaux survivent, ils en ressortent souvent affaiblis et débilités.
Des voies de transmission de la maladie
Le virus de la fièvre aphteuse est présent surtout dans les excréments et les sécrétions des animaux contaminés. Il peut être détecté dans le lait et les semences-éjaculat jusqu’à quatre jours avant l’apparition des signes cliniques. Les animaux infectés expirent de grandes quantités de virus sous forme d’aérosols qui peuvent infecter d’autres animaux par voie respiratoire ou par voie orale. Ainsi, les animaux guéris de l’infection peuvent rester porteurs du virus.
La gravité de la fièvre aphteuse réside dans la facilité avec laquelle le virus se propage, notamment par les modes suivants : l’introduction de la maladie dans un troupeau par de nouveaux animaux porteurs du virus (dans la salive, le lait, la semence, etc.) ; l’utilisation d’enclos, de bâtiments ou de véhicules contaminés pour héberger ou transporter des animaux sensibles ; la présence de matériel contaminé, tel que foin, aliments, eau, lait ou produits biologiques; le port de vêtements ou de chaussures contaminés ou l’utilisation d’équipements contaminés; la distribution à des animaux sensibles de viande, de produits d’origine animale, ou d’aliments crus ou mal cuits, contaminés par le virus et la dissémination virale par des aérosols transportés par l’air à partir d’une exploitation contaminée.
Quid des manifestations cliniques ?
La gravité des signes cliniques dépend de la souche virale, de l’âge des animaux et de l’espèce touchée. Les symptômes sont généralement plus graves chez les bovins et les porcs des élevages intensifs que chez les ovins et les caprins. Les signes cliniques se manifestent typiquement par des lésions (vésicules) au niveau du nez, de la langue, des lèvres, de la cavité orale, des espaces interdigités, au-dessus des onglons, sur les trayons, ainsi qu’aux points de compression de la peau. D’autres symptômes fréquents incluent la fièvre, la dépression, l’hypersalivation, la perte d’appétit et de poids, ainsi qu’une chute de la production de lait.
Cependant, la santé des jeunes veaux, agneaux, chevreaux et porcelets peut être compromise en raison du manque de lait provenant de mères infectées. En cas de contamination par le virus aphteux, la mort peut survenir chez les jeunes animaux avant même l’apparition des vésicules, si le virus endommage le muscle cardiaque.
Les vésicules guérissent généralement en une semaine, mais les répercussions de la maladie sur la croissance ou la production de lait peuvent persister au-delà de la guérison. Par ailleurs, les animaux guéris peuvent parfois rester porteurs du virus et être à l’origine de nouveaux foyers de la maladie.
Des mesures pour endiguer la propagation
Les plans d’urgence sanitaire mis en place en cas de foyers identifiés déterminent les actions à entreprendre pour éradiquer la maladie, à savoir : l’abattage planifié de tous les animaux contacts, qu’ils soient infectés, guéris ou sensibles à la fièvre aphteuse ; l’élimination correcte des animaux morts et de tous les produits d’origine animale ; la surveillance et la traçabilité des animaux d’élevage potentiellement infectés ou exposés ; l’imposition de mesures strictes de quarantaine et de contrôle des déplacements des animaux, des équipements et des véhicules ainsi que la désinfection rigoureuse des bâtiments et de tout le matériel contaminé (instruments, véhicules, vêtements, etc.).
La vaccination reste un élément clé d’une stratégie de lutte efficace contre la fièvre aphteuse. La décision de recourir à la vaccination relève de la responsabilité de chaque Etat. En fonction de la situation épidémiologique et afin de limiter l’impact de la maladie, la couverture vaccinale massive ou ciblée des sous-populations animales ou des zones spécifiques reste indispensable. Il est fortement recommandé d’utiliser des vaccins à virus inactivés contrairement aux vaccins à virus vivants, dont l’utilisation est déconseillée en raison du risque de réversion vers la virulence.
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